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Défilé du 4 avril, entre fierté et soulagement ! (Par Abdou Latif Coulibaly)

Le lundi 4 avril 2016, j’ai assisté, depuis la tribune officielle, au défilé des troupes, des anciens combattants et des jeunes citoyens, dans le cadre des festivités marquant la célébration du cinquante sixième anniversaire de l’accession de notre pays à la souveraineté internationale, à l’indépendance nationale. Après avoir suivi cette belle prestation, mon esprit a sauvegardé le sentiment que quelque chose d’important se passe dans la conduite du destin de notre peuple, sans que le commun des Sénégalais ne s’en rende nécessairement compte de façon très évidente. Paradoxalement, c’est le cas également pour certains acteurs politiques supposés pourtant plus avisés et plus vigilants que les citoyens ordinaires occupés par leur quotidien.


Rédigé par leral.net le Jeudi 7 Avril 2016 à 12:35 | | 12 commentaire(s)|

Certains d’entre eux semblent ignorer que leur intérêt politique ne saurait guère et toujours s‘accommoder, sous peine de surprises désagréables, d’un déni constant d’une réalité qui crève les yeux. Déni en effet d’une nouvelle réalité politique qui imprime une forte dynamique de progrès à la Nation, sous leurs yeux incrédules ou embués par les fumées de la politique politicienne. C’est l’ancien Premier Ministre Idrissa Seck qui, avec sa rhétorique habituelle et sa hautaine prétention assène : « J’invite le président à changer de cap (…). Notre armée joue un rôle extrêmement important. La première fonction de l’Etat c’est de garantir la sécurité et la stabilité. Cela nécessite des hommes bien vigoureux, bien formés et des équipements de qualité (…). » Soit il est frappé d’une très grave cécité politique, ou administre la preuve d’une mauvaise foi manifeste, s’alimentant à la source d’un ressentiment tenace que rien ne peut justifier dans l’arène politique sénégalaise, pour oser soutenir que le Chef de l’Etat n’a pas pris conscience de cette exigence. Une exigence d’évidence, disons-nous, rappelée avec une certaine malice, pour tenter de faire croire qu’il s’est montré enfin à la hauteur, en rompant avec ses déclarations habituelles visant plus les personnes que leurs idées, leurs faits et gestes. Toutes choses qui éloignent souvent et si peu les propos critiques de M. Seck de la frontière de la médisance ou de l’invective. Des vices qui sont les fossoyeurs les plus sûrs de toute démocratie, alors que la contradiction intelligente et sereine en est la source nourricière.

Du haut de la tribune où avait pris place l’ensemble des représentants des corps constitués de ce pays, on pouvait contempler le professionnalisme des forces de défense et de sécurité, défilant et paradant fièrement devant le Chef de l’Etat et la Nation. On sentait le moral de la troupe haut et on pouvait également constater avec beaucoup d’assurance la consistance du matériel exhibé, rendant si soulagés, les officiers généraux jusqu’aux hommes de troupe, de même que les citoyens venus nombreux. Le Chef de l’Etat déclarait dans son discours du 3 avril : « (…) Voilà pourquoi j’ai entrepris de renforcer les moyens humains et matériels de nos Forces de défense et de sécurité afin que leurs capacités opérationnelles soient à la hauteur des défis nouveaux. Je tiens, également, à l’amélioration constante de la condition militaire, facteur important du moral des personnels. C’est le sens de la construction des nouvelles infrastructures des Armées, de la revalorisation du traitement des personnels militaires et de l’allocation d’une prime forfaitaire aux blessés et aux ayant cause de militaires décédés. Cette dynamique sera poursuivie avec la mise en œuvre du projet Armées Horizon 2025». En examinant les dotations budgétaires figurant depuis trois ans dans les affectations de crédits faites en faveur du Ministère des Forces armées, on saisit toute la réalité se trouvant effectivement derrière les propos du Chef de l’Etat. Depuis trois ans en effet, ces inscriptions budgétaires subissent des progressions constantes, en valeurs relative et absolue. Ces progressions ont varié entre 15 et 30%, au moins. Le matériel lourd présenté au défilé, en particulier par le bataillon de l’artillerie et le génie militaire, en est une parfaite illustration. Sans compter les autres corps qui ont également fièrement exhibé leurs nouveaux équipements. Tous ces efforts ont été fournis dans la perspective d’asseoir les bases et les conditions d’une prise en charge optimale de la sécurité des citoyens, face aux nombreux défis qui se posent en la matière depuis l’aube des temps, mais encore plus aujourd’hui. Ainsi, le thème retenu cette année pour célébrer la fête: « Les Forces de défense et de sécurité face aux défis sécuritaires », traduit-il, à la fois dans sa formulation et dans son objet, cette forte et nécessaire prise de conscience. La triste réalité du contexte actuel voit des femmes et des hommes fanatisés à outrance, tenus dans l’ignorance et aveuglés par la haine, tuer et massacrer des innocents ressortissants de toutes les nations du monde, au nom d’une idéologie contraire à l’Islam et ses valeurs. Ces fanatiques d’un autre âge ont déclaré la guerre aux nations du monde, ainsi qu’à la nôtre. Notre seul tort : avoir choisi de vivre dans la liberté et la démocratie, dans un respect strict des fondements de notre société qui s’épanouit dans un Islam hautement humaniste, ouvert et tolérant, comme dans son essence.

