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De qui se moque Robert Sagna quand aujourd’hui il déclare tout de go que la revendication de l’indépendance de la Casamance n’est pas un délit ? (Jean-Marie François Biagui)


Rédigé par leral.net le Dimanche 17 Mai 2015 à 17:23 | | 12 commentaire(s)|

De qui se moque Robert Sagna quand aujourd’hui il déclare tout de go que la revendication de l’indépendance de la Casamance n’est pas un délit ? (Jean-Marie François Biagui)
Lorsque Robert Sagna dit que la revendication de l’indépendance de la Casamance ne saurait être un délit, cela donne la nausée, c’est-à-dire que cela donne envie de vomir. C’était le dimanche 17 mai 2015, depuis Ziguinchor, sur les ondes de la radio RFM, dans le cadre de l’émission ‘‘Remue Ménage’’ animée par le journaliste Alassane Samba Diop. Car, à la naissance du conflit en Casamance, consubstantiel justement au délit de la revendication de l’indépendance de la Casamance, Robert Sagna était déjà membre du gouvernement de la République, dont il est resté par ailleurs un ministre pendant 22 ans sans discontinuité sous les régimes Senghor et Diouf.

Or, c’est exactement sous les gouvernements successifs du président Abdou Diouf que le Sénégal a connu le plus grand nombre de prisonniers politiques de son histoire, dont le tort, le seul, est précisément d’avoir osé revendiquer l’indépendance de la Casamance, ou simplement d’être réputés indépendantistes. Des figures emblématiques du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC), tout comme des Casamançais anonymes, tous ressortissants de tous les coins et recoins de la Casamance, y compris donc de Brin, village natal de Robert Sagna, l’ont payé trop cher pour en être marqués de manière définitivement indélébile.

C’est également sous le régime Diouf que le Sénégal s’est découvert comme un Etat et une Nation où des exécutions sommaires, aveugles et extrajudiciaires sont possibles, et même opérées de manière avérée, pour devoir être dénoncées et condamnées en tant que telles par des ONG de défense des droits humains telles que Amnesty International et la Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l’Homme (RADDHO). Et ce, nonobstant les victimes de la féroce répression menée le 26 décembre 1982 par l’Etat contre la mémorable marche re-fondatrice du MFDC et que des sources diplomatiques avaient estimées à plus de 200 morts.

Et comme pour témoigner, s’il en était besoin, du peu de cas dont il a toujours fait montre à l’égard de la crise en Casamance, Robert Sagna affirmera, en marge de ladite émission, que ce ne serait pas la question de l’indépendance de la Casamance qui ferait l’objet d’éventuelles négociations entre l’Etat et le MFDC, mais la paix. Autrement dit, pour Robert Sagna, l’alternative à l’indépendance de la Casamance, cest la paix. Plus machiavélique serait certainement celui qui s’essaierait à suggérer en l’occurrence une assertion plus fumeuse que celle-là.

Aussi, est-ce l’occasion, ou le lieu, de lancer un énième cri du cœur à l’intention du chef de l’Etat. Et c’est pour dire au président Macky Sall : Plus jamais ça ! En effet, nous ne voulons plus souffrir la moindre forme d’hypocrisie ou de cynisme d’Etat que ce soit, en particulier dans la gestion nécessairement concertée et mutualisée du processus de paix en Casamance. Mais nous voulons surtout rappeler au président de la République que la nécessité d’un processus inclusif de paix en Casamance ne doit aucunement constituer le prétexte d’y inclure, coûte que coûte, des hommes et des femmes qui ont fini de se dévoiler à la face du monde, à la faveur du temps, et fatalement à la faveur de cela, comme des personnes définitivement malintentionnées.

Dakar, le 17 mai 2015.

Jean-Marie François BIAGUI
Président du Mouvement pour le Fédéralisme
et la Démocratie Constitutionnels (MFDC-fédéraliste)