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« De simples humains ne peuvent pas voiler la face à une Institution Divine »

Rédigé par leral.net le Jeudi 10 Novembre 2011 à 21:46 | | 0 commentaire(s)|

Suite à la publication de l’article « LEGLISE se voile la face » à propos du foulard religieux, permettez –nous d’apporter une petite contribution à ce sujet pour éclaircir quelques amalgames qui risquent d’éterniser un « FAUX DEBAT » inutile


« De simples humains ne peuvent pas voiler la face à une Institution Divine »
Même si cette histoire du foulard religieux a fait couler beaucoup d’encre depuis un certain temps, nous refusons qu’elle soit qualifiée de crise ou de quelconque crispation ou de menace de cohésion entre les musulmans et les chrétiens du Sénégal. Que l’on soit sociologue, philosophe, psychologue ou docteur de je ne sais quelle « sagesse » cela ne justifie pas du tout le discours académique voire sociologique et théologique qui vise à semer le doute et la haine chez les populations. Il n y a pas plus dangereux qu’un intellectuel qui utilise son savoir pour nuire et c’est dommage qu’on veuille utiliser des mots sans comprendre leur sens. En quoi cette situation s’apparente t-elle à une croisade ou une intention de vouloir instaurer une fracture fraternelle? Demandez-vous à un sénégalais musulman ou chrétien, de combattre son parent de sang (oncle, tante ,neveu, nièce, femme, mari, grand frère, grande sœur, cousin, père, mère…etc) ou simple ami? C’est de l’utopie il n’ y aura jamais de croisade dans ce Sénégal qui a toujours connu la vie fraternelle bien avant l’arrivée des religions d’Abraham(Islam et christianisme)jusqu'à nos jours. Pour en revenir à l’histoire de foulard, pensez-vous qu’un parent qui choisit délibérément de confier son enfant à une autre famille pour l’éduquer, puisse exiger aux parents qui l’accueillent de l éduquer non à l’image de ses propres enfants mais plutôt à sa propre manière ? Ne soyons pas plus royaliste que le roi. On ne peut venir dans une famille et exiger au père de famille sa façon de faire. Bref il est bon de rappeler ici la véritable mission de l’école privé catholique avant d’apporter quelques réponses face à certains amalgames.
 Mission de l’école privée catholique
L’Ecole catholique est mue par la volonté de mettre son projet éducatif, fondé sur un sens chrétien de l’homme, au service de la société, contribuant ainsi à l’ouvrir à la dimension spirituelle de la personne et de l’histoire. Elle se présente aussi comme une communauté chrétienne ayant pour base un projet éducatif enraciné dans le Christ et son Evangile »
En 1991, le Pape Jean-Paul II déclarait : « La personne de chacun, dans ses besoins matériels et spirituels, est au centre de l'enseignement de Jésus : c'est pour cela que la promotion de la personne humaine est le but de l'école catholique » l'enseignement catholique associé à l'école de la République apporte une contribution originale à l'éducation des jeunes. IL les considère chacun comme une personne à aimer et à faire grandir en réponse à l'Espérance que Dieu nous confie en Jésus-Christ. Il accompagne leur développement cognitif, affectif, social et spirituel dans le respect de la démarche de chacun. « L’Enseignement Catholique ne peut pas renoncer à la liberté de proposer le message et d’exposer les valeurs de l’éducation chrétienne. Il devrait être clair à tous qu’exposer et proposer n’équivaut pas à imposer. ». Chacun est libre de faire son choix. « La vraie liberté est en l’homme le signe privilégié de l’image divine. Car Dieu a voulu le laisser à son propre conseil pour qu’il puisse de lui-même chercher son Créateur et, en adhérant librement à lui, s’achever ainsi dans une bienheureuse plénitude. La dignité de l’homme exige donc de lui qu’il agisse selon un choix conscient et libre, mû et déterminé par une conviction personnelle et non sous le seul effet de poussées instinctives ou d’une contrainte extérieure»33 Gaudium et spes, § 17
L’Ecole Catholique vit quotidiennement la réalité du dialogue interreligieux en son sein. Refusant tout endoctrinement, elle se veut, par conséquent, ouverte à toutes les personnes qui acceptent son projet éducatif. L’Ecole catholique puise sa raison d’être et son souci de développement dans la mission même de l’Eglise. Elle est une famille, où chacun fait l’apprentissage de l’amour, du respect et de l’estime de l’autre, dans une cohabitation harmonieuse, conformément à l’enseignement évangélique : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit(…) Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Tout ce qu’il y a dans l’Ecriture, -dans la Loi et les Prophètes-, dépend de ces deux commandements » (Mt22, 37-40).
 Sur la laïcité
Cette laïcité dont vous parlez est loin d’être idéologique c’est la réalité d’une vie quotidienne. La laïcité dépasse désormais largement le cloisonnement du politique et du religieux et la liberté des cultes au sens strict. Depuis deux siècles, elle est au cœur de bon nombre de changements dans la vie civile et suscite des débats importants. Si, selon la volonté du constituant, elle est source de division pour certains, il reste pour le cas du Sénégal un facteur d’unité pour la nation. Par ailleurs nous n’avons vu nulle part dans la constitution de notre pays un article qui interdit à une école laïque ou non d'avoir un règlement intérieur et de l'appliquer. Par conséquent il relève de l’ironie que de vouloir parler de « surplus, dans une démocratie laïque, un règlement intérieur ne saurait se substituer à la loi fondamentale qui caractérise la république du Sénégal. »
 Sur les mouvements charismatiques et sur la désaffection religieuse
L avènement des mouvements charismatiques au Sénégal loin d’être le résultat d’une désaffection religieuse des années 80, fut au contraire une nouvelle étape de la nouvelle évangélisation traduisant l’application du concile Vatican II d’une part et qui sera suivi d’autre part par le synode des évêques en Afrique le synode diocésain de Dakar. Pour ce faire il faudra consulter les archives des différentes diocèses pour constater l’augmentation de baptisés catéchumènes à la Pâques en ces périodes.
 Sur la Théologie de la libération
D’abord comparaison n’est pas raison le Brésil, l’Argentine ou le Pérou n’est pas le Sénégal. Ici aussi il faudrait comprendre que si la théologie de la libération a été, pour les progressistes d'Amérique latine voire du monde, un pas en avant dans la défense des faibles ; cette démarche a toujours été dans l'action du Christ tout au long de sa vie par conséquent analyser à la lumière de la vie de l'Église elle a été une sorte de rébellion d'un certain prélat qui est allé au delà du vœux d'obéissance pour mener une lutte dans un contexte particulier pour "libérer" des pauvres et des faibles. Rappelons avant tout qu’il s’agissait de courant de pensée alors que l'Eglise en tant qu’institution divine n'a pas besoin de faire appel à des systèmes ou à des idéologies pour aimer et défendre l'homme, pour contribuer à sa libération » , s'opposant par ailleurs « à toutes les formes d'esclavage et de domination, à la violence, aux atteintes à la liberté religieuse, aux actes d'agression contre l'homme et la vie humaine ».Encore une fois jamais une influence de théologie de libération n’a soufflé sur l’Eglise du Sénégal.

