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Credit Suisse: malgré la bourrasque, Tidjane Thiam ne lâche pas le gouvernail

Alors qu'il a essuyé une perte de 2,4 milliards d'euros en 2016, Credit Suisse est aujourd'hui visé par une nouvelle enquête pour évasion fiscale.


Rédigé par leral.net le Dimanche 30 Avril 2017 à 18:02 | | 0 commentaire(s)|

La deuxième banque suisse vient de s'offrir deux grandes pages de publicité dans la presse internationale. Elle annonce en titre que « Credit Suisse applique une politique stricte de tolérance zéro s'agissant de l'évasion fiscale ». L'établissement assure qu'il a demandé à ses clients « de fournir la preuve de leur conformité fiscale ». Certes, cette politique de régularisation stricte « a engendré des sorties de capitaux importantes, principalement en Europe », reconnaît-elle. Credit Suisse se devait de réagir très rapidement à l'annonce de perquisitions menées dans ses bureaux de Paris, de Londres et d'Amsterdam.

Assemblée générale musclée

Des raids policiers font suite à la découverte de 58 800 comptes suspects. Des clients de Credit Suisse auraient dissimulé des millions d'euros au fisc sur des comptes en Suisse. Décidément, rien n'aura été épargné au Franco-Ivoirien Tidjane Thiam depuis sa nomination en juillet 2015 comme CEO de la grande banque helvétique. Il doit parfois regretter son confortable fauteuil à la tête du groupe d'assurances Prudential. D'autant que l'assemblée générale des actionnaires vendredi prochain, s'annonce particulièrement musclée. La fondation Ethos, spécialiste des investissements socialement responsables, réclame la non-réélection du président et du vice-président du conseil d'administration, dont le bilan serait « loin d'être bon ».

Une amende de 5,3 milliards de dollars

Credit Suisse a perdu 2,7 milliards d'euros en 2015 et 2,4 milliards l'année dernière. Les casseroles s'accumulent. Pour avoir vendu des produits financiers toxiques aux États-Unis, la banque est contrainte d'éponger une amende de 5,3 milliards de dollars. L'établissement est aussi soupçonné d'avoir « prêté » sans garantie au Mozambique, un milliard de dollars pour lui permettre d'acheter des armes. Résultat, Credit Suisse a perdu en Bourse la moitié de sa valeur, tandis que les salariés, particulièrement en Suisse, essuient un régime minceur draconien. Cette semaine, juste avant son assemblée générale, la banque a été contrainte d'annoncer qu'elle renonçait à son projet d'introduction en Bourse partielle de son unité suisse, ce qui lui aurait permis d'augmenter ses fonds propres de 2 à 4 milliards.

Diminution des bonus

Enfin, pour ne pas essuyer un autre camouflet devant ses actionnaires, la direction de Credit Suisse promet de renoncer à 40 % de ses bonus. L'an passé le Franco-Ivoirien avait perçu 11 millions d'euros. Malgré toutes ces catastrophes, on ne se bouscule pas pour réclamer la tête de Tidjane Thiam au bout d'une pique. La fondation Ethos préfère s'en prendre à Urs Rohner, le président du conseil d'administration, et à Richard Thornburgh, le vice-président. Car eux étaient bien là entre 2005 et 2007 quand la banque suisse vendait des subprimes, ces prêts hypothécaires à haut risque qui ont provoqué la grande crise financière mondiale de 2008.

Une politique de tolérance zéro

En revanche, Tidjane Thiam, diplômé de l'École polytechnique et de l'École des mines de Paris, a débarqué après, comme pompier. « Chaque fois que Tidjane Thiam ouvre un nouveau tiroir, il doit avoir ses sueurs froides. Mais ce n'est pas de sa faute si la banque a fait pendant des décennies de l'évasion fiscale à grande échelle », commente un analyste financier. Il n'a pas non plus été évident d'appliquer brutalement une politique de tolérance zéro. Dorénavant, si les clients ne fournissent pas la preuve de leur conformité fiscale, « nous mettons un terme à la relation bancaire », annonce la banque zurichoise.

Afflux d'argent frais

Le remède de cheval semble donner ses premiers résultats. Alors qu'au premier trimestre 2016, Credit Suisse avait perdu 282 millions d'euros, au premier trimestre 2017, il enregistre 619 millions de bénéfices. Et surtout, « dans la gestion de fortune, l'afflux d'argent a bondi à 24,2 milliards de francs [22,4 milliards d'euros], contre des sorties de 6,7 milliards [6,2 milliards d'euros] au quatrième trimestre de l'année dernière », souligne L'Agefi, le quotidien suisse de la finance, dans son édition de mercredi.

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