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Clôture du 11e Fesnac : Kaffrine, théâtre de la variété culturelle nationale

Rédigé par leral.net le Lundi 30 Janvier 2023 à 22:09 | | 0 commentaire(s)|

La 11ème édition du Festival national des arts et cultures a baissé ses rideaux, samedi, à Kaffrine, sur le sacre de la région de Dakar. La fête a prévalu malgré un délestage qui a arrêté la cérémonie un bon moment.  De notre envoyé spécial Mamadou Oumar KAMARA  KAFFRINE-La terre du Ndoucoumane a été le beau […]

La 11ème édition du Festival national des arts et cultures a baissé ses rideaux, samedi, à Kaffrine, sur le sacre de la région de Dakar. La fête a prévalu malgré un délestage qui a arrêté la cérémonie un bon moment. 

De notre envoyé spécial Mamadou Oumar KAMARA 

KAFFRINE-La terre du Ndoucoumane a été le beau théâtre de la variété culturelle nationale durant huit jours. Du 21 au 28 janvier, les couleurs identitaires du Sénégal ont marqué Kaffrine à travers la 11ème édition du Festival national des arts et cultures (Fesnac). Pour la cérémonie de clôture, qui s’est déroulée au Terrain Poste, devant le Village du festival, le tableau a été dominé par le dévoilement du palmarès et le show des cultures urbaines. Le la du spectacle a été d’abord prodigieusement donné par l’éclectique Orchestre national du Sénégal. A eux seuls, les membres de ce groupe ont su exposer la diversité et la richesse des sonorités que comptent les cultures sénégalaises. Les réponses énergiques du public, apparemment friand de rythmes, ont aussi drôlement participé à la fresque. Le passage du chanteur et joueur de « riiti » (violon traditionnel) sérère, Simon Sène, a connu le même répondant par la danse et un applaudimètre élevé. Des minutes époustouflantes ! Ensuite, Awadi et son groupe ont assuré le show avec des reprises de compositions cultes, notamment de Omar P2ne. Le spectacle battait ainsi son plein jusqu’à ce que le pic soit atténué par la partie protocolaire.

Ça a commencé avec la remise officielle par le ministre de la Culture et du Patrimoine historique des diplômes aux bénéficiaires de la formation aux techniques digitales des acteurs culturels. L’enseignement était assuré par le jeune concepteur-développeur, Ismael Fall. Ont suivi les discours du maire de Kaffrine Abdoulaye Saydou Sow, du député-maire Amy Ndiaye de Gniby, et du conseiller régional Daouda Wiane. Ensuite, le ministre bissau-guinéen de la Jeunesse, de la Culture et du Sport, Augusto Gomès, rejoindra le pupitre pour son discours en tant qu’invité d’honneur de son homologue sénégalais. Mais, à peine a-t-il débuté son propos de remerciements en créole et de louange pour la diversité culturelle sous-régionale, que l’électricité s’est coupée subitement. Le délestage durera plus d’une heure, occasionnant plus de gêne que de frustration.

Mais heureusement que l’expression artistique soulage les cœurs mieux que tout autre baume. Ce que le ministre bissau-guinéen n’a pu dire dans son discours, le ballet de son pays l’a illustré avec grand talent. La batterie de tambours et les sept chorégraphes de chez Amìlcar Cabral ont rempli la plage durant près plus de 30 minutes. Ils ont été chanteurs, danseurs et saltimbanques, authentiquement doués, pour égayer un public grippé par une fraîcheur surprenante et une obscurité embarrassante depuis un moment. Ils ont même eu le génie d’exécuter des pas de danse d’un mbalax assuré en guest par le percussionniste de l’Orchestre national et petit-fils de Yande Codou Sène, Pape Souleymane Diop. De quoi secouer un public tout aussi ébloui qu’amusé de voir ces Manjaks esquisser nos cocasses « lëmbël » et « Baara Mbay ».

