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Affaire Habré : "L’arrestation de Sidiki Fadoul est l’élément déclencheur de la rébellion tombeur de Habré", selon Zakaria Fadoul Kitir

Le témoin Zakaria Fadoul Kitir a révélé, ce jeudi, aux Chambres africaines extraordinaires, l’élément déclencheur de la rébellion qui a poussé Hissein à s’exiler. Pour lui, l’arrestation de son frère Sidiki Fadoul est à l’origine de ce mouvement déclenché par Idriss Déby Itno et Hassane Djamous. Il a aussi informé que les comptes bancaires de ses frères étaient vides après la chute du régime de l’ancien homme fort de N’djamena.


Rédigé par leral.net le Vendredi 2 Octobre 2015 à 09:15 | | 0 commentaire(s)|

« Mon frère Sidiki a eu son retour d’exil grâce à l’intervention de Hassane Djamous au Tchad auprès du Président Hissein Habré. C’est, sur le financement de Hissein Habré qu’on lui a construit une maison qu’il n’a jamais occupé. Mais, malheureusement pour lui, ce 29 janvier, Guihini Koreï est venu le chercher pour qu'il réponde au Président Hissein Habré. Le comchef, Hassane Djamous a demandé à Guihini pourquoi ils sont venus le chercher. M. Guihini Koreï, directeur de la Dds d’alors, lui a répondu que c’est le Président qui l'a envoyé le chercher », a dit Zakaria Fadoul Kitir qui a ajouté que cette arrestation n’a pas plu à Hassane Djamous et Idriss Déby Itno. Ainsi, dit-il, « les agents de la Dds ont commencé par arrêter les officiers Zaghawas. Sidiki Fadoul a été retrouvé mort après son incarcération. Quant à Hassane Djamous, il a été assassiné lorsqu’il a essayé de s’échapper avec Idriss Déby Itno. Ce dernier est parvenu à s’échapper pour se rendre au Soudan ».

En effet, après la mort de ses frères, la famille Fadoul, se retrouvant devant 12 veuves, s’est rendue au niveau des banques des défunts pour consulter le solde de leurs comptes, mais grande a été sa surprise en découvrant que les comptes étaient vides. « Lorsque nous nous sommes rendus dans des banques pour vérifier s’il y avait d’argent dans ces comptes, après vérification, les banques nous ont dit qu’il n’y avait rien dans ces comptes et qu’il n’y avait pas de mouvement ni de papier pouvant montrer les mouvements de ces comptes. Le seul compte où on avait trouvé de l’argent était domicilié en Belgique », narre-t-il.

Mais, malgré toute cette horreur, l’auteur du livre « Les moments difficiles », prône une réconciliation du peuple tchadien pour éviter d’éventuels massacres. « Il a dit dans sa déposition qu’il y a eu des massacres au Tchad et qu'il y en aura encore », a rappelé Me Mbaye Sène dont le client réclame justice. « Je suis musulman et, dans notre culture, le pardon vient avant la vengeance. Il a pratiquement décimé ma famille. Je demande d’abord la justice. Les hommes se comprennent par la parole mais, avec cette situation, je ne sais pas comment cela serait possible, puisque le Président Habré ne souhaite pas parler », rétorque-t-il à Me Sène. Aussi, M. Fadoul ajoute-t-il : « Je conseille au peuple tchadien de prôner une réconciliation. Notre association propose de trouver une solution comme en Afrique du Sud afin de mener une réconciliation. Quand vous tuez une personne au Tchad, vous avez affaire à toute une ethnie ». « Nous avons rencontré le Président Idriss Déby avant notre départ pour discuter de l’après-jugement afin de mener des réconciliations nationales », souligne-t-il. Une proposition qui n’agrée pas la défense. Me Mbaye Sène ne croit pas à cette réconciliation. « Je crois que les Chambres africaines extraordinaires avaient demandé l’extradition des anciens responsables de la Dds qui sont au Tchad. Le Président avait refusé de mettre ces personnes à la disposition de la Chambre », lui rappelle Me Sène.

Fara Mendy