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Condamnation de Barthélémy Dias: Le silence assourdissant de Ousmane Sonko

Ni avant ni après le procès en appel du maire de Dakar, dont la condamnation en première instance a été confirmée, son homologue de Ziguinchor et compagnon au sein de Yewwi Askan Wi, ne lui a manifesté un soutien public. De quoi nourrir toutes les conjectures.


Rédigé par leral.net le Vendredi 23 Septembre 2022 à 00:16 | | 0 commentaire(s)|

Condamnation de Barthélémy Dias: Le silence assourdissant de Ousmane Sonko
La Cour d’appel a reconnu le maire de Dakar, Barthélémy Dias, coupable de coups mortels, coups et blessures volontaires et détention illégale d’arme à feu et l’a condamné à deux ans de prison dont six mois ferme, dans le cadre de l’affaire Ndiaga Diouf. Elle confirme ainsi la peine prononcée en première instance, en 2017, pour ce dossier qui remonte à 2011.

L’édile de la capitale avait déjà purgé sa peine en détention préventive, mais il a tenu à faire appel pour, dit-il, laver son honneur puisque se considérant comme l’agressé et non l’agresseur. Il entend d’ailleurs poursuivre son combat pour prouver son innocence : ses avocats ont annoncé que leur client va se pourvoir en cassation.

La nouvelle condamnation du maire de Dakar a suscité beaucoup de réactions indignées. Le directeur exécutif d’Amnesty International, Seydi Gassama, considère que ce dernier est victime «d’injustice». Pour lui, la justice devait également traquer et faire payer les commanditaires de l’attaque de la mairie de Mermoz /Sacré-Cœur, à la base de cette affaire.

Le journaliste Mamoudou Ibra Kane, lui, soupçonne une entreprise de liquidation d’un adversaire politique. «La démocratie exige le respect de la volonté populaire; une opposition qui s’oppose face à un pouvoir qui gouverne. Eviter la politisation de la justice et la judiciarisation de la politique», écrit-il sur Facebook.

Jusque-là, aucune réaction publique de Ousmane Sonko à propos de son compagnon de Yewwi Askan Wi. Le maire de Ziguinchor est réputé pour sa propension à s’ériger en bouclier pour ses pairs opposants, chaque fois que l’un d’entre eux est confronté à la justice. Le président de Pastef soupçonnant presque systématiquement la main du pouvoir derrière les procédures «suspectes».

Le malheur de «Barth», le bonheur de Sonko ?

Pour le procès en appel de Barthélémy Dias, Ousmane Sonko reste pour l’instant discret. Est-il en train de mûrir une déclaration sur cette affaire ? Ce silence constitue-t-il une stratégie individuelle ou une ligne adoptée dans le cadre de Yewwi Askan Wi ?

Pour un analyste politique, qui a requis l’anonymat, «une chose est sûre, une condamnation ferme de Barthélémy Dias fait son affaire». Il explique : «Une élection présidentielle est comme une course de chevaux. On fait la course contre le cavalier à sa gauche, contre celui à sa droite mais aussi contre tout le monde. Pour la présidentielle de 2024, depuis les élections locales de janvier avec les élections de Barthélémy Dias à Dakar et celle de Sonko à Ziguinchor, il y avait cette course dans la course, avec un avantage pour Barthelemy».

Notre source poursuit : «Le maire de Dakar est de fait le ‘deuxième personnage’ de l’Etat, avec un budget immense et le prestige national et international lié à la mairie de la capitale. Un faux départ de Barthélémy Dias ne peut que profiter à Ousmane Sonko.C’est ce qui explique peut-être le silence assourdissant de ce dernier, vingt-quatre après la décision de la Cour d’appel, alors que tout le monde s’attendait au moins à une déclaration de soutien, fût-elle symbolique».

Député, maire et présidentiable en sursis

Si notre interlocuteur penche pour cette hypothèse, c’est que la condamnation de Barthélémy Dias par la Cour d’appel pose la question de son éligibilité. Va-t-il perdre ses mandats de député et de maire ?, se demande-t-on.

Le principal intéressé croit que non. Mais un de ses avocats semble moins formel : Me Khoureychi Bâ estime, en effet, qu’une condamnation ferme de six mois, pourrait avoir une répercussion sur sa carrière politique.

Dans un texte publié sur le site de "Sud Quotidien", le journaliste Daouda Mine acquiesce. Affirmant que l’affaire Ndiaga Diouf pourrait faire perdre à Barthélémy Dias son poste de maire de Dakar et son siège de député.

A propos du risque encouru par ce dernier de perdre son mandat parlementaire, Daouda Mine invoque le dernier alinéa de l’article 61 de la Constitution, repris par l’article 51 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale. Celui-ci dispose : «Le député qui fait l’objet d’une condamnation pénale définitive, est radié de la liste des députés de l’Assemblée nationale sur demande du ministre de la Justice».

Le journaliste convoque l’alinéa 3 de l’article L.29 du Code électoral pour montrer que Barthélémy Dias s’expose à la perte de son poste de maire de Dakar. Le texte dit: «Ne doivent pas être inscrits sur la liste électorale ceux (qui sont) condamnés à plus de trois mois d’emprisonnement sans sursis ou à une peine d’emprisonnement d’une durée supérieure à six mois avec sursis (…)».

Cette disposition du Code électorale fait dire à Daouda Mine, qu’en plus de fauteuil de maire, le député Yewwi pourrait en plus être amené à mettre une croix sur ses ambitions présidentielles qu’il ne cache plus. «En cas de condamnation définitive, croit savoir le journaliste, cet article pourrait bien être utilisé pour l’empêcher d’être candidat à la présidentielle de 2024, comme c’est le cas pour Karim Wade.»

Le cas échéant, Ousmane Sonko, qui a déjà déclaré sa candidature, compterait un potentiel cavalier concurrent en moins pour la course.

Mr Ndao B