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DAOUDA FAYE sur l’echec d’AMARA TRAORE : « Les grands attaquants ne font jamais de bons entraîneurs… »

Les crises dans le sport et les différents échecs du sport sénégalais, ont été soumis à la lecture de l’ancien ministre Daouda Faye. Lequel avait été au cœur de la crise du football avec son bras de fer avec la Fédération qui avait finalement abouti au retrait de délégation d’abord et à sa dissolution ensuite. L’ancien ministre des Sports a soutenu avec l’échec du coach Amara Traoré lors de la précédente Can, que les grands attaquants ne font jamais de bons entraîneurs. Entretien.


Rédigé par leral.net le Lundi 18 Juin 2012 à 10:59 | | 0 commentaire(s)|

DAOUDA FAYE sur l’echec d’AMARA TRAORE : « Les grands attaquants ne font jamais de bons entraîneurs… »
On va sortir de la politique, pour parler du sport. Vous avez été ministre des Sports et vous avez géré la crise avec la Fédération de football. Aujourd’hui avec le recul quelle est votre lecture de cette situation ?

J’ai beaucoup fait dans le sport. Le problème entre la Fédération sénégalaise de football (FSF) et Daouda Faye, ministre des Sports, c’était juste une question d’application des textes. La FSF voulait l’application des textes de la FIFA et le ministre des Sports que j’étais, avait demandé que ces textes soient adaptés à notre législation. Nous avons une charte du sport, il ne faut pas l’oublier. Il ne faut pas oublier que nous avons légiféré pour l’ensemble des disciplines sportives. On ne peut pas sortir une discipline sportive du cadre réglementaire et légiférer pour les autres. C’est la raison pour laquelle, quand ils ont insisté, j’ai enlevé la délégation de pouvoir. Nous sommes allés en arbitrage à la FIFA qui a demandé la mise en place d’un comité pour harmoniser. Voilà comment çela s’est terminé. Malheureusement avant la fin, je suis parti.

Oui, mais il y avait toujours eu des désaccords aussi sur le choix des entraîneurs.

Tout à fait, il s’agit du duo Amara Traoré et Abdoulaye Sarr. Vous savez, moi je dis toujours ce que je pense. On avait un sélectionneur qui s’appelait Guy Stéphan, et deux adjoints Abdoulaye Sarr et Amara Traoré. Quand Guy est parti, j’ai dit qu’il faut le remplacer. Ces deux-là, s’ils étaient capables, on n’aurait pas embauché Guy. Il fallait le remplacer par quelqu’un de sa dimension. Pendant que je cherchais à remplacer Guy, les gens ont dit qu’il fallait que ces deux-là montent. C’est le même cas actuellement. Ils vont commencer à pousser Koto. Tout le monde à l’époque était contre Vava. J’ai dit : «Ok, puisque c’est ce que tout le monde veut, on va le faire. Mais je reste convaincu que ce n’est pas la bonne solution». On l’a fait. On a eu un parcours assez correct. Mais aujourd’hui, les gens me donnent raison. Voilà un peu les contentieux que j’avais. Parce que moi, j’étais venu pour redresser.

Est-ce cela qui explique tous ces conflits entre vous et notamment les acteurs du football ?

J’ai eu à le dire une fois en conseil des ministres, j’étais un peu énervé. J’ai dit : «Les Sénégalais n’aiment pas le sport. Ils aiment les compétitions sportives». Le sport est devenu un moyen de promotion économique et social. Il est devenu un moyen de lutte contre les maladies. La pratique du sport est devenue un droit, comme le droit à la santé, celui à l’éducation. N’importe quel citoyen doit pouvoir pratiquer le sport de son choix, dans sa localité avec des infrastructures mises en place par l’Etat, encadré par des techniciens formés par l’Etat. L’Etat n’a pas délégué le Sport, il a délégué les compétitions sportives. La pratique du sport reste sous l’autorité de l’Etat qui doit s’en occuper. J’étais venu pour faire ça. Il y avait les stades régionaux. J’avais le projet de faire dans chaque département un terrain gazonné, même sans tribune. Les gens pouvaient se mettre autour du terrain, pour assister aux joutes car pour moi, le spectacle c’est ça qui prime. Le président m’avait compris…

Mais cela n’explique pas tous ces conflits

Nous avons raté toutes les chances que nous avons eues de gagner la Coupe d’Afrique, depuis Asmara avec des générations exceptionnelles Louis Camara, Louis Gomis, Matar Niang… Des gens brillants. Mais dans l’organisation, nous avons perdu. On a eu ensuite la génération de Caire 86, avec les Bocandé, Oumar Gueye Sène Locotte et autres… une autre génération exceptionnelle. La gestion a été mauvaise, on a perdu. Avec la génération des Diouf et autres en 2002, les mêmes causes ont eu les mêmes effets. Même si pour la première fois, le Sénégal a joué la finale. Moi en quittant le ministère des Sports, on était qualifié. On était premiers de la poule avec Kasperczak. On était meilleur au basket et partout. Malgré tout il y a eu la cacophonie habituelle. On a échoué. L’entraîneur est parti en disant qu’il ne comprenait pas. Ensuite, on a eu cette génération de la CAN 2012 qui je le dis tout haut est la meilleure de toutes les générations. Mais qu’est ce qui s’est passé. Vous savez… (Il ne termine pas sa phrase). Amara, c’est mon ami. J’ai même dormi chez lui. Mais vous savez les grands attaquants ne font jamais les bons entraîneurs. Les bons entraîneurs, ce sont ceux qui ont évolué à partir du milieu de terrain et derrière parce qu’ils ont l’habitude de voir le jeu, de pouvoir le lire. Prenez les exemples de Platini, de Diego…ils ont échoué lamentablement.

Mais vous semblez vous focaliser sur le football. Mais c’est le sport sénégalais qui dans son ensemble connaît une évolution en dents de scie. Alors comment vous en tant que patron de la tutelle pouvez-vous nous expliquer cela ?

On n’a pas encore réussi à gérer une campagne. La cause est toute simple. Au moment d’aller en campagne et même pendant la campagne, tous les Sénégalais sont des techniciens. Ils utilisent la presse pour faire passer leurs opinions très erronées et dévastatrices. Ils arrivent à empester l’atmosphère. Une campagne de CAN, ça se gère au plan administratif, au plan technique et au plan psychologique. Il faut tout ça et bien gérer. En 2006, on n’avait pas de très grands joueurs. On est partis d’ici avec des problèmes, mais on a bien géré. Sans gagner de matches, nous sommes allés au deuxième tour. On a même failli aller en finale. Mais espérons qu’avec cette nouvelle génération, les choses vont évoluer comme on l’espère.

Recueillis par Souleymane KANE et

Frédéric Atayodi
Lesenegalais