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Allah veille sur le Sénégal - Par Madiambal Diagne

Au Sénégal, nous grandissons avec l’idée que nous sommes un Peuple élu des dieux. Dans les entrailles de notre sol reposent les plus grands saints qui nous protégeraient de tous les sinistres. Même le triste record mondial, d’avoir enregistré avec le naufrage du bateau «Le Joola», la plus grande catastrophe de toute l’histoire de la navigation maritime avec plus de 2 200 morts, n’a point ébranlé nos certitudes.


Rédigé par leral.net le Lundi 14 Septembre 2015 à 21:53 | | 0 commentaire(s)|

Grâce aux prières de nos aïeuls, il ne nous arrive rien de malheureux, alors que ces mêmes prières ne nous ont donné aucun avantage particulier sur les autres peuples, du point de vue des conditions de vie. Après le drame du «Joola», l’émotion avait été telle que d’aucuns avaient espéré que l’homo senegalensis allait changer de comportement. Les bus demeurent surchargés jusqu’à ce que l’essieu touche l’asphalte. Les cars «Ndiaga Ndiaye» qui, à l’origine, étaient destinés au transport de marchandises légères et donc conçus pour un tel usage, sont réadaptés dans une seconde vie au Sénégal pour y aménager des sièges pour voyageurs. Leur habitacle n’est donc pas conçu pour amortir d’éventuels chocs traumatisants sur les personnes. L’âge de ces véhicules, leurs défauts mécaniques inhérents, ajoutés à l’indiscipline et à l’irresponsabilité des conducteurs, font qu’à chaque accident, des dizaines de morts sont sortis des amas de tôles.

Chaque jour, les routes tuent plus de dix personnes, des morts qui auraient pu être évitées. C’est dire que ce ne devait pas être une surprise, la disparition la semaine dernière d’un avion de la compagnie Sénégal air, avec à son bord quelque sept personnes. Les recherches de l’épave se poursuivent et il est à parier que si ce ne sont que les Sénégalais qui s’occupent de cette mission, l’épave de l’aéronef ne sera jamais découverte. En effet, nous n’y mettrons pas le sérieux et la rigueur nécessaires et après quelques jours d’inlassables recherches, nous finirons par jeter l’éponge et mettre tout ce drame sur le compte de la volonté divine. On retournera naturellement à nos vieilles habitudes. Cet accident de l’avion de Sénégal air, qui a été heurté en plein vol par un autre avion commercial d’une compagnie de Guinée Equatoriale, renseigne sur notre laxisme. Les autorités de l’aviation civile ne voudraient pas encore admettre l’évidence d’une faute humaine indéniable. Les deux avions ont été mis sur une même ligne aérienne, en sens opposé, par des aiguilleurs du ciel désinvoltes ou que l’un des pilotes était sorti de son couloir aérien. Il n’est pas besoin d’être diplômé d’une grande école pour savoir que si deux avions arrivent à se heurter en plein vol, c’est parce qu’ils se sont rencontrés. Une lapalissade.

Nous pouvons nous estimer heureux que cet accident n’ait fait que sept morts, car si le vol commercial de la compagnie Ceiba avait crashé du fait de cette collision aérienne, ce serait des centaines de morts qui seraient déplorés. Et Dieu sait que tous les jours, nous frôlons la catastrophe aérienne au Sénégal. Déjà en 1992, un avion du Club Med avait crashé à Tambacounda, faisant 30 morts et 26 blessés. Un rapide travail de recherche nous a permis de pointer plus de vingt cinq incidents, plus graves les uns les autres, dans le domaine de l’aviation civile ces dernières années au Sénégal. Les cas les plus illustratifs ont été observés sur les aéroports du Sénégal. Un avion militaire américain a dérapé à l’aéroport de Dakar en septembre 2013. Un avion Cessna a raté son atterrissage à Dakar en janvier 2009.

En décembre 2013, un vol Corsair de Dakar-Paris a rebroussé chemin après deux heures de vol. En novembre 2014, un incident a concerné un avion transportant la délégation de la République Démocratique du Congo venue prendre part au sommet de la Francophonie à Dakar. Cet avion a évité de justesse le crash pour revenir sur la piste de Léopold Sédar Senghor après dix minutes de vol. Un avion d’Air Méditerranée transportant des touristes a heurté un veau à l’aéroport du Cap Skiring le 11 mars 2014. Un avion sénégalais a fait une sortie de piste à Bamako le 11 juillet 2011 avec 117 passagers à bord et 7 membres d’équipage. Un même incident s’était produit à Conakry quelques mois plus tôt, et à Cotonou en 2013.

Le 4 février 2012, un autre avion de Senegal airlines, en bout de piste, a été obligé de faire demi tour pour embarquer un ministre guinéen arrivé en retard. Le 16 septembre 2013, un avion de Senegal airlines à destination de Ziguinchor a été contraint de se dérouter pour un problème lié au train d’atterrissage. Le 22 septembre 2013, un avion de type CRJ 100 n’a pu atterrir à Ziguinchor pour cause d’ennuis techniques. Le 28 octobre 2013, les passagers du vol DN52 de Senegal airlines, avec un appareil A320, ont eu des frayeurs du fait d’une panne d’un réacteur. Le 28 janvier 2011, un airbus de Senegal airlines a été bloqué à Conakry pour de graves incidents techniques. Le 8 février 2011, un Airbus de Senegal airlines a été obligé de se poser à Dakar vingt minutes après le décollage pour des ennuis techniques.

Combien de collisions impliquant des avions en taxi a-t-on enregistré au niveau du tarmac de Dakar ? Dans l’accident du vol Rio-Paris de la compagnie Air France, la tour de contrôle de Dakar a été, à tort ou à raison, mise en cause. Toutes ces tribulations, qui ne sont pas exhaustives, n’ont pas mérité qu’un Bureau d’enquêtes et d’analyses (Bea) soit mis en place pour éclaircir les circonstances de ces incidents. Ce Bea aurait pu effectuer des enquêtes de sécurité pour faire des recommandations sur les mesures sécuritaires. Le cas échéant, des violations des espaces aéroportuaires auraient pu être anticipées et jugulées.

Le Sénégal ne serait pas le pays où un certain Bouna Wade devait donner au monde la recette pour tenter l’émigration clandestine en voyageant dans des trains d’atterrissage d’avions. De même qu’un Bea responsable aurait alerté sur des opérations de destruction du mur de clôture de l’aéroport de Dakar pour y ériger des maisons. On se demande encore après cette opération immobilière qui se serait passé au nez et à la barde des autorités de l’aéroport de Dakar et des services chargés de la sécurité, quelle confiance les autres pays pourraient-ils garder envers le Sénégal en matière de lutte contre le terrorisme. S‘il est vraiment possible de réussir le coup de construire incognito tout un quartier de centaines de villas sur le territoire d’un aéroport international, c’est qu’il doit être possible à tout le monde d‘y perpétrer un mauvais coup.