Leral.net - S'informer en temps réel

« Charlie », d’Hebdo à Quotidien ! - Par Alioune Badara Niang

Rédigé par leral.net le Mercredi 14 Janvier 2015 à 08:20 | | 0 commentaire(s)|

« Charlie », d’Hebdo à Quotidien ! - Par Alioune Badara Niang
D’emblée, je dois préciser que je n'avais qu'à moitié envie d’écrire sur les assassinats qui ont visé la rédaction de Charlie Hebdo, regrettant et condamnant l’acte en lui-même mais aussi connaissant déjà les nombreux mensonges, contrevérités, chocs des mots ou maux (caricatures, liberté d'expression, laïcité), qui l’alimentaient. Aussi ayant bien en tête la raison de toute cette surinformation, truffée volontairement d’amalgames, qui est juste de « casser du musulman ». Et puis, il y a eu l’attitude candide de ma fille « SCORA », âgée de 10 ans à peine, qui a accéléré tout le reste...

Elle a regardé en boucle sur des chaines de TV françaises, ça ne parlait et parle encore que de ça: « il y a eu un attentat, il y a 12 morts ». Elle a chopé l’information plus vite que Zorro. J'ai entendu son inquiétude dans sa voix quand elle a prononcé ces mots « C’est méchant ce qu’ils ont fait ! » ... J'ai entendu son émotion et puis cette phrase : « je suis Charlie ». Un coup pendable ? Avant même de savoir, et donc de comprendre, le sujet s'est imposé de lui-même à ma fille et c'était évident pour moi aussi, qui suis son référent.

C’est dur, même très désolant d’attenter à la vie d’une personne quelque soit le mobile mais à « SCORA », pour qu’elle ne revendique plus le slogan « je suis Charlie », je me suis évertué, en quelques mots simples, à lui expliquer ce qu’est réellement « Charlie hebdo », un journal dans lequel on fait des dessins très moqueurs mais ni pertinents, ni malins, sans esprit, et surtout pas drôles du tout. Et particulièrement ses caricatures sur le Prophète Mohamed (PSL) ! Notre référence à nous musulmans. Et surtout si je ne veux pas qu’elle soit « Charlie », c'est parce que « Charlie » se permet de fouler aux pieds ce que nous estimons sacré, dans le mépris de notre Foi et de la Passion qui l'impéritie. Pour critiquer la religion, « Charlie » se moque du prophète Mohamed parce qu'il sait qu'il ne faut pas le faire, que c'est interdit par l'Islam. Mais sous l’étonnant prétexte de la liberté d’expression et pas que, il a le droit sacré de « rire » du prophète Mohamed, il a le droit de se moquer de l’islam ! Pourquoi diable ?

Et pourtant, c’est avant tout Dieu qui fit son éloge dans le Coran, lorsqu’Il dit : « Et tu es certes, d’une moralité imminente » (S Qalam, V 4). Aussi, « Ceux qui offensent Allah et Son messager, Allah les maudit ici-bas, comme dans l’au-delà et leur prépare un châtiment avilissant. » (S Ahzab – Les coalisés, V 57). Donc pourquoi tuer ?

Avec son ton libre, entier et sans concession, Charlie sait qu’il provoque chez certains de l'hostilité, ceux qui crient « ils l'ont bien mérité », mais chez la plupart des musulmans silencieux, ce genre de dessin provoque beaucoup de peine, c'est tout. Appliquant par là, les recommandations de l’islam, leur religion, qui se veut une religion de paix, de tolérance et surtout de pardon. La question étrange ! Quelle satisfaction « Charlie » peut-il trouver à blesser la sensibilité de quelques centaines de millions d'êtres humains ? Cette question est éternelle ! En revanche, la névrose islamophobe qui s’est toujours emparée de ce journal et qui en constitue regrettablement sa ligne éditoriale, son marronnier, sa ligne de front, est aussi tristement son……. «Droit au blasphème» !

Mon point de vue? Le pire des arguments, est celui qui prétend que sous le couvert de la liberté d’expression, on peut se permettre de caricaturer de tout, de rire de tout ! Et l’attaque dont « Charlie » a fait l’objet et qui a causé la mort de douze personnes, dont les cinq dessinateurs phares (Cabu, Charb, Wolinski, Tignous et Honoré), n’est pas une attaque contre la liberté d’expression. C’est une attaque contre la liberté de critiquer l’islam, notre religion. Je pense qu’il existe une frontière tenue entre la caricature et l’insulte. Charlie a souvent franchi le pas. Il nous a toujours représenté, nous les musulmans, dans un style d'humour pouët et graveleux, sous les traits de faibles d’esprit, de fanatiques, de terroristes, d’assistés. J’en ris car c’est imaginaire tout ça et c’est même un véritable tissu d’âneries bidonné à des fins de propagande, de « Muslim bashing » !

J'ai toujours été convaincu que la liberté d'expression, ça n'existe pas vraiment. Elle est théorique. Dans la pratique c'est autre chose. Même moi, avec mon statut de blogueur, je sais que je ne peux pas dire n'importe quoi sur mon blog aussi libre que soit mon expression. Mes propos pourraient avoir des conséquences sur ma vie personnelle, familiale ou même professionnelle !

Vous pouvez penser que je mélange tout mais « Charlie » est juste un fonds de commerce, un fabricant d’humour gonflé aux vents du temps, dégazé à longueur de semaines. Peut-être plus maintenant, car c’est au quotidien que ça dégaze depuis les attentats. Faut croire. En effet, « Charlie » se trouve aujourd’hui, en son corps défendant, au centre de l’information mondiale ! Depuis maintenant sept jours, il est difficile voire impossible de parler, de lire, de regarder mais aussi d’entendre un sujet autre que « Charlie ». Il est tragique qu’il ait fallu des morts pour provoquer un tel réveil. Normal me direz-vous car « Charlie » est une entreprise commerciale. Une posture en effet assez largement partagée par ses confrères de la presse écrite, de L’Express à Valeurs Actuelles en passant par Le Point, Marianne, Le Nouvel Observateur ou Le Figaro, pour s’en tenir aux plus enthousiastes. Et je ne parle même pas des télés et des radios. Le marché médiatique de l’islam« sans-gêne », « qui fait peur » et « qui dérange » rapporte gros. Ceci peut bien expliquer cela !

Cet "incident" met le doigt sur un sujet très cher à Rioufol, Zemmour, Houellebecq, ces autres ennemis connus de l’islam et fossoyeurs de l’identité française. Tous ces provocateurs, qui s’adorent et se complimentent, ont une fâcheuse tendance, en effet, à prendre les autres pour des demeurés. Ils se froissent d’un mot reçu, mais plus d'un, ont l’insulte comme argument. Je me retiens de surenchérir, mais je le pense très fort : oui, le crayon des cons tue et la kalach des cons dessine ! Donc que ça soit clair, je ne peux être Charlie qui m’a tant sali mais non plus ces tueurs d’un autre Islam que le mien !

Tiens demain, c’est mercredi, jour de parution hebdo de « Charlie », un numéro spécial des survivants des attentats est annoncé, avec en couverture la photo du prophète Mohamed (PSL). Inutilement provocateur ! Encore !

Tous ces détracteurs ne font que perdre leur temps, car nul ne peut ternir l’image de Celui qu’Allah a déjà honoré.

Les situations grotesques du « quotidien » vont offrir, aussi, de quoi caricaturer et rire. On passera à autre chose très vite. M’enfin !

badaraniangjunior@gmail.com