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Affaire de la caisse d’avance : Le procès du maire de Dakar et Cie renvoyé pour une seconde fois jusqu’au 23 janvier

Comme prévu ce mercredi 3 janvier, le premier magistrat de la ville de Dakar, Khalifa Sall et ses sept proches collaborateurs, poursuivis des faits présumés de détournement de deniers publics, portant sur 1,8 milliards de francs Cfa, ont comparu en audience spéciale, dans la salle 4 du tribunal de Grande Instance de Dakar. Le président de la séance, Malick Lamotte a finalement reporté le procès jusqu’au 23 janvier prochain, sur demande des avocats de la défense.


Rédigé par leral.net le Mercredi 3 Janvier 2018 à 18:04 | | 0 commentaire(s)|

Le débat a été houleux aujourd’hui, entre les avocats du Maire de Dakar et ceux de l’Etat, partie civile à la barre du tribunal correctionnel spécial de Dakar. C’est après une rude bataille judiciaire entre les différentes parties au procès que le président Lamotte a décidé, sur demande des conseils, de renvoyer le jugement du Maire de Dakar Khalifa Sall et ses co-accusés.

« Je peux vous garantir que les conditions d’un bon procès seront garanties. Le tribunal accepte le renvoi formulé par la défense sur le principe. Mais, le délai de deux mois que vous avez demandé, est long », a-t-il relevé, après avoir écouté les plaidoiries des parties. C’est ainsi, qu’il a fixé la date du nouveau renvoi au 23 janvier prochain.

Une décision qui a replongé la salle 4 du tribunal de Dakar, noire de monde, dans l'émoi. Laquelle salle s’est transformée en un laps de temps, en meeting. Il en a été de même au petit matin, avant l'ouverture de l'audience, lorsqu’ils quittaient le box des accusés pour rejoindre le prétoire à 8h 52 minutes, précisément.

«  Khalifa, président », « Vous êtes un digne fils du pays, qui a toujours servi ton pays », « Nous prions sur le bon Dieu pour que vous sortez. Vous allez être vainqueur de cette épreuve »,  scandent les militants et sympathisants de l’édile de Dakar, sous le regard des forces de sécurité qu’on ne pouvait pas compter par le bout des doigts.

Vêtu d’un boubou traditionnel blanc, assorti de bonnet et de babouche de la même couleur, il galvanise ses souteneurs d’un geste des mains. Sourire aux lèvres, le premier magistrat de la ville de Dakar qui ne semble nullement inquiété de son sort, profite de ce petit moment de contact avec ses proches qui ont rejoint, dès les premières heures de la matinée, le temple de Thémis.

Dès l’ouverture de l’audience à 9h 10 mn par le président Lamotte, les conseils du Maire de Dakar et Cie qui ne comptent minimiser aucun détail pour tirer leurs clients des griefs de Dame justice ont demandé le renvoi du procès pour deux mois. 

« Le dossier n’est pas en état d’être jugé aujourd’hui. Tous les avocats constitués n’ont pas reçu un avis d’audience. Nous comptons aussi, faire comparaitre plus de 70 témoins à charge et à décharge pour la manifestation de la vérité. Parce que dans ce dossier, la comparution des témoins est cruciale. Et certains résidents à l’étranger. Donc, pour le respect des droits de la défense, il faut leur accorder un délai de deux mois pour leur citation », se justifie Me François Sarr, un des avocats de la défense.

« Il n’y a plus d’avocats constitués devant le juge d’instruction et qui n’a pas reçu d’avis au moment où, je vous parle », conteste l’agent judiciaire de l’Etat, Me Felix Moussa Sow. « Il y’a cinq de mes confrères qui se sont constitués depuis le début de cette affaire, et qui n’ont pas reçu leurs convocations. Il y’ a lieu de régulariser les avis et d’entendre les témoins, parce que dans cette affaire, il s’agit de fonds politiques », rétorque Me François Sarr.

« Si on suit la défense, ils vont retarder le procès, parce qu’ils seront toujours là, à demander le renvoi du procès pour comparution de nouveaux  témoins. Parce que la liste des témoins, qu’ils ont présenté est loin d’être exhaustive. Et, ils disent qu’ils en restent d’autres. De notre côté, nous sommes prêts à plaider cette affaire. Même, s’il y’a certains confrères qui viennent d’être constitués. Il n’y a pas lieu d’accéder à leur demande. Ils ont peur d’aller au fond du dossier », défend Me Boubacar Cissé, un des conseils de la partie civile.

Prenant la parole, le procureur de la République s’est rangé du côté des avocats de la partie civile. « Il faut arrêter cette cabale judiciaire. Tous les avocats ont reçu leurs convocations. Parce que, j’avais donné mandat au bâtonnier de l’ordre d’informer tout le monde. Et, c’est ce qui a été fait. Même si, certains prétendent ne pas recevoir un avis. Est-ce qu’il y’a aujourd’hui sur les 14 millions de sénégalais quelqu’un qui n’est pas au courant de la tenue de cette audience. Si on suit la défense, on restera là jusqu’à notre retraite à parler de cette affaire », conteste le maître des poursuites pour dénoncer la sollicitation des avocats du Maire de Dakar, consistant à renvoyer le procès.

Pour ce qui est de la demande de comparution des témoins, formulée aussi, par les conseils du Maire et ses co-accusés, le parquet défend devant le tribunal de Grande Instance que le Code de procédure pénal ne permet pas aux conseils de la défense de citer des témoins. Et en vertu de l’article 539 dudit code, souligne-t-il, la défense ne peut produire que des témoins présents à l’audience.

Il sera suivi par le président Lamotte qui a fixé la date du nouveau renvoi au 23 janvier prochain.

Kady FATY Leral