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Cameroun : deux petites sœurs siamoises opérées avec succès en France

Rédigé par leral.net le Jeudi 14 Novembre 2019 à 09:38 | | 0 commentaire(s)|

Bissie et Eyenga, deux sœurs siamoises camerounaises âgées d'un an, ont été opérées ce mercredi 13 novembre à l’Hôpital Femme-Mère-Enfant des Hospices Civils de Bron, près de Lyon en France. Elles sont nées unies au niveau du foie et de la base du thorax.


Sept heures passées dans le bloc opératoire, une vingtaine de médecins mobilisés. Bissie et Eyenga viennent d’être opérées. Une prouesse médicale rendue possible grâce à la solidarité de plusieurs structures, en France et au Cameroun.

Le professeur Faustin Mouafo, qui a suivi la maman Laurel, et ses filles pendant près d'un an à Yaoundé, confirme ce mercredi 13 novembre au soir : "L'opération s'est déroulée sans souci, les petites ont été effectivement séparées".

"Nous avons instauré un pool d'anesthésistes, de chirurgiens et de réanimateurs", explique le professeur Pierre-Yves Mure, chef de service adjoint en chirurgie pédiatrique à l'hôpital Femme-Mère-Enfant des Hospices Civils de Lyon. "Nous nous sentons soulagés", assure le professeur Faustin Mouafo.

"Chaque spécialité a évalué et expertisé la prise en charge très spécifique des fillettes", poursuit le médecin. Le docteur Rémi Dubois, spécialiste de la greffe de foie, complète : "Je suis intervenu sur cet organe et je n'ai pas eu de complication". « Chaque membre de l'équipe a su adapter sa pratique à la morphologie atypique des deux petites », s'enthousiasme le Pr Pierre-Yves Mure. Les Hospices de Lyon se sont félicités de ce "succès" sur Twitter.


L'arrivéee des siamoises en France
Bissie et Eyenga sont arrivées en France le 1er novembre avec leur maman Laurel. Leur opération était prévue le 7 novembre, mais elle a été reportée après la contraction d’« un virus respiratoire » par les jumelles, peut-on lire sur le site Internet de l’ONG La Chaîne de l’Espoir.

Lundi 4 novembre, des examens ont confirmé aux médecins la manière dont les deux filles seront séparées. Ce jour-là, une pathologie cardiaque a aussi été diagnostiquée sur l’une des fillettes, qui devrait « être opérée tout de suite après l’opération », qualifiée d’«exceptionnelle et extrêmement délicate » par l’ONG La Chaîne de l’Espoir.

La Chaîne de l’Espoir
La Chaîne de l’Espoir est une association française créée en 1994 par le Professeur Alain Deloche. Elle intervient dans plus de trente pays, comme le Bénin, le Sénégal, ou encore le Laos.

Elle a entre autres participé aux premières opérations à cœur ouvert au Mali en 2018 et lancé des projets pilotes de santé scolaire en Haïti en 2017.

La malédiction de naître siamois en Afrique

Bissie, Eyenga et leur mère Laurel sont originaires d’Ayos, dans le centre du Cameroun. Laurel n’a pas été suivie pendant sa grossesse. Après un accouchement « long et douloureux », elle met au monde Bissie et Eyenga, deux petites filles unies au niveau du foie et de la base du thorax. Toutes trois survivent. Mais elles fuient leur village, direction la capitale Yaoundé, à 140 kilomètres de chez elles. En Afrique, mettre au monde des siamois est synonyme de malédiction.

À l’hôpital de Yaoundé, Laurel et ses 2 petites filles ont vécu près d’un an. Les sœurs siamoises y ont été prises en charge par le docteur Faustin Mouafo. Problème : aucune opération ne peut être envisagée sur place, l'hôpital ne disposant pas des équipements nécessaires.

Le docteur Mouafo contacte alors Pierre-Yves Mure, chirurgien pédiatrique aux Hospices Civils de Lyon. En déplacement au Cameroun, il voit en consultation les siamoises. Il leur fait passer un scanner et trouve une « forme favorable » pour les séparer. Le professeur contacte la Chaîne de l’Espoir, une ONG experte en matière de transferts et prises en charge d’enfants venant d’Afrique en France.

L’intervention chirurgicale de ce 13 novembre est ainsi rendue possible grâce à la coopération de plusieurs acteurs : l’ONG La Chaîne de l’Espoir prend en charge « le transport » de cette famille. « Les Hospices Civils de Lyon mettent à disposition leur infrastructure et le gouvernement camerounais participe au financement », peut-on lire sur le site Internet de l’ONG.