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Crise scolaire: Tous coupables !

Le drame, dans notre pays, c’est que c’est toute l’élite intellectuelle, qui est finalement responsable de l’état de délabrement dans lequel se trouve la vie politico-syndicale avec des répercussions sur les secteurs sociaux, particulièrement l’Education mais aussi la Santé et l’Action sociale, pour ne citer que ceux-là. Nous n’en voulons pour preuve que la tentative de ligoter les travailleurs par un prétendu pacte national de stabilité sociale et d’émergence économique (PNSSEE), visant l’objectif zéro grève, comme s’il était possible d’arrêter la lutte des classes pour les beaux yeux des Institutions financières internationales !


Rédigé par leral.net le Dimanche 3 Mai 2015 à 11:35 | | 0 commentaire(s)|

Crise scolaire: Tous coupables !
Il est également tout à fait illusoire d’espérer ne serait-ce qu’un simulacre de respect des normes de la part des syndicalistes de type nouveau, quand la scène politique est caractérisée par l’acceptation par la classe politique de l'unanimisme, de la transhumance et du reniement comme étant des pratiques tout à fait recevables. Les rares voix discordantes comme celles de Mata Sy Diallo de l'AFP ou Moussa Sarr de la LD ont tôt fait d’en subir les conséquences.
Malgré les fortes dénégations des partisans de la “ rupture verbale”, on observe toujours de la part des membres du Gouvernement de la République la persistance du dilatoire, du louvoiement et du non-respect d’accords dûment signés. Toute action revendicative est perçue comme subversive par le pouvoir en place, ce qui conduit à une diabolisation de travailleurs en lutte selon les canons de l’idéologie dominante, que se sont approprié certains ténors de la majorité, particulièrement arc-boutés à des strapontins généreusement distribués par le Chef Suprême.

Par ailleurs, il est vrai que les leaders des principaux syndicats les plus déterminés et qui sont particulièrement bien représentés au niveau de l’enseignement moyen, sont pour la plupart, d’anciens volontaires ou vacataires surqualifiés pour leurs postes ou des rejetons de l’ancienne clientèle politique des partis senghorien ou wadiste, pudiquement dénommés « ailes de dinde » ou éléments du « quota sécuritaire ». Ils ne se reconnaissent pas du tout dans l’héritage de leurs aînés, qui d’opposants irréductibles au régime senghorien sont devenus, à la faveur des stratégies dioufistes de décompression sociale et de l’entrisme gouvernemental, des adeptes disciplinés des recettes maléfiques de la Banque Mondiale.

Ce sont ces anciens syndicalistes des années 70-80, qui avaient organisé ou cautionné la politique de nivellement par le bas des officines de Bretton-Woods au niveau de l’Education Nationale, devenus experts consultants, qui se proposent comme médiateurs pour éteindre les feux que l’inconséquence de nos gouvernants successifs continue d’entretenir.

Le seul tort des organisations syndicales d’enseignants, dont le marathon syndical épique semble devoir se terminer dans la confusion, c’est précisément, leurs stratégies de lutte inadaptées au contexte national.

En effet, dans un pays où depuis des décennies, l’Ecole et la Santé Publiques ont été sacrifiées sur l’autel d’une privatisation sauvage, les longues grèves ne pénalisent que les couches populaires, alors que ce sont précisément ces dernières qui sont les alliées les plus sûres des instituteurs, professeurs de lycées, infirmiers et médecins de brousse, qui les servent dans les contrées les plus lointaines de notre pays. Il devient alors facile pour le pouvoir central et ses relais au sein du mouvement syndical d’isoler les processus revendicatifs des syndicats de l’Education et de la Santé des larges masses populaires gagnées par la lassitude, lors de ces grèves interminables.

C’est lieu de déplorer trois tares qui gangrènent le mouvement syndical sénégalais depuis les années 60 avec une exacerbation notoire lors du règne de l’équipe libérale sortante.

Il y a d’abord l’absence de démocratie syndicale se manifestant par:
• les accointances de certains secrétaires généraux avec le pouvoir, dont ils sont parfois les conseillers,
• des crises au niveau de divers syndicats de base (SUTSAS, SUTELEC, CUSEMS...)
• l’opacité dans la vente des cartes de membres conduisant à une désignation tronquée des délégués aux Congrès, dont la périodicité n’est plus respectée,
• le non-respect des dispositions sur la limitation des mandats du secrétaire général,
• la confiscation des organes dirigeants et des ressources de syndicats, par des groupes dont certains membres n’ont même plus la qualité de travailleur en activité,

Il y a ensuite le corporatisme étroit empêchant les syndicalistes préoccupés par de basses motivations pécuniaires, de placer leur lutte dans le cadre du processus global de libération de leur peuple. C’est ainsi qu’ils n’hésitent nullement à se faire coopter dans des institutions budgétivores (CESE, Haut Conseil du Dialogue Social...), dont se sert le parti au pouvoir pour caser sa clientèle politique, particulièrement les transhumants. N’est-il pas curieux, qu’au moment même où on refuse aux travailleurs une indemnité de logement, on crée, à tout va, des hauts Conseils, on augmente les salaires des membres du CESE où siègent d’éminents représentants du monde syndical ?

Enfin, on note, à travers les luttes syndicales menées ces dernières années, un manque notoire de solidarité entre travailleurs, qui fait que les agents de santé commencent leur grève, au moment où les enseignants terminent la leur, que les médecins rechignent à coordonner leurs luttes avec celles des agents paramédicaux, qu’une organisation syndicale donnée souhaite l’échec de la grève initiée par sa rivale du même secteur.

C’est le lieu d’en appeler à l’unité syndicale, pour la satisfaction des revendications fondamentales du monde du travail, qui reste la seule force capable d’initier de véritables ruptures dans la gestion des affaires de la Cité face à la nomenklatura politique trans-parti !

NIOXOR TINE