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Crise au Club des Investisseurs Sénégalais: Dr. Abdourahmane Diouf, un homme dans la tempête.

Alors qu’il avait l’ambition de mener à bien le projet, Dr. Abdourahmane DIOUF subit les contrecoups d’une supposée bataille de succession au sein du Club des Investisseurs Sénégalais (CIS).


Rédigé par leral.net le Samedi 30 Mai 2020 à 22:03 | | 0 commentaire(s)|

Ce devait être l’ultime voyage, celui où l’on décide après tant d’années passées à l’étranger, d’embarquer femme et enfants pour rentrer servir son pays. Pour venir aider le secteur privé, dont on maîtrise les ressorts planétaires, pour avoir servi dans le commerce international, à bâtir des mastodontes financiers.

Installé à Genève, cette ville suisse située à la pointe sud du Lac Léman depuis plus d’une décennie, Dr. Abdourahmane Diouf avait décidé après une entrevue avec ses futurs employeurs, de tout plaquer pour venir driver le fameux Club des Investisseurs Sénégalais (CIS).

Au lendemain de la Présidentielle 2019 ou en rhéteur hors pair, il avait encore fait sensation par la justesse de son propos et sa façon singulière de mener le débat, malgré le cuisant revers de son leader politique, Idrissa Seck, face à Macky Sall candidat à sa propre succession, Dr; Abdourahmane Diouf quitte la politique. Les adieux se font par le biais d’un communiqué de presse empreint d’émotion. « D’autres devoirs de l’heure, moins politiques, m’appellent, écrit-il. Ils exigent ma considération et ma disponibilité entières. »

Depuis, l’ancien pensionnaire de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis mène une vie tranquille à Dakar, si près de Rufisque, sa ville natale, mais loin du tumulte politique auquel il refuse de se mêler, malgré les demandes d’interview.

Mais le 14 mai dernier, une tempête est venue secouer le Club des Investisseurs Sénégalais et amocher terriblement l’image de son Directeur Général Exécutif. Le malaise né du soutien d’Akilee, au détriment de la Société Nationale d’Electricité (SENELEC) dans leur différend sur le contrat de déploiement généralisé de compteurs intelligents, la place au cœur de l’ouragan. Dr. Abdourahmane Diouf est au banc des accusés. Il est accusé par des membres du Club, d’avoir traficoté un communiqué, en complicité avec le président du Club, Babacar Ngom. Une accusation qui lui vaut les pires attaques en interne. Comme à l’extérieur de cette « association de riches », dont le ticket d’entrée est estimé à 10 millions FCfa.

Le Directeur Général Exécutif du CIS se fait même descendre par le journaliste Adama Guèye: « Tragique dégringolade pour Abdourahmane DIOUF dont les frimes sur les cours de Commerce International qu’il donnait entre l’Argentine, la Thaïlande et la Suisse, avaient bluffé le Sénégal entier. La frime avait fait effet. Au point que nul n’avait perçu la Transhumance honteuse qu’il avait entreprise après la frauduleuse élection présidentielle de l’an dernier. Pour se calfeutrer derrière une officine maquillée : le CIS.

Quand j’avais aussitôt souligné cette prostitution politique indigne de sa loquace rhétorique, peu furent celles et ceux qui me crurent. En magouillant un communiqué de presse hors de toute éthique pour soutenir le gang des voleurs, Akilee, incluant sans être exhaustif, Amadou Ly et Makhtar Cissé, voilà qu’enfin la vraie nature du Wonder-Boy, Diouf se révèle au monde entier
», poste-t-il sur sa page Facebook.

Au sein du Club des Investisseurs Sénégalais(CIS), Abdourahmane Diouf est traité de tous les noms. Des membres de cette organisation l’accusent d’agir en solo pour faire passer le communiqué de soutien à Akilee. Sans même recueillir l’avis des membres du Conseil d’Administration. Une affaire qui a suscité un terrible débat interne ou certains chefs d’entreprise se sont défoulés sur Abdourahmane Diouf. « Le Conseil d’Administration dont je suis membre, ne l’a pas évoqué. Par-delà le soutien à des entreprises nationales authentiques, il me parait très grave qu’on puisse engager notre organisation, et même décider de publications dans la presse, sans un minimum de concertation préalable sur les sujets de cette importance. Je regrette et condamne une telle démarche » pestait un membre.

