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[ Contribution ] La démocratie plébiscite Obama en Amérique, la monarchie débarque au Sénégal Macky Sall

'Je ne chante pas la politique, je ne chante que la vérité’ (Myriam Makéba)

Mardi 4 novembre 2008, la démocratie a élu Barack Obama en Amérique. Quelle belle leçon de tolérance ! Notre peuple a applaudi. L’événement inédit et inouï le mérite pour trois raisons au moins : il consacre la suprématie du bon sens sur les autres considérations raciales, régionalistes et claniques, pousse les jeunes leaders politiques à avoir confiance en eux et crée l’espoir de voir, grâce à son aspect symbolique, des communautés humaines, oubliant leur différence, se rapprocher d’avantage dans la paix des cœurs et des esprits. Nous saluons le peuple américain qui a su s’élever au-dessus des clivages de tout ordre pour porter, pour la première fois, un Noir à la tête de leur pays ; Martin Luther King l’a rêvé, les fils d’Amérique l’ont réalisé démocratiquement. Le chemin fut long et pernicieux mais enfin… Il a réussi à rendre possible la fraternité. Nous le félicitons pour cette nouvelle leçon de démocratie.


Rédigé par leral.net le Lundi 1 Décembre 2008 à 17:23 | | 0 commentaire(s)|

[ Contribution ] La démocratie plébiscite Obama en Amérique, la monarchie débarque au Sénégal Macky Sall
Pourtant, l’adversaire de Barack Obama est du même camp que le président sortant ; ce camp n’a pas manipulé le texte fondamental de ce pays pour se maintenir. Il a respecté avec dignité les règles du jeu électoral jusqu’au bout. Parce que, chez eux, la dévolution monarchique du pouvoir n’est pas d’actualité. Parce que les hommes politiques de ce pays ne sont ni des complexés, ni des ignares, ni des mange-mil prêts à picorer sur les prairies de la bassesse pour rassasier leur faim, étancher leur soif. Parce que c’est leur pays qui les intéresse. Ils ont choisi la jeunesse, ils ont choisi l’espoir… ils ont choisi Obama. Aujourd’hui, l’histoire est fière d’eux, l’humanité très émue devant cet universalisme.

Dimanche 9 novembre 2008, la monarchie vient de débarquer notre président de l’Assemblée nationale malgré le désaccord et le dépit manifestés par tous les démocrates de ce pays soucieux du respect des principes fondateurs de notre République. Après avoir écouté pendant des heures les enfantillages des parlementaires du parti au pouvoir face aux arguments républicains de ceux qui refusaient la forfaiture orchestrée par le Pds au détriment de la bonne santé de notre constitution, le ministre Abdou Aziz Sow, représentant le gouvernement, dit ce lapsus très édifiant sur l’état d’esprit de ses pairs : ‘Je ne peux que constater les dégâts…’ Mon Dieu ! Que nous arrive-t-il ? Voilà un groupe de députés qui ne savent absolument rien de leur mission et se f… éperdument de la République et du peuple. Ils sont contents lorsqu’ils s’insultent copieusement les uns les autres au sein de l’hémicycle. Et pourtant, ils s’appellent, sans gêne, des frères de parti. Leurs querelles de chiffonniers n’arrêtent pas de perturber le bon fonctionnement de nos institutions. Lorsqu’une autorité n’a en soi ni l’’éthique de responsabilité’ ni l’’éthique de conviction consciente’, elle n’hésite pas, pour atteindre ses ambitions scabreuses, de verser dans l’insolence et les folles attitudes qui n’honorent ni sa dignité ni l’image de son pays. Une telle autorité est nuisible à la société parce qu’elle détient, le plus souvent, par devers elle, la puissance de faire mal, la force de durer dans la bêtise si rien n’est fait pour l’arrêter et aussi de l’influence sur les esprits les moins avertis grâce à ses médias et ses richesses illicites.

Pendant que la machine à broyer du Macky Sall était mise en branle à la place Soweto, l’ambigu Djibo Kâ lançait en filigrane à Bopp devant ses inconditionnels, raillant de façon surprenante le parti de ses anciens camarades socialistes, que ce n’est pas à soixante ans qu’un homme ou un animal va pousser des dents de lait. Il sait pourtant qu’un parti n’est pas un animal ni un homme, mais un groupe d’hommes et de femmes de toutes les catégories d’âge. Loin de nous donc l’idée d’exclure les sexagénaires de la gestion de nos pays, de la diversité politique et du débat constructif.

