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Coumba am ndey ak Coumba amoul ndey* - Par Ibra Pouye


Rédigé par leral.net le Samedi 14 Mars 2015 à 10:37 | | 0 commentaire(s)|

Coumba am ndey ak Coumba amoul ndey* - Par Ibra Pouye
Plantons le décor ! Inutile de cogiter et d’aller loin. A quoi rime ce titre dans cette langue que nous vivons et enrichissons de jour en jour ? Cette belle langue qu’est le wolof, toujours à l’unisson de tout un peuple féru de politique et moins enclin à l’acte. Politique et concret diffèrent mais se complètent en même temps. La parole précède l’acte. Silence.

A l’heure où je plante ma plume sur le papier, l’actualité sénégalaise est sens dessus sens dessous à cause du procès de Karim Wade, fils d’Abdoulaye Wade, l’ancien président de la République, qui est en train de saper les fondements de la société toujours bercée par une justice on ne peut plus équitable. Un procès qui tire à sa fin.

En effet, Wade fils a plombé les trois années de règne du président Macky Sall, l’actuel président de la République. Beau travail de ce rejeton de Wade père ! Le Plan Sénégal Emergent, cher à Macky Sall, a fait flop comme un navire de guerre. Un plan dont je vantais récemment les quelques mérites. Le fameux procès de Wade-fils a tué le job de Macky Sall. Sacré gamin ! Ange ou démon ? Se posent quelques observateurs du landerneau politique sénégalais.

Quand on analyse ce titre soumis à la réflexion, l’on sait à quoi l’auteur insinue. Du temps de sa splendeur, Karim Wade était toujours flanqué de son jumeau Abdoulaye Baldé, l’actuel maire de Ziguinchor. De cette union est née une consonance dénommée, les jumeaux Dupont et Demba. Dupont pour Karim et Demba pour Baldé. Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts.

Dupont croupit en prison et Demba respire l’air de la capitale du Sud mais vaque toujours à ses occupations sur Dakar. Mais Dupont et Demba ne devraient-ils pas être ensemble sous la coupe de dame justice ? Beaucoup de caciques de l’ancien régime ont les mains trempées dans le cambouis financier. Et la plupart ont puisé dans les deniers publics de ce pauvre pays.

Alors, où est passée cette savante et noble justice que nous vantons tant les mérites? Justice à deux vitesses, ce que dit le citoyen lambda. Karim Wade, disons le haut et fort est manifestement l’agneau du sacrifice rituel. Qu’on le punisse s’il a raclé le bol avec ces deux mains sans penser au peuple et nul reste. La réponse qui tombe à pic est oui mais qu’il ne soit pas seul dans ce malheur.

Pas seul dans ce cas. Pas seul à se morfondre. Pas seul à pleurer dans sa chambre de Rebeuss. Et oui, avouons-le, il n’est pas le seul qui a dilapidé nos maigres Cfa ! Et que dire de celles et de ceux qui étaient avec lui dans toute sa splendeur de jadis ? Ce procès de la traque des biens mal acquis est controversé et donne le tournis au peuple qui s’est mû en spectateur, pressé de voir la fin de ce méli-mélo dramatique à la saveur d’une comédie, ressemblant un tantinet ridicule au malade imaginaire de Molière.

Procès politique ou pas ? A l’aune de ce drame, on a du mal à se situer. Et boum, la France en plein dans le mille ! L’ambassadeur de la France à Dakar, piqué par quelle mouche tsé-tsé, a déjà vendu la mèche. Sacré roublard ! Laurent Fabius va lui tirer ses longues oreilles. A l’entendre après, on sent qu’il regrette ces paroles fielleuses sorties de sa bouche. De quoi il se mêle, celui-là, crient à tue-tête les partisans de Karim Wade et quelques caciques du camp présidentiel.

L’ambassadeur Félix Paganon a fait le travail d’aucuns s’attendaient. Il est allé trop vite en besogne et n’a pas pu garder sa langue dans sa poche. Haro sur cet homme de l’ombre devenu en quelques heures l’ennemi numéro un des détracteurs du régime actuel.

Karim Coumba amoul ndey risque sept ans de prison moyennant les deux années qu’il a déjà purgées. A cela s’ajoutent une amende de 250 milliards de francs CFA, la confiscation de ses biens et la privation de ses droits civiques.

Là où le bât blesse est la privation de ses droits civiques, dernier volet d’une saga judiciaire. Ce plan du régime actuel a été ourdi depuis belle lune et c’est dans ce sens qu’on parlait de deal ou de protocole de Rebeuss, Macky-Karim.

‘’Je vous libère mais n’en faites pas une montagne et vous vous effacez ok’’, ce qu’aurait susurré un émissaire de Macky à l’oreille de Karim. Ce qu’avait refusé ce dernier. La médiation pénale est passée par là. Plan tombé dans la gadoue si l’on sait la ténacité du pater de Karim. Toujours dans son monde et voulant coûte que coûte mettre ce dernier sur orbite vers la planète Sénégal.

L’Office national de lutte contre la fraude et la corruption, créé dans la précipitation en 2012, mal outillé, semble avoir du plomb dans l’aile. Décollage lent et fonctionnement parasité. Vous savez, le Sénégal est un pays diantrement spécial et beaucoup de barrières se dressent lorsque vous attaquez quelqu’un en justice. Les Coumba am ndey roulent avec tambours et trompettes et se permettent de la claquer très fort. Tandis que les Coumba amoul ndey endurent la souffrance et souffrent le martyr.

Et oui, c’est cela le Sénégal. Et que dire de la Cour de répression de l’enrichissement illicite, alias la Crei, le bras armé de la bonne gouvernance qu’a érigé Macky Sall sous son magistère ? A cet effet, cette machine, ne devrait-elle pas commencer par Macky Sall ? Qu’on se la pose cette question même si elle veut son pesant d’or. Quid des menaces des laudateurs et des partisans du président du régime présidentiel ?

Du fond de sa cellule, Karim, chauffé à blanc par l’opinion, à un pas de la rampe de lancement du Pds, comptera défier Macky Sall dans un futur proche mais qu’il soit libre. Ce ne sera pas une mince affaire vu que ce conflit risque de laisser des plumes aux deux frères d’hier devenus ennemis politiques. Ainsi vogue le Sénégal avec sa justice de droit commun des Coumba am ndey et des Coumba amoul ndey. Comprenne qui pourra. Comprenne qui voudra.

POUYE Ibra
ibpo2004@gmail.com


*Ceux qui ont des garde-fous face à dame justice et ceux qui n’en ont pas.