« Son épouse a sacrifié sa carrière de juriste à Genève »

Comment Abdourahmane Diouf a-t-il vécu ce violent séisme qui a emporté beaucoup de membres du club ? « Il vit la situation avec beaucoup de sérénité, avec le moral de celui qui n’a rien à se reprocher. Dr. Abdourahmane Diouf est encore heureux d’être au service de son pays, de jouer pleinement son rôle, même si c’est dans le privé », tente d’esquiver un proche. Dr. Abdourahmane Diouf est loin d’être affecté par la situation. L’homme grade son calme légendaire. Il est droit dans ses bottes, selon les confidences de ses collaborateurs. Son amour pour le Sénégal justifie cette attitude de l’actuel Directeur général exécutif du Club des investisseurs du Sénégal (CIS), décrit comme un patriote dans l’âme.

El Hadji Gorgui Wade Ndoye, journaliste accrédité auprès des Nations- Unies, confirme : « Abdourahmane est un homme fidèle à son pays, fidèle à ses amis, fidèle à sa famille, fidèle à ses principes, fidèles à ses collègues de travail. Il ne trahit pas ! Son attachement au Sénégal est viscéral ».

Cet amour pour le Sénégal n’est pas sans conséquence. En quittant Genève pour Dakar, l’enfant de Rufisque a dû renoncer à beaucoup de privilèges et d’avantages. Il a hypothéqué sa carrière professionnelle internationale pour les intérêts de son pays.

Ces quatre dernières années, l’actuel Directeur exécutif du CIS a servi à Genève comme expert en commerce international dans le cadre d’un vaste programme de l’Union Européenne/ACP qui concernait 179 pays. « Abdourahmane a eu à occuper des postes de travail intéressants à Genève. Consultant international, l’un des premiers africains à maîtriser le système du commerce international, expert juriste, diplômé de communication, il aurait pu faire sa vie dans la douce tranquillité du Lac Léman. Il a choisi de servir son pays, en parfaite fidélité avec ses convictions », témoigne El Hadji Gorgui Ndoye.

L’ancien porte-parole du parti Rewmi a embarqué sa famille dans cette aventure, son épouse en première ligne. Cette dernière a accepté de laisser son travail pour rejoindre son époux. Le journaliste El Hadji Gorgui Ndoye, qui a vécu ces adieux, raconte : « Père d’une belle famille scolarisée en Suisse, époux d’une magnifique femme, une thiessoise, juriste comme lui, Ass Diouf a décidé de quitter les montagnes pour la plaine mouvante de son Sénégal natal. Il n’est pas le premier et ne sera pas le dernier, mais c’est juste dire que nous parlons d’un vrai patriote. Beaucoup l’ignorent, mais Aida Diop, sa discrète épouse, me pardonne, cette dernière gagnait très largement sa vie en étant juriste à Genève. Le jour des adieux, j’étais là avec ses collègues suisses, qui ont regretté son départ. Mais la Linguère, d’un commun accord avec son mari, a décidé de le suivre avec ses enfants.

Vous comprenez dès lors que je n’ai qu’incompréhension et amertume quand je vois des gens s’attaquer à Ass (surnom d’Abdourahmane Diouf). Et l’analyse est simple, il ya une grande part de jalousie, de méchanceté gratuite, mais aussi de calculs de la part de ces gens-là, qui ne peuvent supporter de voir un Sénégalais « techniquement compétent et politiquement conscient », pour reprendre nos aînés de la FEANF
( Fédération des étudiants d’Afrique noire), réussir sa mission. Le Club des Investisseurs a fait un excellent choix de faire appel à une excellente compétence et je ne peux qu’encourager sa direction et ses membres à continuer à faire confiance à l’une des meilleures intelligences sénégalaises
».