 Sur l’interprétation de 1.Corinthien 11
Soyons modeste et humble en évitant de critiquer la religion d’autrui pour soit disant vouloir révéler ses incohérences. « Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l'œil de ton frère et n'aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil à toi ! Ou comment peux-tu dire à ton frère : Frère, laisse-moi ôter la paille qui est dans ton œil, toi qui ne vois pas la poutre qui est dans le tien ? Hypocrite, ôte premièrement la poutre de ton œil, et alors tu verras comment ôter la paille qui est dans l'œil de ton frère. » Luc, 6, 41
Les chrétiens de Corinthe ne disposaient pas de Bibles comme de nos jours. Ils attendaient les visites et les lettres de Paul pour croître dans la Foi. Il y avait donc source d'hérésies. Les femmes ont gardé un comportement qui mérite quelques redressements. L'impudicité était grande. Mais toute femme qui prie, ou qui prophétise sans avoir la tête couverte, déshonore sa tête : car c’est la même chose que si elle était rasée. Si donc la femme n’est pas couverte, qu’on lui coupe les cheveux. Avoir la tête rasée, ou les cheveux coupés, était une peine infligée aux femmes adultères.
La nature même ne vous enseigne–t–elle pas que, si un homme a une longue chevelure, c’est un déshonneur pour lui ? Mais si une femme a une longue chevelure, c’est une gloire pour elle, parce que la chevelure lui est donnée en guise (comme) de voile. Alors dans ce passage de st Paul la Parole de Dieu invite la femme chrétienne à garder des cheveux longs si elle doit prier ou prophétiser. Par conséquent ce contexte est loin d’être comparable à cette histoire de port de foulard à l’école.

