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Blocage de tous les comptes de la Senelec par Itoc, suite à une mesure conservatoire: Comment les désideratas d'une personne risquent de plombier tout le pays

L’affaire du fuel frelaté opposant la Senelec et l’International Trading Oil and Commodities (Itoc), société de négoce de pétrole brut de l’homme d’affaires Abdoulaye Diao dit Baba, datant de 2010, est revenue au-devant de la scène au gré d’une mesure conservatoire du juge du tribunal de commerce de Dakar. La décision de justice visant à bloquer 7,5 milliards FCfa environ des comptes de la Senelec, est en train d’occasionner des conséquences extrêmement graves. Senelec ayant les mains liées se trouve dans l’incapacité de payer ses fournisseurs. Si ces producteurs indépendants de l’électricité (les IPP) décidaient de ne plus fournir de l’électricité à la Senelec, ce serait la catastrophe tant sur l’économie nationale que sur la vie sociale des Sénégalais. Mais déjà, la Senelec a fait appel de cette décision de justice et les deux parties retournent au tribunal de commerce de Dakar demain vendredi.


Rédigé par leral.net le Vendredi 7 Janvier 2022 à 11:42 | | 0 commentaire(s)|

On croyait avoir dépassé l’affaire dite du mauvais fuel opposant la Senelec et Itoc. Oh que non. En effet, le contentieux vieux de plus de 11 ans a refait surface. Comme par enchantement. Baba Diao (patron de Itoc) a pu obtenir du tribunal de commerce de Dakar, une mesure conservatoire en autorisant le blocage de 7,5 milliards FCfa de Senelec. Une décision que ne comprennent pas beaucoup de juristes, d’autant que, disent-ils, ce genre de décision n’est pris que quand c’est un particulier insolvable ou quand il y a risque de fuite. Or, la Senelec n’est pas insolvable et ne peut pas disparaître.

N’ayant pas trouvé tout le montant (7,5 milliards FCfa environ) dans un seul compte bancaire (ndlr : il faut rappeler que Senelec dispose de plusieurs comptes bancaires), l’huissier a décidé d’utiliser la décision de justice pour bloquer tous les comptes de la société d’électricité.

Une situation qui risque de créer des conséquences désastreuses aussi bien sur le plan de l’économie que sur la vie sociale des Sénégalais, notamment sur la sécurité. Tout va être bloqué. Aucun secteur ne va fonctionner. Quel investisseur va mettre son argent dans un pays sans électricité ?

Le pays risque d'être plongé dans le noir


D’ailleurs, cette décision de Itoc commence à produire ses conséquences au niveau de Senelec. En effet, depuis que la mesure conservatoire a été prise mi-décembre dernier, la Senelec ne peut faire aucun paiement, ne peut émettre aucun chèque et ne peut faire aucun virement. Cette situation, si elle continue, va tout simplement asphyxier la Senelec. Parce que si la Senelec ne peut pas payer les producteurs indépendants et acheter du carburant pour alimenter les centrales, elle ne va plus produire. «Si la Senelec ne produit pas, c’est des délestages qui vont finir par un arrêt total de la production. Et le pays va entrer dans le noir et c’est ensuite des problèmes de sécurité qui vont se poser dans le pays», avait averti Habib Aïdara, secrétaire général du Syndicat unique des travailleurs de l'électricité (Sutelec), dans un enregistrement audio destiné aux travailleurs.

Les IPP sauvent les meubles pour le moment


Heureusement que les producteurs indépendants d’électricité (Ipp) qui fournissent environ 50% de l’électricité, ont été compréhensifs à l’endroit de la Senelec et continuent d’assurer la fourniture de l’électricité. Mais le jour où ils n’en pourront plus, ils arrêteront de fournir de l’électricité à la Senelec.

7,5 milliards FCfa: de la petite monnaie pour la Senelec


Pourtant, tout cela pouvait être évité. Et pour cause, la Senelec n’a jamais été aussi solvable qu’aujourd’hui. Les pas de géant accomplis par la société font qu’aujourd’hui, les Sénégalais ont définitivement tourné le dos aux délestages intempestifs et même les gros clients comme la Sococim, ont décidé de revenir dans le portefeuille de la Senelec. Mais surtout que Senelec, qui verse chaque mois 20 à 25 milliards FCfa aux 14 producteurs indépendants d’électricité avec qui elle travaille, ne refuse pas de payer si toutefois elle est définitivement condamnée, mais attend que l’affaire soit complètement vidée.

En effet, confie un cadre de la boîte, Senelec peut payer plusieurs fois 7,5 milliards FCfa, sans que cela ne l’ébranle. «7,5 milliards FCfa, ce n’est pas grand chose pour la société. Pour les IPP et les autres fournisseurs, Senelec paie plus de 30 milliards FCfa par mois. Ce ne sont donc pas 7,5 milliards qui nous empêchent de dormir. La seule chose qu’on demande, c’est une décision de justice», informe un haut cadre de la boîte. Qui poursuit : «aujourd’hui Senelec est plus solide que jamais. Nous avons atteint un taux de pénétration de 60% pour le Woyofal. Ce qui constitue de grosses rentrées financières. Senelec est courtisée par toutes les banques. Nous empêcher de continuer sur cette lancée pour cette modique somme par rapport à ce que Senelec fait comme chiffre d’affaires, c’est puéril».

Senelec et Itoc en appel demain


En tout état de cause, Senelec a fait appel de cette décision de justice et les deux parties retournent au tribunal de commerce de Dakar demain vendredi. Et cette fois-ci, il est demandé aux juges de voir les conséquences qu’une plus longue saisie des comptes pourrait avoir comme conséquence.


Sidy Djimby NDAO
jootay

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