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Compte de Singapour : Pape Alboury Ndao vide son sac

Moins que son administration provisoire de Dubaï port World tant décriée, c'est la découverte, du fameux compte de 47 milliards FCfa, logé à Singapour, et attribué à Karim Wade dans le cadre de la traque des biens mal acquis, qui lui a rendu Pape Alboury Ndao célèbre. Dans un entretien accordé à EnQuête du jour, l'expert comptable livre tout sur ce compte que la défense de Wade-fils assimile à une invention.


Rédigé par leral.net le Lundi 16 Mars 2015 à 12:29 | | 0 commentaire(s)|

Compte de Singapour : Pape Alboury Ndao vide son sac
A la question du journal de savoir comment il a trouvé le compte de Singapour, Pape Alboury Ndao confie : "Lors de l'administration, il n'y a eu rien du tout. Mais, c'est dans la deuxième mission qui, elle, consiste à une investigation que nous avons découvert un compte qui a été ouvert en 2011, avec un solde de 93 millions de dollars, qui appartient à Ahs Guinée Bissau et détenu à 100% par Karim Meissa Wade. Et, à l'intérieur de ce compte, nous avons identifié deux virements provenant de Dubaï Ceramic d'un montant total de 15 millions de dollars. Dubaï Ceramic a été déclaré comme une filiale à 100% de DP World FZE qui est le propriétaire indirect de Dubaï Dakar". Nos confrères de faire remarquer à l'expert-comptable que ces découvertes ont été remises en cause par les dernières révélations au tribunal avant de lui demander les arguments qu'il oppose à ces objections. "C'est archi-faux. Leur argument a été de dire qu'ils ont la liste des filiales qui sont comprises dans les comptes consolidés du Groupe DP Worls. Or, dans ma démarche d'investigation, j'avais demandé à Dubaï de me donner l'ensemble des sociétés, y compris celles qui ne sont pas consolidées puisque, dans une consolidation, c'est uniquement les sociétés qui ont une importance significative qui sont intégrées. Toutes les sociétés ne sont pas dans le périmètre de consolidation. Les Dubaiotes m'ont opposé une fin de non-recevoir. Ce qui est déjà très suspect. Je leur ai dit : "Si vous n'avez rien à vous reprocher et compte tenu du fait que j'ai déjà conclu à la négative quant à l'existence de mouvements suspects dans les comptes de DP World Dakar, ouvrez-nous les portes et nous allons avec diligence et célérité procéder aux contrôles et, s'il n'y a rien, on le mentionnera dans notre rapport comme on a eu à le faire dans le passé". Mais, malgré cela, ils ont refusé en arguant que nous n'avions pas de pouvoir de police judiciaire et que ma mission se limite à Dakar et que je ne serai pas reçu à Dubaï".

Nos confrères de revenir à la charge pour lui demander pourquoi il ne s'est pas entouré de garanties pour assurer la traçabilité du compte qu'il a découvert. Ce à quoi Pape Alboury Ndao rétorque : "C'est ça que l'opinion ne comprend pas. Lorsque moi, M. Ndao, en tant qu'expert investi d'une mission, j'ai déposé mon rapport le 09 avril, ma mission s'arrête là (...). Je n'ai pas le pouvoir de police judiciaire pour demander à une banque de me fournir ni les extraits ni les relevés bancaires d'un client. Cela n'est pas possible au Sénégal encore moins dans les paradis fiscaux et BVI où les gens vont pour bénéficier de la confidentialité et de l'opacité des opérations. L'un des avocats de DP World me l'a d'ailleurs rappelé. Dès l'instant où j'ai eu le rapport de mes sapiteurs que j'ai fait contrôler et valider, et par une deuxième équipe et par la Crei qui a plus de pouvoir et de possibilité d'investigation, j'ai aussitôt établi le rapport compte tenu des délais impartis qui a été transmis au mandant et ma mission s'arrête là et est terminée. Je n'ai ni le pouvoir ni les moyens d'aller chercher l'argent ou collecter les extraits ou relevés bancaires. Et ça, il faut que les gens le comprennent".

Ce manque de continuité dans le travail a conduit la défense à parler d'accusations gratuites. Que nenni, estime M. Ndao. "Je ne pense pas qu'on puisse le qualifier d'accusations gratuites car mes deux équipes de sapiteurs, ainsi que les travaux de vérification et de validation de la Crei, qui ont tous abouti à la même conclusion, sont de nature à garantir la fiabilité de ces éléments. Il faut aussi préciser que les conclusions d'un expert par définition ne lient en aucune manière le juge. Si ce dernier estime que les conclusions de l'expert ne sont pas fondées, il ne les retient pas ou tout au moins va diligenter une contre-expertise. Mais, ici, en l'occurrence, mes conclusions ont été retenues et il s'est ensuivi une commission rogatoire. Ce qui, pour un expert, est synonyme de mission accomplie avec succès", se réjouit Pape Alboury Ndao.

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