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«Capitaine de l’armée mauritanienne, mon ex-mari veut récupérer mon enfant avec la complicité de hautes autorités sénégalaises»

Rédigé par leral.net le Mercredi 22 Octobre 2014 à 21:57 | | 0 commentaire(s)|

L’OBS – C’est l’histoire d’une bête traquée. Traquée par ceux-là même que l’Etat sénégalais a choisis pour lui assurer un sommeil paisible et juste. Un sommeil qu’elle a d’ailleurs décidé de fuir depuis 3 mois. Assiétou le sait, c’est le prix à payer pour échapper à son ex-mari. Un capitaine de l’armée mauritanienne qui, avec le concours de hauts gradés sénégalais, la piste jour et nuit dans le seul but de lui enlever son bébé de deux ans. Récit !


«Capitaine de l’armée mauritanienne, mon ex-mari veut récupérer mon enfant avec la complicité de hautes autorités sénégalaises»
«Je m’appelle A. Diallo et je suis âgée de 32 ans. Je ne peux pas dévoiler mon adresse. Je ne suis pas en sécurité, mon enfant non plus. Je suis obligée de me cacher dans mon propre pays pour échapper à mon ancien mari, M. K. Sidibé, qui était un capitaine de l’armée mauritanienne et mon beau-père est colonel de la même armée. Mon ex veut me prendre mon enfant et il bénéficie de l’appui de hauts placés sénégalais. C’est pourquoi, j’ai quitté mon domicile familial pour me cacher. J’ai deux fois été convoquée. La première fois par le commissariat de Dieuppeul et la seconde fois par la brigade de recherches de la Gendarmerie. Tout ce qu’ils voulaient c’est me prendre mon enfant.

«Ma belle-sœur, une démente, m’en a fait voir de toutes les couleurs»

En 2011, j’ai connu mon mari par l’intermédiaire d’un ami de mon défunt père. On ne s’était jamais vu, mais on avait une relation via le net surtout. Il disait qu’il m’aimait et qu’il voulait me prendre comme épouse. Comme c’est un ami intime de mon ami qui nous a mis en rapport, je n’y voyais aucun inconvénient. Par la suite, on s’est vu et le mariage est décidé. Le 6 juin 2011, le mariage est scellé et je l’ai rejoint le 12 juin de la même année, c’est-à-dire 6 jours après, en Mauritanie. Je suis parti à Aleg où il était en service parce qu’il est capitaine-médecin de l’armée mauritanienne. Il était médecin-chef de cette contrée. Trois mois après mon arrivée, il a eu un accident. On était obligé de retourner à Nouakchott. Par la suite, il a été évacué en Espagne. J’étais obligée de vivre dans le domicile familial de mon mari. C’était le début d’une vie infernale. Puisque ma belle-sœur qui souffre de problèmes psychiatrique revient vivre chez ses parents. H. Sidibé vivait en France. Elle a été rapatriée et son enfant confisqué par son mari. En tout cas, toute la famille disait qu’elle ne jouissait pas de toutes ses facultés mentales. Même si elle n’était soumise à aucun traitement. Elle m’attaquait sans raison. Il est arrivé plusieurs fois qu’elle s’en prend à moi physiquement, alors que j’étais en état de grossesse. C’est à mon septième mois de grossesse que mon mari est revenu. Juste avant son retour, H. Sidibé m’avait agressée et j’en étais sortie avec des blessures. Après consultation, le gynécologue m’a ordonné un repos absolu. Parce que je m’occupais de tout ce qui est travail dans la maison. Mon époux était au courant de toutes les maltraitances que je vivais. A chaque fois que je me plaignais auprès d’elle, sa réponse était : tu es là pour ça. Lui-même ne m’épargnait pas. Ne pouvant plus supporter ces sévices, je nourris l’idée de revenir auprès de ma famille à Dakar. C’est la bonne qui avait de la sympathie pour moi, eu égard à tout ce que j’endurais, m’a orienté pour que je puisse quitter la maison sans réveiller des soupçons. Je suis arrivée au Sénégal où je suis restée jusqu’à ma délivrance. A signaler que mon mari ne m’a jamais appelée durant tout ce temps. C’est moi qui le joignais pour l’informer de mon état.

«J’ai été prisonnière dans le domicile conjugal»

Quand le médecin m’a annoncé la date de l’accouchement, je l’ai appelé pour le tenir au courant. Mais il trouvait que la clinique où je devais accoucher était trop chère pour lui. Il a voulu que la délivrance se fasse dans une maternité d’un hôpital public. Mais ma famille a décidé que je reste à la clinique à ses frais. J’ai accouché à la Clinique Amitié. Même durant ma grossesse, c’est moi qui payais pour mes visites prénatales. En allant en Espagne, mon mari ne m’a laissé que 6 000 ouguiyas, ce qui correspond à 11 000 Fcfa. Je me suis totalement prise en charge. Après mon accouchement, mon mari semblait revenir à de meilleurs sentiments. Ma famille m’a conseillé de retourner auprès de mon époux. Et personnellement, je voulais y retourner parce que je ne voulais pas que mon enfant grandisse loin de son père. J’ai repris mes bagages pour retourner moins de 10 jours après ma délivrance. Mais c’était une erreur. Parce que la situation avait empiré. H. Sidibé avait repris de plus belle. Je devais bénéficier d’un repos de 45 jours, mais ma belle-famille ne m’a pas laissé ce temps. J’ai repris les travaux et H. Sidibé s’en prenait à moi sans cesse. Un jour, elle m’a séquestrée dans la cuisine durant des heures. Elle me demandait de laisser tranquillement son frère. J’ai du user de beaucoup de diplomatie pour m’en sortir. J’en ai parlé à mon époux et il est resté sur sa position. J’ai compris que ma vie était en danger et que je devais agir. Ma première réflexion était d’aller voir le Tribunal islamique parce que les autorités de l’ambassade du Sénégal en Mauritanie m’ont clairement dit qu’elles ne pouvaient pas s’occuper de mon cas. D’ailleurs, ce sont elles qui m’ont demandé d’aller me plaindre auprès du Tribunal islamique. A la première audience, le juge du Tribunal islamique lui avait demandé de me laisser retourner au Sénégal. Mais inutile de vous dire qu’il a refusé. J’étais prisonnière dans la maison.