 Sur le dialogue islamo-chrétien
Pour conclure rappelons quelques faits historiques sur le dialogue islamo-chrétien afin de montrer à ceux qui veulent briser cette cohésion fraternelle qu’ils prêchent dans le désert du virtuel. Un facteur historique à relever c'est le témoignage de l'Eglise et son action surtout dans l'enseignement, ouvert à tous et donc aussi aux musulmans. Ce qui a permis une fréquentation réciproque, source de connaissance réciproque, donc à la place de la peur et de la défense, c’est plutôt la rencontre enrichissante. Pour l'Eglise du Sénégal, ce qui est essentiel c'est de commencer par un dialogue de la vie fruit d'un amour vécu. Ce dialogue de vie est possible à tous. Tous, chacun restant fidèle dans ce qu'il est et dans le rôle qu'il joue dans la société ou dans sa communauté de foi, dès qu'ils s'ouvrent à l'autre dans l'amour, deviennent immédiatement acteurs de dialogue dans n'importe quel milieu où ils vivent et avec n'importe quel genre de personnes avec lesquelles ils cohabitent, fussent-elles des croyants. L'Episcopat sénégalais, qui opte décidemment pour un dialogue de vie, déclare : « Pour nous, catholiques, il doit être clair que c'est Dieu et non pas l'homme qui par son Esprit convertit les cœurs. A nous il demande de témoigner la vie nouvelle en Jésus le Seigneur, par notre fidélité à l'Evangile, par notre amour fraternel jusqu'au pardon des insultes, et par notre foi en sa présence dans le cœur de tout homme » Au cours d’une visite de courtoisie à l’archevêque de Dakar, le cardinal Théodore Adrien Sarr, vendredi 6 mai, Les représentants de la Ligue des imams et prédicateurs du Sénégal (LIPS) qui compte plus d’un millier de responsables et guides religieux musulmans dans le pays ont salué le travail de l’Église catholique qui, depuis son implantation dans le pays, œuvre dans le domaine social, en construisant des dispensaires et des écoles. La sincérité d’une telle démarche n’est rien d’autre qu’une réalité de dialogue islamo-chrétien qu’aucune distraction ne peut ébranler. La qualité des relations entre sénégalais musulmans et catholiques a été démontrée plusieurs fois au monde entier par exemple : lors de la visite, en février 1992, du pape Jean Paul II. A cette occasion, des musulmans avaient préparé "avec joie et ferveur" cette visite. Alors tournons la page et restons plus que jamais enraciner dans ce dialogue fraternel qui au-delà de la tolérance est plutôt le respect et l’amour de l’autre qui est accepté dans sa différence «bollo moy dole , te jam ci la lep xacc » le Sénégal nous appartient tous et nous devons le construire ensemble.
Si tu diffères de moi, frère, loin de me léser, tu m'enrichis (Saint Exupéry)
Un Groupe de laïcs engagés