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Bignona: Des palmeraies menacées de disparition

De loin, le peuplement des espèces du palmier délimitant la commune de Bignona du mythique marigot de ce département, offre un paysage sublime. Le palmier fait le charme de la ville. Mais du fait des actions de l’homme et de la montée du sel provoquée par la sécheresse, ces espèces sont menacées de disparition.


Rédigé par leral.net le Lundi 4 Octobre 2021 à 17:10 | | 0 commentaire(s)|

Sur une partie de la bande de forêt clairsemée qui parcourt le long du marigot de Bignona, un troupeau de vaches profite de l’abondance de la prairie. Habituellement, l’endroit est réservé à la riziculture en hivernage, mais à cause du retard accusé par la pluie, aucun épi de riz n’est planté sur ces parcelles. Et les exploitants, des palmiers naturels n’ont pas non plus jugé nécessaire d’extraire le vin de palme, pourtant très prisé dans ce quartier populaire de Manguline, où vit une forte communauté de chrétiens.

« Je ne vois pas l’intérêt de monter sur ces palmiers en cette période d’hivernage, alors que je n’arrive même pas à obtenir 5 litres de vin blanc», affirme Formose Diédhiou, un bout d’homme, célèbre grâce à la récolte de vin. Ses activités: couper les feuilles pour les femmes fabricantes de balai, récolter le vin, vendre les noix de palme, il compte les reprendre à la fin de l’hivernage, au mois de novembre. « Les gens viennent acheter et boire à la ronde chez moi. Je gagne beaucoup d’argent avec. Je collecte par jour, une quarantaine de litres que ma maman détaille à raison de 300 FCfa le litre », explique le cinquantenaire, tout en pinçant un joint de tabac entre les lèvres.

Cependant, les palmiers disparaissent petit à petit sur cette ceinture naturelle, qui assure la limite entre la commune de Bignona et le marigot ayant refait surface juste ple temps de l’hivernage. Cette situation, Racine Mady Sagna, lieutenant des Eaux et Forêts de Bignona, l’attribue à « l’œuvre des hommes». Pourtant, « cette espèce permet de fixer le sol, mais les feux de brousse, la coupe des feuilles, la collecte de la sève dans le but d’en faire de l’alcool, l’ensablement et la montée de la langue salée, sont des phénomènes qui ont fragilisé ces palmiers», raconte l’adjoint du chef de secteur des Eaux et Forêts et Chasse de Bignona.

Un constat réel, d’autant plus qu’à Kadiamor, un autre quartier situé à proximité de cette forêt de palmiers, des clôtures de certaines concessions aussi bien que les plafonds des maisons, sont confectionnés à base de lattes des troncs du palmier, « alors qu’un tel acte est répréhensible», rappelle le lieutenant Sagna.

Une exploitation réglementée

Ailleurs, comme dans le Kalounaye, l’exploitation des palmiers est normée, avec des interdits transmis en génération en génération. La cueillette des fruits est autorisée à un moment précis de l’année. « Des stratégies culturelles qui attestent de l’inquiétude écologique profonde qui tenaillait des populations dont la vie dépendait de la disponibilité et l’accessibilité des ressources naturelles», relève l’universitaire Hélène Artaud dans son article intitulé "De l’efficacité symbolique des interdits à leur fonctionnalité écologique".

Des programmes pour développer des palmeraies sont mis en place. Mais, les groupements de femmes sont les seules cibles potentielles pour la mise en œuvre de ces activités. Toutefois, la disparition des palmiers naturels qui délimitent la commune de Bignona vers le nord, est imminente, d’autant que des vergers pullulent, favorisant parfois l’abattage de ces espèces végétales dont les dérivés sont utilisés dans les cérémonies culturelles, dans l’habitat, entre autres.






Le Soleil

Ndèye Fatou Kébé