A leur suite, une batterie de percussionnistes voulaient poursuivre l’ambiance, mais l’électricité reviendra quelques petites minutes plus tard et va accélérer la cérémonie avec la suite des discours et la déclamation du palmarès (voir encadré). Après ce chapitre, à 3 heures passées, le show des cultures urbaines va être assuré par Dip Doundou Guiss, Simon Kouka, Matador, le duo Fou Malade et Niagass, etc. Une affiche de haute facture hip hop qui va enjailler les jeunes de Kaffrine jusqu’à l’aube et clore cette 11ème édition du Fesnac. Le prochain rendez-vous est donné à Fatick, cette même année 2023, à une date qui reste à être définie.

 

Dakar remporte le Grand prix Douta Seck du Fesnac 2023 

Pour cette onzième édition, Dakar est sacré meilleure région dans les compétitions nationales par le Grand prix Douta Seck du Fesnac. C’est au gré de son classement sur le tableau général, où il a terminé à la deuxième place dans toutes les catégories (Danse, Musique et Théâtre). En plus des trophées, Dakar empoche trois chèques de 1,5 million de FCfa chacun et un autre de 3 millions pour le Grand Prix. La région de Ziguinchor s’est illustrée en s’emparant des premières places en Danse et Théâtre. Leurs troupes rentrent ainsi au Sud du pays avec deux chèques de 2 millions de FCfa et les trophées de champion. Le trophée de la meilleure région en catégorie Musique a, lui, pris la direction du Nord. Saint-Louis a surclassé les 13 autres régions dans les compétitions musicales a et empoché 2 millions de FCfa. Louga est arrivée à la troisième place dans cette catégorie, et est aussi troisième en Danse. Louga gagne ainsi un million de FCfa pour chacune des deux catégories.

Dans les compétitions régionales, qui n’ont concerné que la région de Kaffrine, le jeune Balla Thiobane a remporté le 1er Prix en catégorie Conte. Le Meilleur roman est écrit par Abdou Ndao, la Meilleure poésie par Bara Beleup Ndao, pendant que Salalum Jaane est sacré en Langues nationales. La Meilleure traditionnelle est signée Anta Thiam, la Meilleure danse est exécutée par le Groupe de Birkilane et la Meilleure musique chantée par Sette Mboup alias Wally 2. En Art culinaire, le Gie Deggode Birkilane s’est distingué. En Théâtre, le 1er prix est décerné aussi à la troupe Birkilane. La compétition de lutte, organisée à Malen Hodar, est remportée haut la main par Ameth Fall Ka. M. O. KAMARA 

 

 

ABDOULAYE SAYDOU SOW, MAIRE DE KAFFRINE

« Un bonheur et un honneur d’avoir accueilli le Fesnac » 

« C’était un bonheur et un honneur d’avoir organisé le 11ème Fesnac, tout en remerciant grandement le ministre de la Culture et du Patrimoine, Pr Aliou Sow, d’avoir soumis l’idée du chef de l’Etat. Les faits ont montré que c’était une excellente idée. Le ministre de la Culture a réussi les paris de l’audace, de l’organisation et de la mobilisation. Durant huit jours, nous avons donné corps à la pensée senghorienne : nous avons énormément reçu de toutes les délégations venues de partout en Afrique et dans le monde, et nous avons beaucoup donné à voir la richesse culturelle de notre Kaffrine cosmopolite. Le Fesnac nous a mieux fait rendre compte de l’importance capitale de la culture. D’ailleurs, nous comptons, l’année prochaine, organiser un Fesnac local pour encore exposer nous-mêmes les facettes de notre culture plurielle. La convention signée ce soir avec le ministère de la Culture et du Patrimoine historique (pour doter la commune de Kaffrine de 30 millions de FCfa) va être soumise à l’appréciation du conseil municipal pour approbation et va nous permettre de mieux gérer cette compétence transférée qui est un levier certain de développement ».

M. O. KAMARA 

 

TRIBUNE DU PATRIMOINE RÉGIONAL

Le Village, noyau symbolique du Fesnac

 Revenu cette année dans le dispositif du Festival national des arts et cultures (Fesnac), le Village du festival est une intéressante tribune du patrimoine régional, de la vie culturelle et un reflet de l’entreprise sociale.