La fête de l’indépendance de cette année fut belle et rassurante ! On notera que les défis sécuritaires dont il est question, pluriels et impérieux, sont totalement pris en compte par l’effort national mobilisé en toute responsabilité par le Chef de l’Etat. Ce dernier, Chef suprême des armées a entrepris d’équiper nos forces dans ses trois composantes : Terre, Air, Mer et ceci de façon significative, comme jamais auparavant. Certes, tous les Présidents de la République qui se sont succédé à la tête du Sénégal, ont accordé une attention particulière aux forces armées. Seulement, de mémoire de défilé, on n’a surement pas souvenance d’une parade si impressionnante dont l’une des attractions a été certainement l’irruption des forces spéciales constituées dans chacune des trois armées. Cette formation de forces spéciales n’est peut-être pas nouvelle dans l’organisation opérationnelle de l’Armée, elle est cependant aujourd’hui matérialisée de façon plus marquée dans les rangs. Le passage de ces forces spéciales a incontestablement déposé dans l’esprit des citoyens le sentiment que les choses bougent dans le sens des exigences de l’histoire. Tant mieux alors ! Ce passage, dis-je, est un marqueur de la volonté du Chef de l’Etat de donner un souffle nouveau à l’Armée, en accordant une priorité absolue à l’adaptation opérationnelle et à l’équipement matériel. Il s’agit de permettre aux troupes de faire face, avec davantage d’efficacité aux nombreux défis se dressant devant elles. Tant pis alors pour les politiques qui ne veulent rien voir ! Le réveil n’en sera demain que plus brutal.

Le Sénégal fait des pas et ses Forces armées avec. Des pas vaillamment accomplis dans le sens de la belle pensée de l’auteur brésilien Paulo Coelho qui soutient avec justesse qu’« accomplir sa légende personnelle est la seule et unique obligation des hommes». En le paraphrasant, nous relevons que la seule et unique obligation du Président à la tête du Sénégal est de refuser le statu quo ! Refuser la fatalité du sous-développement, celle de la pauvreté des Sénégalais et celle, enfin, du sous-équipement et de l’indigence chronique de nos armées, sous le fallacieux prétexte que le sous-développement ne nous donne pas le « luxe » de nous lancer dans un processus de modernisation et d’équipement de nos forces de défense et de sécurité. Ceux qui l’avaient peut-être pensé ont sans doute facilité sans le vouloir, l’entrée dans leurs territoires de djihadistes sans cœur, semant mort et désolation.

Au demeurant, il importe de noter que cette modernisation de notre Armée n’est que la mise en évidence de la dimension militaire de la nouvelle approche de la politique de la Nation, en cours depuis 2012 et dont l’aboutissement pratique se trouve être le Plan Sénégal Emergent (PSE). En cherchant en effet à relever le défi du développement, Macky Sall, Président de la République, a eu l’ingénieuse idée de mettre en place ce Plan. A ce propos, la première chose qui frappe lorsque l’on s’intéresse à la philosophie globale structurant le PSE, c’est la ferme volonté de l’homme Macky Sall, de réussir un changement radical dans la conduite du destin du Sénégal. Se proposant d’assumer pleinement ses responsabilités plutôt que de les déserter, en questionnant le propos du philosophe africain, quand ce dernier soutient : «il n’y a pas de destin à jamais forclos en Afrique, mais il n’y avait que des responsabilités désertées », le Chef de l’État manifeste avec l’adoption du PSE l’ambition d’opérer un véritable changement de paradigme dans la conduite du développement, comme lui-même le rappelait lors d’un Conseil des Ministres tenu le 1er octobre 2014.

Le PSE est, en effet, porteur d’une politique conçue dans une perspective se proposant de rompre avec des paramètres obsolètes qui, au regard de l’évolution et des enjeux économiques, des dynamiques culturelles et politiques en cours ne sont plus opératoires. Ainsi sont engagées des ruptures qui devraient permettre de placer le pays sur une nouvelle trajectoire de développement durable stimulant davantage tout le potentiel de croissance, de créativité et l’initiative entrepreneuriale pour satisfaire la forte aspiration des populations à un mieux-être. Cette nouvelle dynamique de progrès se résume ainsi en cette phrase prononcée : « Cette aspiration à mieux-être se décline en une vision qui permettra d’atteindre l’émergence à l’horizon 2035, autour des valeurs fortes que sont la solidarité et l’État de droit. La vision de cette nouvelle stratégie est celle d’un Sénégal émergent en 2035 avec une société solidaire dans un État de droit».1 En écoutant le Président de la République parler du PSE en réunion du Conseil des Ministres ce 1er octobre 2014, il m’a rappelé l’ouvrage du brésilien Paul Coelho. Par sa volonté incommensurable d’y aller et de réussir la mise en œuvre de son Plan, on dirait Santiago, le jeune berger de Coelho « qui, parti à la recherche d’un trésor enfoui au pied des pyramides (…) rencontre l’Alchimiste qui lui apprend à écouter son cœur, à lire les signes du destin et, par-dessus tout, à aller au bout de son être ». Globalement, le modèle proposé vise à consolider les moteurs actuels de la croissance (télécommunications et secteur financier) et à développer quatre nouveaux moteurs autour de : 1.- l’Agriculture et l’agrobusiness, 2.- l’Habitat social, 3.- le tourisme, et 4.- le secteur minier.

Le Sénégal bouge incontestablement, en s’éloignant des sentiers battus. Et comme si la nature voulait faire corps avec ce mouvement, cette nouvelle dynamique, elle dévoile concomitamment et au grand jour, des ressources en pétrole et en gaz naturel insoupçonnées dont l’exploitation va sans doute donner un coup d’accélérateur décisif à l’émergence économique et sociale, fixée à l’horizon 2015. C’est sous ce prisme qu’il convient de placer ce à quoi nous avons assisté lors du défilé de célébration du cinquante-sixième anniversaire de la fête de l’Indépendance.

Abdou Latif Coulibaly
Ministre, Secrétaire général du Gouvernement

La rédaction de leral...