J’ai vécu dans ses difficultés durant plusieurs mois. Il a fallu que ma belle-sœur me blesse pour que mon mari décide d’agir. Mais il n’a fait que m’emmener vivre chez son oncle. Mon bébé et moi dormions dans la chambre des enfants avec les chats et autres. Comme ma vie était en danger, j’ai décidé de revenir au Sénégal. Mais mon mari m’a interdit d’amener mon fils. Je suis venue à Dakar, le laissant là-bas alors qu’il n’avait que 6 mois. C’est pour ça que je suis retournée en Mauritanie trois semaines après. J’ai vécu l’enfer jusqu’au jour où mon mari a demandé le divorce. Le Tribunal islamique a prononcé le divorce et j’avais la garde de l’enfant. Mais lui avait un droit de visite. Il m’interdit de quitter le sol mauritanien parce qu’il devait exercer son droit. En plus, c’est lui-même qui avait fixé la pension alimentaire. Il me remettait des miettes et je n’aurais pas survécu sans l’aide de mes parents qui m’envoyait de l’argent. J’ai même logé chez un médecin qui était trop sensible à ma cause. A un moment, je me suis dit que je devais retourner au Sénégal avec mon enfant, à tout prix. Je suis allée revoir les autorités diplomatiques sénégalaises, mais elles m’ont encore éconduit intelligemment. En me disant qu’il y’a beaucoup de Sénégalais qui ont des problèmes là-bas et qu’elles ne peuvent pas prendre tout en compte. Je suis encore laissée à moi-même. Pendant trois mois, j’ai vécu des choses que je veux oublier, tellement c’était dur.

«Il m’a maltraitée en Mauritanie et est venu m’humilier au Sénégal»

J’ai encore organisé mon voyage en catimini. Arrivée à Dakar, mon premier réflexe était d’appeler mon mari pour lui dire que j’étais à Dakar. Mais il ne s’est jamais manifesté. Il n’a jamais posé les pieds ici ni appelé. Même si certains de ses parents venaient nous voir. J’espère qu’une fois chez moi, dans mon pays, j’allais retrouver la tranquillité. Mais rien. Mon mari use d’influences pour me rendre la vie impossible. Il est allé jusqu’à intenter une action pénale contre moi pour enlèvement d’enfant. J’ai été jugée et condamnée par le Tribunal de Dakar à mon insu. Juste parce que, disent-ils, l’enfant ne devait pas quitter le Sénégal. Je n’étais pas au courant de cette affaire jusqu’à ce que le commissariat de Dieuppeul me convoque. Les policiers disaient agir sur ordre du procureur de la République. Ils voulaient que je leur livre mon fils qu’ils devaient remettre à son père. Mais j’ai refusé parce que, selon moi, le procureur de la République devait m’écouter avant de prendre une telle décision. Deux semaines avant la Tabaski, ce sont les gendarmes de la brigade de recherches qui sont venus me cueillir, sans convocation ni rien. Heureusement que je n’étais pas avec mon fils. J’ai passé la journée dans les lieux de leur brigade. D’après les questions qu’ils me posaient, ils ne savaient rien de mon dossier. Ce sont des influences de mon mari. Il me présente comme un fou ou une prostituée. Vous pouvez juger que je n’ai rien de tout cela. Je suis restée à la brigade jusqu’à 18 heures. Il a fallu l’intervention d’un ancien haut gradé de la gendarmerie pour me faire libérer. Et les gendarmes disaient même qu’ils agissaient sous des ordres. J’ai commis les services d’un avocat pour plaider ma cause. Aussi il faut savoir que j’ai un dossier de divorce pendant au Tribunal de Dakar. Mais là-bas aussi ça traîne. Ce qui me fait mal, c’est qu’il me manque de respect chez lui en Mauritanie et chez moi au Sénégal, il est venu me maltraiter. Je ne me sens même pas en sécurité chez moi parce qu’il fait ce qu’il veut avec la complicité de hauts placés. Je suis obligée de me cacher. Je ne passe pas deux nuits consécutives dans la même maison de peur qu’on me prenne mon enfant. J’appelle toutes les personnes éprises de justice à me venir en aide. La Première dame Marième Faye Sall, le Secrétaire d’Etat chargé des Sénégalais de l’Extérieur Souleymane Jules Diop aussi, je veux qu’ils se penchent sur mon dossier. De même que les Présidents mauritanien et sénégalais. Je me sens comme une étrangère au Sénégal. J’ai peur surtout, depuis l’arrivée des gendarmes de la brigade de recherches.»

Makhaly Ndiack Ndoye gfm.sn