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[ Contribution ] Installation du nouveau maire de Pikine : un début peu rassurant ( par Mody NIANG )

La presse a rendu compte de l’installation du nouveau maire de Pikine. Le compte rendu de Walf Grand-Place du vendredi 24 avril a, en particulier, retenu mon attention. « Du vacarme à la passation de services » (page 5), tel est le titre de l’article du journaliste qui a couvert l’événement. Ce n’est pas ce qui pose problème car, nous sommes tout au début de la gestion des collectivités locales conquises sur les Libéraux et leurs alliés. Les nouveaux élus auront le temps de rectifier, au fur et à mesure, l’atmosphère folklorique, carnavalesque et politicienne, qui est le trait caractéristique de toutes les manifestations organisées par Me Wade et son camp.


Rédigé par leral.net le Jeudi 30 Avril 2009 à 07:19 | | 0 commentaire(s)|

[ Contribution ] Installation du nouveau maire de Pikine : un début peu rassurant ( par Mody NIANG )
J’ai eu, par contre, des sueurs froides en lisant le contenu du compte rendu, surtout là où le journaliste aborde ce qu’il appelle « le dispositif protocolaire du nouveau maire ». Voici comment il le décrit : « Une véritable cacophonie s’est installée avec le dispositif de ses gardes du corps. Les forces de l’ordre présentes sur place avaient du mal à maîtriser les gorilles du nouveau maire. Ce qui aboutit à des échanges houleux et des empoignades installant du coup un véritable cafouillage entre les policiers et les nombreux gorilles du nouvel édile. Et n’eût été l’intervention rapide de personnes de bonne volonté et autres limiers, le pire serait arrivé. »
Un proverbe de chez nous dit bien ceci : « Lu nara neex bu baxee xeeñ. » Autrement dit, des effluves qui nous parviennent de la cuisine, nous pouvons nous faire une idée de la qualité du mets qui s’y prépare. Le début du nouveau maire n’est donc guère rassurant : les gardes de corps ou autres gorilles dont il est question ici rappellent déjà les milices genre calots bleus.
La déconcentration et la décentralisation ont pour, entre autres objectifs, de rapprocher l’administration des administrés. Le maire, en particulier, a pour vocation, en tant qu’élu local, de vivre parmi les populations, de s’enquérir quotidiennement de leurs problèmes, et de leur trouver des solutions, dans la limite des ressources de sa commune. Il n’a que faire de gardes de corps ou de gorilles. Ce qu’on attend de lui, c’est une nette rupture, une gestion dans la transparence et la proximité. A cet égard, la position du nouvel édile par rapport à l’audit des communes perdues par les Libéraux et leurs alliés n’est pas du tout rassurante. Le journaliste lui a d’ailleurs rappelé que, pendant la campagne électorale, il dénonçait avec vigueur la gestion de la Mairie de Pikine. Voilà que, nouvellement élu, il déclare, contre toute attente, ce qui suit : « Nous ne ferons pas d’audit. J’ai un respect scrupuleux pour Daour Niang Ndiaye. Je ne peux pas de manière péremptoire accuser des gens. » Et le journaliste de s’étonner immédiatement de cette « position qui prend le contre-pied de ses propos de campagnes électorales ».
La préoccupation des populations de Pikine, qui ont sanctionné la mauvaise gestion du maire sortant, et ont accordé leurs suffrages à la liste que dirigeait celui qui est devenu le nouvel édile de Pikine, n’est pas de savoir si le second respecte ou non le premier. Elles ne demandent pas non plus au maire entrant d’« accuser de manière péremptoire des gens ». Leur attente légitime, c’est qu’il gère la commune de Pikine mieux que son devancier. Il lui sera difficile, s’il tient vraiment à ne pas décevoir ses électeurs et les responsables de Benno Siggil Senegaal, de se soustraire à un audit de la gestion de son prédécesseur qui était loin, très loin d’être un modèle de bonne gestion. Quelle que soit, par ailleurs, la forme que revêtira cet audit.
J’ai entendu un grand responsable de Benno Siggil Senegaal faire une déclaration surprenante, qui rappelle bien celle du nouveau maire de Pikine. « Nous ne ferons pas d’audit, a-t-il fermement avancé, car Abdoulaye Wade a galvaudé ce mot ». Et alors ? Devons-nous vraiment nous attarder sur ce que fait ou dit Abdoulaye Wade, que nous pratiquons depuis neuf ans ? Celui-là est ce qu’il est pour l’éternité. Le seul fait de penser que nous pouvons faire comme lui est déjà suspect. Chaque fois que les Libéraux et leurs alliés ont manqué d’arguments, ils se sont contentés de dire : « Les Socialistes faisaient la même chose. » Nous ne pouvons pas, nous ne devons pas nous comporter comme eux. Nous sommes, au contraire, condamnés à faire infiniment mieux qu’eux. C’est à cet impératif que tous les responsables de Benno Siggil Senegaal doivent appeler, surtout en direction de certains de leurs camarades qui retournent aux affaires, mais qui n’étaient pas des modèles de bonne gestion.
On entend aussi souvent : « Pas de chasse aux sorcières ! » Pourquoi pas ? S’il est bien établi qu’il existe ça et là des sorcières, il faut bien les chasser, au besoin les brûler vives. Les sorcières n’ont pas leur place dans une société civilisée, démocratique.
Le 22 mars 2009 a été une véritable bouffée d’oxygène, une belle éclaircie, une grosse lueur d’espoir pour la Démocratie, les Sénégalaises et les Sénégalais. Il a soulevé un immense vent d’espoir. Nous devons veiller scrupuleusement à ce que ce vent d’espoir ne vire pas au cauchemar, à l’image de celui auquel le 19 mars 2000 avait donné lieu.

Vive la Démocratie !
Vive la transparence dans la gestion des affaires publiques !
Mort à l’immonde gouvernance libérale !

MODY NIANG, e-mail : modyniang@arc.sn

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