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DEMBA RAMATA (Je suis le fils de ma mère)

Rédigé par leral.net le Samedi 12 Mai 2012 à 16:29 | | 3 commentaire(s)|

Je m’appelle Demba .Ma mère, elle s’appelle Ramata. Mais ce n’est pour cela que je suis le fils de ma mère. Je suis le fils de ma mère pour autre chose. Alors pourquoi suis-je le fils de ma mère ?


Lorsque je veux téléphoner à un ami ou à un parent, je demande à ma mère de me prêter son téléphone ou de me donner quelques pièces de monnaie pour recharger du crédit dans mon téléphone.
Je suis un vrai pur produit de l’enseignement général. Je sais un peu de tout au point que finalement je ne sais rien. Tout ce que je sais finalement c’est que je ne sais rien pour paraphraser Socrates. Jusqu’en classe de quatrième, je ne savais pas pourquoi j’allais à l’école. Au risque de vous étonner, j’ai fait le lien entre l’école et le travail que plus tard c'est-à-dire lorsqu’une commission nationale d’orientation est passée dans notre établissement alors que j’étais en classe de troisième. Après les avoir écouté, j’ai compris beaucoup de chose. J’ai pris conscience de l’enjeu de l’école. L’art de vaincre sans avoir raison.
On m’a dit que « de savoirs vient avoirs. » Mais ce que je sais me permet-il d’avoir de l’argent pour me prendre en charge. Ha ! Est ce que la formation que j’ai reçue est adéquate aux besoins d’emploi ?
Me Abdoulaye Wade, un jour a dit ceci de mémoire en parlant des chômeurs « En vérité, ceux qui chôment, ce n’est pas par ce qu’ils sont incompétents mais plutôt ils chôment par ce qu’ils ont eu la mal chance d’avoir acquis des formations qui ne correspondent aux besoins du monde du travail. Bref ! Le travail donne de la dignité autrement dit il vous permet d’être quelqu’un de respectable. Il vous évite d’être le fils de votre mère.
Lorsque je veux me coiffer ou lorsque je veux aller danser, je demande à ma mère de me donner quelques pièces de monnaie.
Examinons simplement cette notion de chômeur tant galvaudé dans notre pays. Sur ce, on m’a dit qu’il y a deux types de chômeurs : le chômeur en temps partiel et le chômeur en temps total. En termes simples, le chômeur en temps partiel, c’est celui qui mène de temps en temps des activités lucratives. Tandis que le chômeur en temps total est celui qui est totalement oisif qui se retourne les pouces à longueur de journée chaque jour que Dieu fait et qui passe tout son temps à ne rien faire.
Je chôme. Pourquoi je chôme ? Dans mon pays, lorsque vous n’êtes pas le fils d’une telle personnalité politique ou administrative, lorsque vous n’êtes pas recommandé par une personne hautement bien placée, lorsque vous n’êtes pas né (e) dans une famille qui a une entreprise vous n’avez aucune chance de faire de stage. Quand bien même que vous réussissez à décrocher un stage, il faut avoir une chance pour mille pour être recruté. Sur ce chapitre, on m’a dit que trouver du boulot ne dépend de la compétence et de l’expérience mais que cela dépend de la volonté de votre employeur c'est-à-dire qu’au départ il faut qu’il ait envie de te prendre. La volonté avant la compétence.
Je suis dans un pays où plus de 75% de la population est pauvre ; où 350.000 personnes sont salariées ; où la retraite est à 60 ans pour certaines catégories professionnelles. On m’a dit que l’ancien régime a augmenté les salaires. On m’a dit qu’on a augmenté leur pouvoir d’achat. C’est vrai qu’on a augmenté leur salaire. C’est vrai qu’en augmentant leur salaire, on augmente le pouvoir d’achat.
Je dis « on m’a dit » par ce que je n’ai jamais été salarié. Certains pour se moquer de cette mesure disent que lorsque les salaires ont pris les escaliers et les prix ont l’ascenseur. Et les autres Sénégalais qui ne sont pas des salariés : qu’est ce que le nouveau gouvernement mis en place compte faire pour eux ? On nous a promis 500.000 emplois. Le Mouvement Y’EN A MARRE doute. Mais Wait and see !
Lorsque je veux aller déposer un dossier, ou lorsque je veux rendre visite à ami, je demande à ma mère quelques pièces de monnaie.
Le Sénégal est le rare pays où le prix du transport public est plus cher que le transport privé. Lorsqu’au niveau international, on augmente le prix du baril de pétrole, la répercussion est immédiatement faite sur le prix du carburant .Mais quand c’est le contraire les commerçants d’hydrocarbures et les transporteurs trainent les pieds au grand dam des consommateurs. A titre d’exemple, la baisse du prix des denrées de premières nécessités décidait par le nouveau gouvernement n’est pas encore effective selon les comptes rendus faits par la presse sur ce sujet. Face à une telle situation que faire ?
L’état en supprimant le corps des contrôleurs économiques malgré la mise en place d’un numéro vert à la disposition des populations pour dénoncer les cas de non application par les commerçants des mesures de baisse de prix sur les denrées de premières nécessités reste impuissant voir prisonnier de lobbies des organisations commerciales. Je doute de l’efficacité de ce numéro vert pour amener les commerçants à respecter la vérité des prix. Car ce n’est pas dans nos cultures de dénoncer nos voisins d’actes délictuels du genre du non respect de mesures prises par une autorité politique ou administrative.
Lorsque je veux boire du café ou du thé, je demande à ma mère quelques pièces de monnaie. Car le boutiquier Peul Fouta, mon voisin, n’accepte pas de me prêter. Il sait que je ne travaille pas. En effet, les banques comme les commerçants ne prêtent pas à ceux qui n’ont rien autrement dit aux pauvres.
Sais t’on au jour hui sur des bases scientifiques, comment le conflit entre le Sénégal et la Mauritanie est arrivé ? Selon le Professeur Amadou Aly DIENG de l’UCAD (lors d’une émission récente avec Sada Kane) il n’y a aucune étude scientifique qui a été faite sur ce sujet pour déterminer les causes à l’origine et en tirer les leçons pour la postérité.
Au Sénégal, le commerce du détail étant monopolisé par les peuls fouta, l’Etat doit prendre des mesures idoines de prévention pour éviter l’avènement de ce qu’on pourrait appeler « Les événements des Peuls Fouta au Sénégal» par allusion aux « évènements des Maures en 1989 »
Pourquoi ?
Par ce que les sénégalais qui ont du mal à joindre les deux bouts, accumulent beaucoup de frustrations liées au fait que la plus part des commerçants refusent d’observer la baisse des prix sur les denrées de premières nécessités. L’accumulation de ces nombreuses frustrations pourrait aboutir à la production d’actes de violences regrettables. Le risque est potentiellement important pour rester indifférent à cette menace.
Chez moi, je suis logé dans la même chambre que mes frères. Je suis leur chef de chambre. Dans notre société, lorsqu’un fils réussit, il est le




