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CREI - Wade-fils refuse de comparaître : Karim sans défense

A cause du refus de comparaître de leur client Karim Wade, les avocats n’ont plus droit à la parole. Ils devront se présenter à la cour comme de simples spectateurs. Dès lors, les membres de la défense avancent que les conditions d’un procès équitable ne sont plus respectées, si bien qu’ils suspendent leur participation au procès et entendent mener la bataille sur d’autres fronts.


Rédigé par leral.net le Mercredi 21 Janvier 2015 à 12:26 | | 2 commentaire(s)|

CREI - Wade-fils refuse de comparaître : Karim sans défense
Le refus de comparaître du prévenu Karim Wade n’a pas été sans effet. Le Parquet spécial en a tiré toutes les conséquences et a fait appliquer des dispositions du Code de procédure pénale. Celles-ci interdisent la prise de parole aux avocats du client ayant refusé de se présenter à la barre de son propre gré. A la reprise tardive de l’audience, hier, la Cour de répression de l’enrichissement illicite a immédiatement donné la parole au Procureur spécial. C’est son substitut qui a relaté le rapport établi par le directeur de l’Administration pénitentiaire relatif au refus d’extraction par le prévenu. Conduit contre son gré à la Cave du Tribunal, ce dernier a refusé de rejoindre le box des accusés de la salle d’audience. «C’est son droit le plus absolu. Nous avons commis un huissier qui est allé recueillir la version du prévenu. Il a dit qu’il a le droit de refuser de comparaître. Mais la loi dit que ses conseils n’ont plus droit à la parole car c’est différent d’une dispense…» Et la cour prend acte.

«Les exigences d’un procès équitable non respectées»

Cette attitude de Karim Wade frappe les conseils qu’il avait engagés pour sa défense. Ceux-ci n’ont pas avalé la pilule sans réagir. En effet, Me Madické Niang a demandé à s’exprimer. «Monsieur le président, Je suis désolé ! Nous aurions souhaité le dire au cours d’une réunion avec la cour. Les exigences d’un procès équitable ne sont plus respectées. Donc, nous pouvons retenir que les avocats de la défense suspendent leur participation à l’audience», assume-t-il. La réponse de Henry Grégoire Diop ne s’est pas fait attendre : «La cour prend acte.» Les souteneurs de Karim Wade et ses avocats se dirigeaient déjà vers la porte de sortie. Le brouhaha a interrompu les débats. Une fois terminé, Me Ousmane Sèye a demandé à faire des «observations». Après le retrait des témoins, l’avocat a exhorté : «Je vous demande un report de 24h, le temps qu’on fasse une concertation pour régler ce problème.» Le président de la cour lui rappelle la mesure prise lors des récentes concertations avec le bâtonnier, lesquelles ont fait revenir Me El Hadji Amadou Sall au procès suite à son exclusion. «On a bien dit au bâtonnier que la cour ne va plus revenir sur ses décisions. Donc, votre demande est rejetée», répond-il dans un ton bas à Me Sèye.

Lettre au directeur de l’Administration pénitentiaire

L’avocat prend son sac et rejoint ses collègues de la défense dans la rue. De là, certains confirment qu’une lettre a été adressée au directeur de l’Administration pénitentiaire, Cheikh Tidiane Diallo, «avec ampliation au ministre de la Justice, au bâtonnier de l’Ordre des avocats, au groupe de travail des Nations-Unies sur la détention arbitraire et à la Commission africaine des droits de l’Homme». Dans la correspondance, ils plaident que «Karim Wade a été extrait de force ce lundi 19 janvier 2015, sous la responsabilité de l’administration pénitentiaire». Ces avocats précisent que leur client a le droit «de refuser de comparaître et que la conduite est un simple accompagnement et non une contrainte». En tous cas, le public a attendu en vain Karim Wade dans la salle d’audience pendant des heures. Pour s’évader l’esprit, on dévore des journaux par endroits. Certains souteneurs de Karim Wade discutent en aparté, d’autres font des va-et-vient incessants. Les regards sont constamment braqués vers la porte d’entrée réservée aux juges de la Crei. Les avocats de la partie civile comme du prévenu, l’avaient empruntée pour rejoindre les membres de la cour dans leur salle de réunion. A 9h, les espoirs de voir l’audience reprendre ont commencé à s’amenuiser. Les minutes passent et le box des accusés reste vide. Soudain, un garde pénitentiaire le dépasse pour prendre le couloir qui mène aux bureaux des juges. Il revient quelques minutes plus tard et disparaît des regards.

«Nous ne représentons pas, nous assistons…»

Des robes noires rejoignent la salle d’audience. Celles qui assistent Karim Wade se retirent pour se concerter. Elles regagnent leurs sièges à 11h. Avant de sortir de la salle, Me Madické Niang a été accroché sur la présence de son client ou pas. «Je ne pense pas qu’il soit présent. Mais il faut attendre. On va vous dire tout à l’heure. Il faut juste savoir que nous ne représentons pas, nous assistons Karim Wade», répète le conseil en souriant. La défense s’est renforcée. Les avocats français comme Corine Dreyfus-Schmidt sont de retour. 11h 20mn, les gardes du corps devancent les juges dans la salle d’audience. Ils sondent les sièges et déposent des classeurs. L’un des greffiers entre et ressort. Enfin, l’espoir d’une reprise de l’audience se précise. Des bouteilles d’eau attendent consommateurs devant les neufs sièges du prétoire disposés pour les cinq juges, les deux greffiers, le Procureur spécial et son adjoint. Mieux, le présumé complice, Mamadou Pouye, débarque dans le box des accusés avec son escorte. A 11h 29 mn, les juges font leur entrée. Une minute de silence est observée en la mémoire du Cheikh Tidiane Diakhaté, le défunt président du Conseil constitutionnel. A peine l’audience est reprise, le ton monte.

Le Quotidien