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Casamance : l'Etat sénégalais n'a jamais demandé une médiation du Vatican (ambassadeur)

Les autorités sénégalaises n’ont jamais formulé une demande auprès du Saint-Siège (Vatican), pour solliciter son intervention dans la crise casamançaise, a déclaré, jeudi à Ziguinchor (Sud), le Nonce apostolique, Monseigneur Luis Mariano Montemayor, tout en précisant que la communauté Sant’ Egidio est une association catholique à "caractère laïque et autonome".


Rédigé par leral.net le Jeudi 31 Janvier 2013 à 21:05 | | 0 commentaire(s)|

Casamance : l'Etat sénégalais n'a jamais demandé une médiation du Vatican (ambassadeur)
‘’Le Gouvernement du Sénégal a eu comme politique de ne pas internationaliser le conflit en Casamance. Dans ce contexte, le Gouvernement du Sénégal n’a jamais formellement demandé au Saint-Siège d’intervenir comme facilitateur dans le conflit en Casamance’’, a-t-il précisé à l’occasion d’un point de presse, à la fin d'une visite pastorale dans le Diocèse de Ziguinchor (26-31 janvier)

Cette visite, qui entre dans le cadre de l’appui aux initiatives de paix en Casamance, lui a permis de rencontrer les différentes communautés chrétiennes, ainsi que les chefs religieux de la communauté musulmane comme ceux de la religion traditionnelle de la région de Ziguinchor, a-t-il souligné.

‘’Il ne faut pas faire des confusions : la communauté Sant’ Egidio est autonome. L’Eglise ne s’oppose pas à sa médiation dans la crise casamançaise. On est favorable à sa médiation. (…)’’, a affirmé le Nonce apostolique pour lever toute équivoque sur une probable proximité entre la communauté Sant’ Egidio et le Vatican relativement au processus de paix en cours.

‘’Si le Sénégal comme État souverain ne nous demande pas un arbitrage, on ne peut pas intervenir. C’est une affaire interne qui peut créer un incident diplomatique. Il n’y a jamais eu une demande publique du Gouvernement du Sénégal. Donc publiquement, on n’intervient pas ’’, a-t-il martelé.

Cependant, il a souligné que cette absence de demande de médiation du Gouvernement du Sénégal ne signifie pas que des associations de confession catholique, ou le clergé catholique ne se sont pas impliqués dans la gestion de la crise casamançaise.

‘’Ce n’est pas la première fois que Sant’ Egidio intervient dans le conflit casamançais. Déjà, à la fin des années 1998, c’est un des acteurs qui ont favorisé la signature des accords de 2004 (entre le Gouvernement du Sénégal et le MFDC)’’, a-t-il rappelé.

‘’Ils [les responsables Sant ‘Egidio] interviennent comme association autonome. Ils sont catholiques, ils appartiennent à l’Eglise catholique. Ils sont reconnus comme association publique (…), mais ils ont leur autonomie’’, a précisé le Nonce apostolique.

Selon le diplomate, ‘’cette fois-ci, l’intervention de Sant’ Egidio dans la crise casamançaise a été demandée par Salif Sadio (le chef d’Atika) en personne. Il (Salif Sadio) a demandé l’intervention de Sant’ Egidio, parce qu’il a toujours soutenu avoir besoin d’un pays neutre pour rencontrer des émissaires officiels du Gouvernement sénégalais’’.

‘’Sant’ Egidio a son siège à Rome, qui est un lieu commode où il [Salif Sadio] peut envoyer ses émissaires tout comme le Gouvernement. Mais, l’intervention de Sant’ Egidio ne signifie pas que c’est l’intervention du Saint-Siège’’, a expliqué l’ambassadeur du Saint-Siège accrédité au Sénégal.

Mgr Montemayor, qui est également le doyen des ambassadeurs européens accrédités au Sénégal, a toutefois déploré l’absence d’un agenda des négociations entre le Gouvernement du Sénégal et le MFDC.

En raison des nombreuses fractions au sein du mouvement indépendantiste, le Nonce apostolique propose une ‘’approche partielle’’ pour la gestion du dossier casamançais.

Selon lui, pour donner une visibilité à la mobilisation dans le processus de paix en cours, il est nécessaire de tenir compte d'une dimension technique, en mettant fin aux hostilités et en parvenant à un accord de désarmement et à la réinsertion des anciens combattants.

‘’Mais ça ne suffit pas, parce qu’il y a une blessure, des victimes, des crimes etc. Il y a beaucoup de choses qui doivent être gérées pour arriver à une paix durable. Sans réconciliation, sans pacification des âmes, sans pardon mutuel, il n’y aura jamais une paix définitive’’, a averti Luis Mariano Montemayor.

ASB/ASG