fils du père et de tout le monde mais s’il échoue, il devient le fils de sa mère. Seulement de sa mère.
NB : DEMBA RAMATA est une fiction basée les dures réalités que vivent les jeunes diplômes sénégalais au chômage.
Baba Gallé DIALLO Responsable du site web du SNEIPS / MSAS
Tel : 338275513 /702012271 / 774582609




1.Posté par HODDERE PINAL le 14/05/2012 11:02 | Alerter
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La contribution que vous apportez est tres importante mais malheureusement c'est un secret de pollichinelle pour l'Etat du Sénégal.
Dans un pays ou on a que 500.000(d'aprés vos chiffres) salariés, si on augmente les salaires à qui cela va profiter.
Au temps même si CPSP (Caisse de Préquation et de Stabilisation des Prix) ne faisait l'affaire de tous les Sénégalais mais quand même elle permettait à l'ensemble de la population surtout les zones les plus reculées que leurs fils soient salaiés ou pas de bénéficier à des prix raisonnables.
pourquoi un intellectuel qui a fait ses preuves chome alors que son voisin qui passe tout son temps à dormir trouve un emploi?
Un politicien a plus de chances chez nous de travailler que les autres qui en font pas.
C'est malheureux de le constater mais les riches aussi peu soient deviennent de plus en plus riches et les pauvres, j'en fais partie égars par le train de vie, passe tout leur temps à naviger sur le net à la recherche d'un travail d'un stage étant donné qu'on ne donne pas de bourses d'études aux étudiants "fils de leur mére".
Bonne lecture

2.Posté par Mya le 14/05/2012 14:46 | Alerter
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Beau récit!!!
Malheureusement tout ce que vous relatez n'est que la pure réalité. On est dans un pays ou seul les bras longs peuvent assurer votre sécurité. Mais il est temps que ça se termine de dire non à ce système.
Si on souhaite réellement faire parti de ces pays qui aperçoivent le bout du tunnel, nous devons faire place plus aux compétences qu'à la provenance.
Mais nous "fils, filles de leur mère" aillons toujours confiance en nous et en nos compétences. Nous faisons parti de ces gens qui sont appelés à toujours se battre dans leur vie pour avoir quelques choses (même l'amour), alors ne baissons jamais les bras. Au contraire que ça soit la facilité qui nous effraie et non la difficulté

3.Posté par HODDERE PINAL le 21/05/2012 16:07 | Alerter
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Merci Mya
je crois que maintenant tout le monde est conscient du probléme et osons espérer qu'un jour qu'il y'aura changement.

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