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Australie : la disparition d'un bébé résolue 32 ans après

En 1980, Azaria Chamberlain, âgée de neuf semaines, avait disparu de la tente de ses parents, qui avaient accusé un dingo de l'avoir enlevée. Mais la justice les avait condamnés pour infanticide. Elle a reconnu mardi la responsabilité de l'animal.


Rédigé par leral.net le Mardi 12 Juin 2012 à 11:41 | | 0 commentaire(s)|

Australie : la disparition d'un bébé résolue 32 ans après
L'Australie tourne la page de l'affaire Chamberlain, un mystère qui pendant 32 ans a fasciné le pays. La justice a admis mardi que la petite Azaria, âgée de neuf semaines, avait bien été enlevée en août 1980 par un chien sauvage, un dingo. Jugée coupable d'infanticide en 1982, la mère de l'enfant, Lindy Chamberlain, avait été emprisonnée trois ans, avant que son nom ne soit lavé. Elle et son mari ne cessaient depuis de se battre pour faire reconnaître la responsabilité de l'animal. Leur calvaire a eu un retentissement énorme. Une adaptation cinématographique avec Meryl Streep, Un cri dans la nuit, ont vu le jour ainsi qu'un téléfilm et une pièce de théâtre.

En août 1980, la famille et ses trois enfants campaient près d'Uluru, la célèbre formation rocheuse monolithique d'Australie. La nuit du 17, Azaria est couchée. Ses parents ont rejoint les autres campeurs autour d'un barbecue. Lorsque l'un d'entre eux entend un cri de bébé, Lindy Chamberlain s'en va vérifier. À mi-chemin, elle aperçoit un dingo s'extirpant avec difficulté de la tente et secouant sa tête vigoureusement. Paniquée, elle s'écrie «Mon dieu, un dingo a pris mon bébé!» avant de se précipiter à l'intérieur. La fillette a disparu. Du sang et des empreintes de dingo sont relevés aux alentours. Mais les 300 personnes qui participent aux recherches ne retrouvent pas de corps. Une semaine plus tard, la combinaison ensanglantée du bébé est découverte près d'un terrier. L'absence de restes humains intrigue les sceptiques qui se demandent comment un dingo a pu dévorer un bébé en entier.

Des preuves à charge discréditées
Une première enquête menée par le légiste conclut en 1981, lors de la première audience télévisée du pays, à une attaque de dingo. Plusieurs rapports alertaient depuis deux ans sur la multiplication des bêtes devenues de plus en plus téméraires. Un témoin assurera aussi avoir entendu la nuit de la disparition d'Azaria un «un grognement canin». Mais ces conclusions ne convainquent pas la Cour suprême qui demande une deuxième enquête. L'idée qu'un dingo ose s'en prendre à l'homme semble alors improbable.

L'accusation aligne des preuves, discréditées par la suite, contre Lindy. Ce que l'on pense être du sang est retrouvé dans la voiture du couple. Substance que des analyses postérieures décriront en fait comme un résidu d'isolant. L'accusation affirme que Lindy a égorgé sa fille avant de dissimuler le cadavre pour s'en débarrasser plus tard. Lindy, enceinte de son quatrième enfant, est condamnée en 1982 à la perpétuité pour meurtre. Son mari Michael, considéré comme complice, écope d'une peine avec sursis.

Nouvelles données sur les attaques de dingo
La découverte quatre ans plus tard de la veste d'Azaria, à moitié enterrée près d'un terrier de dingo, relance l'enquête. Aucune trace de salive ou de poil n'avait été détectée sur la combinaison. une absence que Lindy Chamberlain expliquait que sa fille portait par-dessus une veste mais la police ne croyait pas jusqu'alors à l'existence de l'habit. Lindy Chamberlain est libérée et elle et son mari finissent par être blanchis. Mais à leur grande frustration, une troisième expertise médico-légale ne débouche en 1995 sur aucun verdict. Ce sont de nouvelles informations sur des agressions de dingos qui ont permis la réouverture de l'affaire. Depuis 2001,ces chiens sauvages ont tué un garçon de neuf ans et deux fillettes de deux ans.


Devant le tribunal, Lindy Chamberlain a exprimé son soulagement.

À l'issue de ce quatrième et dernier rapport, le médecin légiste a déclaré mardi «qu'un dingo a pris Azaria et l'a tirée hors de sa tente». «Acceptez ma très sincère compassion pour la mort de votre petite fille tant aimée», a ajouté l'expert au bord des larmes. «Le temps n'allège pas la peine causée par la mort d'un enfant». Devant le tribunal, Lindy Chamberlain, qui s'est sparé de son mari il y a plusieurs années, a exprimé son soulagement. «Cette saga touche à sa fin. L'Australie ne pourra plus jamais dire que les dingos ne sont pas dangereux. Il faut que tous les habitants de ce pays soient conscients que l'animal peut attaquer même sans provocation. Ils doivent prendre leurs précautions», a-t-elle déclaré. Entre 1990 et 2011, 239 incidents ont été signalés.


Par Constance Jamet