Toutefois, Djibo devait aller jusqu’au bout de sa logique et conter à qui de droit cette boutade chargée de philosophie, malgré son apparence ironique. A notre avis, c’est un excellent conseil à donner aux chefs d’Etat octogénaires qui cherchent à se scotcher vaille que vaille au pouvoir. Nonobstant sa raillerie pour plaire certainement à Me Wade, ce dernier semble admirer le Ps au point de confier la plupart des leviers de son propre parti et de l’Etat à des transhumants socialistes dont l’un, en l’occurrence Sada Ndiaye, vient de secouer négativement notre République par une loi impopulaire et antidémocratique.

Ils ont, encore une fois, charcuté notre constitution pour arriver à leur fin. Quand j’entends des députés dire avec aisance et sans rechigner que Macky Sall, n’étant plus dans les bonnes grâces du président de la République, devait démissionner depuis longtemps de son poste à l’Assemblée, j’ai honte et je me demande où se situe notre chère République dans ce charabia tyrannique, surtout que le Conseil constitutionnel brille par ses déclarations d’incompétence devant sa mission d’arbitre sur beaucoup de recours déposés sur sa table. Que fait-on de la séparation des pouvoirs, gage d’une République réelle ?

Le peuple les avait élus pour qu’ils lui garantissent la réalisation d’une existence paisible et prospère, des fins idéales… A la place, le conflit entre ce qui devrait être dans un Etat de droit et ce qui est réellement, rend lugubre le destin de la nation. L’Etat fait dans les contraintes intérieures constantes et l’intimidation pour nous installer dans la conciliation corruptrice, la subordination sournoise, l’antagonisme angoissant. Ces gens oublient que l’idéal d’un peuple, quel qu’il soit, n’est pas seulement dans le champ des théories politiques, des illusions offertes sous forme de promesses alléchantes et sans lendemain. L’idéal d’un peuple intègre les questions d’éthique, de valeurs qui doivent guider toute action visant son bien-être.

En écoutant le discours de Macky Sall, en écoutant son coup de gueule, je me suis dit : enfin… il a parlé. ‘Il n’y a rien en l’homme qui ne soit couvert par la dignité’, nous lance-t-il. Il a quitté le navire Pds, d’autres vont suivre. Leur patron aime ça ; briser les figures influentes de son parti. Le fait-il par jalousie ou pour satisfaire des calculs politiques véreux ? Allez savoir ! Lorsque toutes les grosses pointures seront décapitées, la Génération du concret pourra facilement phagocyter ce parti et se mettre ‘en route vers le sommet’. Mais attention ! Qu’ils sachent qu’ils ne pourront pas continuer impunément à plonger notre démocratie dans le précipice sans recevoir le revers de la médaille un jour ou l’autre.

‘Résistance républicaine’, nous dit Macky Sall ! Il a raison. Nous l’avions une fois souligné dans un article intitulé : ‘Ne soyons pas euphoriques avec ce limogeage de Farba Senghor’ : on n’arrête pas les sévices d’un bourreau avec ses larmes ; on organise sa résistance ou l’on périt. Il est temps pour notre peuple d’organiser sa résistance. Aux hommes du pouvoir, qu’ils tirent les leçons de la Côte d’Ivoire, du Congo, etc. Le Sénégal n’est pas sur la planète Mars. Il est sur cette terre, dans un continent qui s’appelle Afrique, rongé par des conflits interminables. Méfions-nous de l’argument selon lequel nous ne connaîtrons jamais de conflit à cause des saints qui peuplent notre sol. La terre irakienne est remplie de saints, néanmoins, les canons du gangster George Bush ont tonné dans ce pays.

Ce qui peut nous prémunir des éboulements regrettables, dans ce contexte de crise alimentaire et financière mondiale, nous qui vivons ces crises depuis des années déjà à cause d’une mal gouvernance notoire, c’est de ne pas laisser faire aveuglément les appétits monarchiques. Nous osons espérer, après le discours très engagé de Macky, qu’il va rallier, rapidement, le groupe de compatriotes qui luttent pour sauver notre démocratie et notre République des humeurs et pratiques antidémocratiques du camp présidentiel, qu’il évitera de tomber dans le piège qui a fini d’engloutir les adeptes de la tortuosité politique. Il lui faut être serein et sincère envers notre peuple…, accepter les sacrifices inhérents à tout choix politique patriotique. Mais auparavant, qu’il demande pardon au peuple sénégalais pour avoir eu à diriger beaucoup de votes de lois exécrables grâce à la majorité mécanique de ce parti-Etat qu’il vient de quitter. ‘Défends la justice, défends la vérité et Dieu sera toujours à tes côtés !’ Au nom de la patrie, faisons nôtre ce conseil du pasteur Martin Luther King.

Tafsir Ndické DIEYE - Auteur de polars et de poésie dont Odeur de sang (polar), Silence ! On s’aime (poésie) Editions Le Manuscrit Paris mars 2008 Mail : ndickedieye@yahoo.fr

Auteur: Tafsir Ndické DIEYE Walfadjri

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