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Comment ont pris naissance les poursuites contre Hissène Habré ? (Par Assane Dioma Ndiaye)


Rédigé par leral.net le Dimanche 13 Septembre 2015 à 08:08 | | 0 commentaire(s)|

Dès son accession au pouvoir Hissène Habré créa par Décret la DDS une centrale de Renseignements qui en raison de ses missions Secrètes fut logée à la Présidence de la République donc placée sous l’autorité directe de Hissène Habré.

La mission de la DDS était de traquer les opposants au régime de Habré aussi bien à l’intérieur du Tchad qu’à l’extérieur de procéder a leur arrestation et d’obtenir le maximum de renseignements d eux.

Devant l’ampleur des arrestations et des allégations insistantes de disparitions forcées et de torture du fait des actions de cette police politique les ONG de défense des droits de l'Homme notamment Amnesty International déclenchèrent des actions urgentes notamment des messages directs à l’endroit de Hissène Habré.

Alors les Ambassadeurs du Tchad aux USA et en France soutènement qu’aucune exécution sommaire ou extrajudiciaire n était opérée et que les personnes arrêtées recevaient un traitement adéquat proportionnellement à leur trahison.

Cette situation dura jusqu'à la chute de Habré en Décembre 1990.

Alors en la circonstance toutes les familles se ruèrent vers les différentes cellules de la DDS qui furent ouvertes par les tombeurs d Habré dans l’espoir de retrouver leurs parents arrêtés par la DDS.

Ce fut l’horreur et la stupeur. La majorité des personnes arrêtées était déjà morte en détention et enterrée dans des fosses communes.

Les quelques survivants portaient les stigmates de tortures graves notamment les femmes. Il y eut alors très rapidement une jonction entre les victimes survivantes appelées victimes directes et les familles des personnes mortes ou exécutées pendant leur détention appelées victimes indirectes.

Ces victimes directes et indirectes se regroupèrent autour d’une association dénommée Association Tchadienne des victimes de la répression de Hissène Habré : ATVRHH avec comme fer de lance une jeune Avocate Tchadienne nommée Jacqueline Moudeina.

Cette association se fixa comme objectif d’œuvrer inlassablement pour la traduction de Hissène Habré devant un tribunal.

Gageure puisque Habré était confortablement installé au Sénégal après qu’il eut eût obtenu du Président de l’Assemblée Nationale du Tchad de l’époque et de la Cour d’appel de Djamena les pleins pouvoirs dans la nuit du 30 Novembre 1990 et encaissé la somme de 3 milliards suite à un chèque émis la même nuit et honoré par le Trésorier Général du Tchad.

Il devait traverser la même nuit la frontière Camerounaise en enjambant le fleuve Chari avec ses proches sans aviser ses collaborateurs directs livrés à eux-mêmes.

Le défi était alors énorme pour les victimes de faire juger Habré exilé au Sénégal pour des faits commis au Tchad.

Alors on souffla à l’oreille de Me Jacqueline Moudeina qu’un Avocat Américain nommé Reed Brody venait de réussir à faire juger Pinochet dans des conditions quasi similaires.

C’était une aubaine pour ces victimes désemparées et sans soutien. C’est dans ces conditions que Reed Brody fut mis à contribution.

Lors de leur première visite au Sénégal elles reçurent le soutien des ONG Sénégalaises.

A l’époque le droit positif Sénégal ignorant la compétence universelle et les crimes tels que les Crimes de guerre Crimes contre l’humanité une plainte fut déposée en 2000 contre Hissène Habré devant le Doyen des juges de l’époque Demba KANDJI pour crime de torture sur le fondement de la convention de 1884 contre la torture et autres traitements cruels inhumains ou dégradants .

Cette plainte fut déposée par Mes Sidiki KABA et Boukounta Diallo entre autres Avocats.

Depuis les victimes avec ténacité abnégation ont cru à leur droit de voir leur cause être entendue par un tribunal et ont exclu toute éventualité d’un déni de Justice.

Affirmer dans ces conditions que le procès en cours est dicté par les Lybiens Français ou Américains revient assurément à denier à ces victimes toute dignité.

En ce qui me concerne je n’ai fait que perpétrer l’engagement pris à l’époque par mes prédécesseurs a la tête de l’Organisation Nationale des Droits de l’Homme du Sénégal en l’occurrence Mes Sidiki KABA et Boukounta DIALLO a savoir accompagner les victimes dans ce combat contre l’impunité.

Oui je crois à la capacité des nouvelles générations Africaines à faire face aux défis contemporains.


Maitre Assane Dioma NDIAYE
Avocat à la Cour