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Affaire des « audiences fictives » à la cour d’Appel de Dakar : Voyage au cœur du scandale

Les témoignages des intermédiaires et des bénéficiaires de l’affaire dite des « audiences fictives » de la cour d’Appel, sont hallucinants. Voyage au cœur d’une mafia arrêtée en plein envoi.


Rédigé par leral.net le Mardi 5 Décembre 2017 à 09:48 | | 0 commentaire(s)|


Libération est en mesure de révéler que l’affaire Amadou Lamine Diagne, en instruction devant le doyen des juges d’instruction qui entendra le principal mis en cause présumé le 7 décembre prochain, est plus qu’un scandale, car des détenus ont été libérés sur la base de faux alors qu’ils purgeaient leurs peines dans différentes prisons du Sénégal.

L’enquête de la Section des Recherches qui a neutralisé la mafia, a permis de découvrir les identités des détenus ayant bénéficié de ce système frauduleux. On peut citer à ce propos : M. B. Koné, M. Fall, M. Barro, C. Mané, D. Sané... Mais aussi le Camerounais M. P. Rolland, les Nigérians P. C. Uzozie, A. J. Kenechukwu, F. K. Enyied, F. M. Mwabunike, C. A. Maguis, L. Ottus, K. Chukwuma...

La liste non exhaustive des enquêteurs cite 49 détenus sénégalais ayant bénéficié des services de Amadou Lamine Diagne mais aussi 12 Nigérians, tous condamnés  pour trafic de drogue.

Face aux enquêteurs, Amadou Lamine Diagne a admis par exemple, avoir reçu 200.000 FCFA de J. Anene pour la libération de A. J. Kenechukwu qui a été rattrapé par les gendarmes.

D’autres informations ont été livrées par Issakha Lakhoune dit Kara, qui officiait comme intermédiaire aux côtés de Moussa Ndiaye. Il a soutenu que depuis 2015, il a réussi à mettre en relation Amadou Lamine Diagne avec des parents de nombreux détenus qui voulaient négocier des faveurs. C’est ainsi qu’il a diligenté, ces derniers mois, les dossiers de A. K. Sarr, I. Mbaye, S. Cissé, P. C. Mané...

Ses aveux faits à l’enquête préliminaire sont sans équivoque comme les rapportent des sources autorisées : « Ma femme tient un restaurant à côté de la MAC de Mbour et les prisonniers se sont abonnés auprès d’elle pour le déjeuner. En 2015, j’ai rencontré une femme dénommée N., sans autre précision à la place de ma femme.

Lors de nos échanges, elle m’a fait part que son mari sera libéré par la cour d’Appel suite à l’intervention de Amadou Lamine Diagne. De retour à Dakar, je suis parti au bureau de Amadou Lamine Diagne pour lui expliquer que plein de gens me sollicitent parce qu’ils veulent aller en appel. Il m’a dit qu’il était d’accord et qu’il va le faire pour les affaires dans lesquelles il n’y a pas de partie civile (chanvre indien).

Mais à condition que les parents des détenus disposent de l’argent. Le premier cas que je lui soumets concerne S. Diallo, condamné à deux ans de prison ferme par le tribunal de Dakar pour détention de chanvre indien et transféré par la suite à la prison de Mbour. Les parents de ce détenu ont donné à Lamine Diagne le numéro d’appel et 200.000 FCFA...
».

A la question des pandores, à savoir comment la bande faisait pour faire libérer des détenus à Mbour, Tivaouane, Foudiougne, Diourbel et Dakar, Lakhoune confesse : « Je n’interviens que dans les prisons de Mbour et de Gossas. Dakar, c’est seulement pour le cas de C. Manneh. Je ne suis jamais intervenu à Tivaouane, Foudiougne et Diourbel. »

Les gendarmes enquêteurs ont d’ailleurs pu mettre la main sur plusieurs parents de détenus ayant requis les services d’Amadou Lamine Diagne. Quelques exemples : S. Samba a remis 250.000 FCFA à Issakha Lakhoune pour la libération de son frère. Il a été libéré au 18e mois de sa détention alors que son complice continue à purger sa peine. L. B. Ndiaye était en contact avec Issakha Lakhoune et Amadou Lamine Diagne pour faire libérer son mari, Cherif Mané. Il était convenu qu’elle devait verser 550.000FCfa. S. Sowa remis 375.000 francs à Issakha pour la libération de son protégé M. T. Sène. Il a été libéré en temps que son complice I. Thioub dont le père a également versé 550.000 FCFA.

D. Sène était constamment en contact avec le sieur Diagne pour la libération de son fils, B. Camara. Elle nie avoir versé de l’argent, que sa démarche était fondée par le souci de faire élargir de prison son fils qui serait malade. J. Anene a remis 200.000 FCFA à Amadou Lamine Diagne pour la libération de son mari C. C. Anene. Il a été libéré six mois après le début de sa détention pour trafic de cocaïne. A. Kanté a décaissé 100.000 FCFA pour faire libérer A. Thiam toujours emprisonné à Dakar.




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