De notre envoyé spécial Mamadou Oumar KAMARA

KAFFRINE – C’est quasiment au rond central du Terrain Poste, à quelques encablures de la gare, qu’est implanté le Village du 11ème Festival national des arts et cultures (Fesnac). Les sommets coniques et la blancheur des chapiteaux qui le composent se distinguent de la vétusté de l’environnement et des ordures qui délimitent le latéral gauche. Plusieurs écoliers, qui viennent de terminer leur matinée scolaire, semblent se moquer de l’harmattan et de la canicule qui ont eu déjà raison de l’énergie des adultes. Les policiers et quelques aide-exposants, comme jaloux de ce curieux entrain de la marmaille, les chassent du puits. Ce puits factice, au pied duquel est attaché un âne, n’émerveille pas que les enfants. Mais, créer l’exaltation est justement son objectif.

Il fait partie de la scénographie pensée pour affirmer l’esprit d’enracinement et d’ouverture qui supporte cette onzième édition du festival. Également, c’est pour entrer en droite ligne avec le thème, « Femme, éducation culturelle et développement socio-économique ». Au centre du village, une tente pyramidale trône. Il protège du soleil un lot de canaris, de jarres, de spatules, de calebasses, de tamis, entre ustensiles domestiques essentiellement en bois. Cette scénographie veut faire penser à la femme et à sa place centrale dans l’accomplissement humain. Elle entend faire penser aussi à cet univers où débutent et continuent l’éducation de l’homme ainsi que ce qui construit son identité.

Le Village du Fesnac est composé de 25 stands. Il comprend une foire de produits authentiques, notamment avec les femmes qui présentent des produits transformés. C’est le cas des femmes de Koungheul réunies dans le Gie « Xaritu Xaleyi ». Leurs étals présentent un festival de produits dérivés de cultures locales. Leurs biscuits de moringa et de mil sont particulièrement courus, ainsi que leurs pots de confiture de fruits de pain de singe. La Chambre de métiers de Diourbel, aussi, expose ses « Maxtomba » (sacoches en collier portées habituellement par les mourides), entre autres objets authentiques. Ngaye Mékhé a également présenté ses chaussures en cuir à la fabrication singulière.

TERRITORIALISATION

À côté de ces stands des terroirs, il y a les stands institutionnels. « Il y a le Fopica qui est l’instrument de financement du Ministère de la Culture pour la cinématographie, le Fdcu et d’autres partenaires institutionnels comme 3Fpt, ainsi que le Monument de la renaissance africaine qui est un service du département avec la Place du souvenir africain, etc. L’objectif est de montrer ce que ces services du département de la Culture offrent en termes de service dans toutes les régions du Sénégal. Ils se trouvent à Dakar, mais ils émaillent tout le territoire national. L’occasion leur est offerte de parler de leurs services et ce qu’ils font en termes de territorialisation des politiques publiques », explique Lamine Ba, médiateur culturel, coordonnateur du Village du Fesnac. On a également les stands des départements de la région dans une dynamique de fédérer les acteurs de développement qui sont dans la région de Kaffrine.

Le Village, qui constitue la loge du festival, avait disparu du dispositif depuis vingt ans. « Le Ministre de la Culture et du Patrimoine historique, Pr Aliou Sow, a recommandé de réintroduire le Village dans le dispositif du Festival national des arts et cultures. Lamine Ba indique que la vision du village est aussi de révéler la matière grise de la région, notamment. C’est pourquoi on trouve des écrivains locaux qui ont pu vendre leurs livres et être connus à travers leur exposition. Le Ministre de la Culture et du Patrimoine historique, lors de l’inauguration officielle du Village, a fait le tour des stands des écrivains pour s’enquérir des problématiques de l’édition et du livre dans les terroirs. Par ailleurs, le Village accueille les concours nocturnes des compétitions connexes. Pour le conte, le lauréat de cette édition 2023, Ballé Thiobane fait partie des exposants. Poète, conteur et slameur, le jeune originaire de Kaffrine a récemment « publié » son recueil de poèmes. « Publié » parce que le livre « Reflet de ma plume » n’est pas édité. Le jeune passionné de 24 ans et premier champion régional de slam a imprimé lui-même son œuvre sur 57 pages.

 



Source : https://lesoleil.sn/cloture-du-11eme-fesnac-kaffri...