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Affaire Karim Wade : Un procès, mille péripéties

Démarré le 31 juillet dernier, le procès sur l’enrichissement illicite opposant l’ancien ministre d’Etat, Karim Wade, et ses co-prévenus à la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) est parti pour rester dans les annales judiciaires au Sénégal. En effet, près de sept mois après son lancement par le régime de Macky Sall, dans le cadre de la traque des biens supposés mal acquis, ce feuilleton judiciaire qui est loin de connaitre son épilogue a été marqué par des rebondissements de divers ordres.


Rédigé par leral.net le Mercredi 11 Février 2015 à 11:36 | | 0 commentaire(s)|

Affaire Karim Wade : Un procès, mille péripéties
L’une des péripéties les plus marquantes de ce procès où ont été annoncés près de 90 témoins à la barre, reste sans nul doute le débat sur la forme. Soulevée dès le début de la procédure, la bataille de procédure, ouverte par les conseillers de la défense a marqué fortement le déroulement du procès. Il faut souligner que cette bataille de procédure a occasionné, à plusieurs reprises, l’interruption du procès.

La contestation du substitut du procureur spécial prés la Crei, Antoine Félix Diome, par les avocats de la défense a été, dans ce lot, l’une des premières actions enclenchées par ces derniers pour faire arrêter les poursuites contre leur client. En dehors de cette tentative qui s’est conclue par un échec, les conseils de Karim Wade ont également attaqué auprès de la Chambre d’accusationde la Crei et à la Cour suprême, la compétence de la Crei à juger l’ancien ministre d’Etat. De la Cour suprême au Conseil constitutionnel, la requête de la défense fera long feu et le procès de Karim Wade mis sur orbite, au grand dam des conseils du prévenu qui s’investirent à ouvrir un autre front ; celui de faire annuler l’enquête préliminaire. Là, également, la suite ne fut pas en leur faveur.

En contre-attaque, les avocats de la partie civile avaient même réagi en déposant une demande de retrait du procès des anciens ministres. Cette requête visait notamment Mes Amadou Sall, Madické Niang, Souleymane Ndéné Ndiaye et Alioune Badara Cissé. Cependant, la Cour n’a pas agréé à cette demande.

LE CAS BIBO BOURGI

Considéré comme le principal complice de Karim Wade dans le cadre de la traque des biens supposés mal acquis, Ibrahim Aboukhalil dit Bibo Bourgi a fait, devant la barre de la Crei, une comparution qui a également marqué ce procès. Souffrant d’une pathologie cardiaque, aggravée par des complications rénales et par une infection nosocomiale contractée fin juin dans un hôpital dakarois et nécessitant une évacuation sanitaire urgente vers la France, selon ses médecins, Bibo Bourgi se présentait à la Cour en chaise roulante avec ses perfusions. Après une assez longue bataille de procédure, la Crei autorisait finalement son évacuation médicale en France. Bibo Bourgi revenait à la barre, près de deux mois plus tard, requinqué et apte à se défendre contre les accusations qui en faisaient le principal prête-nom et complice de Karim Wade, dans cette affaire d’enrichissement illicite désormais créditée à…117 milliards de F cfa.

LIMOGEAGE DU PROCUREUR ALIOUNE NDAO, EN PLEINE AUDIENCE

Le limogeage de l’emblématique procureur près la Cour de répression de l’enrichissement illicite en pleine audience, le mardi 11 novembre dernier, a aussi profondément marqué le déroulement de ce procès. Alioune Ndao, principal initiateur de cette traque, est en effet remplacé par le magistrat sénégalais Cheikh Tidiane Mara alors qu’il officiait en pleine audience. Réagissant dans le cadre de ce remplacement inattendu à la tête du parquet spécial, les avocats de la défense ont indiqué que cela montrait que le procès est orchestré par le pouvoir politique.

Le limogeage du maître des poursuites à la Crei, principal bête à abattre pour l’opposition qui en avait fait l’ennemi public n°1, intervenait également en pleine séance de déclaration de politique générale du Pm M. Dionne. Sa corporation y vit un « coup fourré » mais par devoir de réserve où d’inféodation du parquet à la chancellerie, eut raison garder face à la décision du ministre de la Justice, Garde des Sceaux, qui se débarrassait sans ménagement d’un «Procureur hors contrôle», selon les termes mêmes de Me Sidiki Kaba.

EXPULSION DE ME AMADOU SALL : BOYCOTT DE KARIM

Outre ces évènements, il faut également rappeler que ce procès a été marqué par divers autres incidents, depuis son démarrage le 31 juillet dernier. L’un des plus notables reste sans nul doute celui ayant opposé le président de la Crei, Henry Grégoire Diop, à un des avocats de la défense, en l’occurrence Me Amadou Sall, ancien ministre de la Justice sous Wade. Par suite d’un échange houleux sur le droit de parole, le président de la Cour a expulsé d’autorité l’avocat du procès. La mesure fortement contestée par la défense a abouti des audiences sans…défense.

Pour cause, Me Amadou Sall a été suivi par les autres membres de la défense qui ont boudé le procès par solidarité à leur confrère. Suite à cette incident, Karim Wade lui-même a fini par boudé, lui aussi, la salle d’audience. Mais, en refusant à la convocation de la Crei pour se présenter à la barre, il s’attirait les foudres des gardes pénitentiaires (ou selon des Epis) qui le conduisirent de force à la barre. Karim Wade s’en tira avec quelques… hématomes. Suffisant pour son pater familias accourut d’urgence pour accélérer la cadence dans sa croisade contre la détention de son fils.

DEMISSION DE L’ACCESSEUR YAYA DIA, ENIEME FAIT AUDIENCE

La démission d’un des assesseurs de la Cour de répression de l’enrichissement illicite est aussi un évènement qui a marqué le déroulement du procès de l’ancien ministre d’Etat et de ses co-prévenus. Yaya Abou Dia a démissionné en effet, en pleine audience, suite à une altercation avec le président de la Cour, Henry Grégoire Diop. Des informations distillées par la presse relatent même que les deux hommes qui traîneraient un différend dont l’origine est à situer à la Cour d’appel de Kaolack, ont fini en venir aux mains, hors audience.

Pour rappel, Karim Wade est poursuivi pour un enrichissement illicite portant sur un patrimoine estimé au départ à 694 milliards de francs CFA avant d’être ramené à 117 milliards. Inculpé et placé sous mandat de dépôt en avril 2013 de même que sept autres personnes, accusées d’être ses prête- noms par la Crei, Wade fils est jugé depuis le 31 juillet 2014.

Sud Quotidien