« Une guerre interne qui l’a fait se décider de son avenir politique »

Thierno Bocoum, son ancien compagnon au parti Rewmi d’Idrissa Seck, retient de Dr. Abdourahmane Diouf, son sens patriotique. « Abdourahmane est un patriote. C’est un Sénégalais qui aime son pays et qui s’est engagé de différentes manières pour son émergence: D’abord en tant que jeune cadre qui fait scintiller le drapeau du Sénégal dans les institutions internationales à travers une expertise et une expérience avérée et respectée. Ensuite, en tant qu’homme politique qu’il fut. Homme politique engagé et au front, qui a tout donné, en termes de force de propositions et de solutions face aux différents enjeux qui interpellent notre jeune nation. Enfin en tant qu’investisseur sénégalais et vecteur de l’émancipation du secteur privé national dans le cadre du Club des investisseurs sénégalais. C’est un Sénégalais émérite, qui a tout donné pour son peuple et qui continue déjouer sa participation de manière formidable dans notre quête d’émancipation et de souveraineté. »

Selon des sources internes de Rewmi, l’ex-porte-voix de Idrissa SECK pèche souvent par excès de confiance, voire d’opportunisme. Abdourahmane Diouf aurait tenté de faire une Opa sur le parti après la défaite de février 2019. Mais sa volonté d’hériter des rênes de Rewmi a buté sur celle de Idrissa Seck, qui a décidé de porter encore la bannière Orange à la Présidentielle de 2024. « Je ne sais pas encore ce qu’ils se sont dit, mais il est de notoriété publique que Abdourahmane Diouf avait l’ambition de diriger le Rewmi. Ce qui est tout à fait normal. Parce qu’il y avait d’autres cadres qui même s’ils n’ont pas son talent, prétendent légitimement au poste de n°1 du Rewmi. Je pense qu’au-delà du contrat signé avec le CIS, Abdourahmane DIOUF a fait l’objet d’une guerre interne qui l’a fait se décider de l’option à prendre

C’est-à-dire de quitter la politique, qu’il pourrait rejoindre plus tard et d’accepter le poste de Directeur exécutif du CIS, qui le rapproche du pays et des magnats de la finance locale.

Mais cela n’a jamais été de tout confort. Même si personne ne doute de sa compétence, la gestion du Club des investisseurs par Abdourahmane serait très influencée par sa proximité avec certains de ses employeurs. Quand l’affaire Akilee a éclaté, beaucoup de membres ont pointé du doigt sa supposée proximité avec Victor Ndiaye, actionnaire de Akilee et vice-président du CIS. Une accusation qui a poussé de grosses pointures du Club à la démission. Surtout Madiambal Diagne, le patron de Avenir Communication, qui passe son temps à dénoncer le contrat Senelec/Akilee. « On se demande si les parties qui négociaient pour la société nationale d’électricité ont vraiment mis en avant les intérêts de l’entreprise. L’Agent judiciaire de l’Etat devrait pouvoir faire annuler un contrat aussi léonin », s’est-il fendu le 18 mai dernier. Avec un titre interrogatif : Akilee-Senelec, qui doit crier au voleur ?

« C’est Babacar NGOM qui est la cible »

En plus du soutien de Akilee, il est reproché à Dr. Abdourahmane DIOUF un salaire mensuel faramineux de 18 millions F CFA. Une somme jugée exagérée par des sources proches du dossier, même s’ils ne livrent pas le montant exact.

« Le Club des Investisseurs ne paie pas Dr. Abdourahmane Diouf en personne. Le club verse des honoraires au cabinet de Dr. Abdourahmane Diouf, qui a mis à la disposition de cette organisation, une vingtaine de personnes qui travaillent pour son fonctionnement », explique-t-on. « D’habitude, les gens recrutent un directeur exécutif à titre personnel. Ce qui n’est pas le cas avec Dr. Abdourahmane Diouf, qui a signé un contrat, par le biais de son cabinet, avec le CIS. Ceux qui parlent de limogeage ne savent pas ce qui se passe. On ne peut pas renvoyer Dr. Abdourahmane Diouf avant l’expiration du contrat. Son cabinet a signé un contrat avec le CIS et son ambition est de continuer à l’exécuter », précise un membre du cercle fermé de Dr. Diouf.

Un témoignage qui coupe court à la rumeur sur une supposée volonté de démission du Directeur du Club des Investisseurs Sénégalais. Au sein de cette association d’hommes d’affaires, il se susurre même que le problème ce n’est pas Abdourahmane Diouf. « La crise au club, explique un membre, dépasse sa personne. En réalité, c’est Babacar Ngom qui est la cible ». Le temps nous le dira.




L'Observateur

Ndèye Fatou Kébé