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Boubacar Boris Diop, écrivain: "Un criminel comme Compaoré doit répondre de ses actes"

L’écrivain Boubacar Boris Diop a présenté jeudi à Berlin, lors d’une conférence, son ouvrage La gloire des imposteurs, co-écrit avec la Malienne Aminata Dramane Traoré. A cette occasion, il a évoqué la situation au Burkina Faso en plaidant en faveur d’un procès contre Blaise Compaoré.


Rédigé par leral.net le Dimanche 9 Novembre 2014 à 10:26 | | 2 commentaire(s)|

Boubacar Boris Diop, écrivain: "Un criminel comme Compaoré doit répondre de ses actes"
Les évènements au Burkina Faso, l’intervention militaire française au Mali, la guerre en Libye, le Printemps arabe, la Françafrique : Boubacar Boris Diop n’a occulté aucun de ces sujets.

Présentant La gloire des imposteurs (un ouvrage paru en janvier 2013 et co-écrit avec Aminata Dramane Traoré) lors d’une conférence-débat organisée par l’Ong Africavenir à l’Université Humboldt de Berlin, l’écrivain a abordé l’actualité au Burkina Faso avec notamment la crise politique qui secoue ce pays.

Ceci dit, il n’a pas manqué de critiquer le Président français. Il s’insurge surtout contre l’attitude de François Hollande qui «a tout mis en œuvre» pour permettre à l’ex-Président burkinabè, Blaise Compaoré, de se sauver en Côte d’Ivoire. «Je ne suis pas pour la justice de la rue, mais un criminel comme Compaoré qui a tué beaucoup de personnes doit répondre de ses actes.

C’est choquant de voir ce qui s’est passé avec le soutien de la France», lance Boubacar Boris Diop. D’ailleurs, il est persuadé qu’il y a une mentalité coloniale qui est très présente dans l’esprit de Hollande.

Evoquant l’intervention militaire française au Nord-Mali, l’écrivain a tenté, comme dans son ouvrage, de démonter les raisons avancées pour justifier l’opération Serval. Pour lui, cette opération est une imposture.

«Serval, c’est l’imposture dans toute sa splendeur, l’imposture dans toute sa gloire. Cette histoire de Serval n’est pas aussi simple que l’on nous l’a présentée. L’intervention est entièrement négative», dit-il.

Boubacar Boris Diop n’a pas mis de gants pour dénoncer le «comporte- ment» de la France envers ses anciennes colonies africaines. A l’en croire, la question de la souveraineté se pose dans les Etats africains, notamment francophones. Le romancier fustige ce qu’il appelle une reprise en main «néo-impériale» de l’Afrique.

«Dans notre situation, les décisions économiques et parfois politiques sont prises à l’extérieur et mises en œuvre à travers des dirigeants imposés. Il y a un déficit de souveraineté. La France contrôle toute la classe politique dans ces Etats, que ce soit le pouvoir ou l’opposition. C’est un problème», peste-t- il devant un public composé en bonne partie d’Allemands.

Tout au début de la présentation, M. Diop est revenu sur les circonstances de la naissance de La gloire des imposteurs. Un livre qui a été «difficile» à écrire, même s’«il n’est pas passé inaperçu».

«Beaucoup croient que le livre est né de l’intervention française au Mali. Cela fait des années que Aminata Traoré et moi sommes en ligue pour dénoncer certaines choses comme la façon dont les médias occidentaux traitent de l’Afrique. Il y a eu le Printemps arabe, mais le cas au Mali était plus choquant. C’est une histoire cruelle et violente. Il fallait beaucoup de courage. Il faut rappeler à quel point un tel livre a été difficile à écrire, car nous étions sans cesse dépassés par les événements», précise-t-il.

Le Quotidien