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Députés du Peuple ou du députés du Président ? (Décryptage Leral)

L'installation de la 13e législature montre encore une fois de plus, que ceux qui s'attendaient à une quelconque rupture, vont encore devoir déchanter.


Rédigé par leral.net le Mercredi 20 Septembre 2017 à 08:09 | | 0 commentaire(s)|

Représenter le peuple sénégalais, légiférer, et contrôler l'action du gouvernement, telle est la mission qui doit guider l'action des députés du Sénégal et de la Diaspora . Malheureusement le constat est que l'Assemblée nationale a toujours failli à sa mission, car depuis la crise de 1962, elle est devenue une annexe de l'Exécutif qui la manipule à sa guise.

Mais cela ne semble guère gêner les députés mange-milliards, qui ne se braquent que lorsque que l'on touche à leurs avantages.

Et ce à quoi l'on assiste aujourd'hui, n'est que le résultat de ce qui a été à l'origine de la brouille entre Senghor et Mamadou Dia. Un conflit qui, selon le document du «Moniteur Africain du Commerce et de l'Industrie» de la Chambre de Commerce et de l'Industrie de Dakar en date du 22 décembre 1962, reposait «essentiellement sur la politique économique du gouvernement mais surtout, sur le sort à réserver aux députés «affairistes», qui avaient commis de nombreux abus.

Lesquels députés avaient profité de l’absence de Mamadou Dia pour s'octroyer des augmentations de salaires indues, avaient pris des crédits dans les banques qu'ils ne remboursaient pas et des actions dans des sociétés anonymes, directement ou par l'intermédiaire de leurs femmes ou de leurs enfants.

Tout ceci étant contraire à la ligne politique du parti, Mamadou Dia leur avait demandé à plusieurs reprises, de rembourser leurs crédits et de rendre leurs actions mais il se rendit  vite compte qu'il n'y a pas pire sourd qu'un député qui ne veut entendre pour ne ...rien rendre.

C'est ainsi que profitant d'un voyage de l'ancien Président du Conseil hors du pays, Senghor finit par convaincre les députés de refuser cette politique d'austérité. C'est en voulant revenir sur leurs acquis, que Dia s'est mis à dos les députés qui non seulement avaient rejeté sa requête, mais avaient également décidé de voter une motion de censure contre laquelle Mamadou Dia avait tenté de s'opposer et qui lui a été fatale.

Pour dire que plus qu'hier et moins qu'aujourd'hui, les députés ne roulent que pour leurs intérêts et ceux de leur "bienfaiteu"r. Que les lois qu'ils votent aillent à l'encontre des intérêts du peuple qu'ils sont censés représenter leur importe peu, l'essentiel pour eux, étant de jouir des privilèges que leur confère leur statut.

Après avoir eu la peau de Mamadou Dia hier, pour des prébendes, ils ont voulu récidiver avec le vote du fameux ticket sous Wade et n'eut été la vigilance du peuple qui s'est dressé comme un seul homme pour barrer la route à cette énième forfaiture des députés, nul ne sait ce qui serait advenu.

Aujourd'hui, pour continuer à tenir en laisse ces députés, le chef de l’État a décidé de réduire le fossé qui existe entre les salaires d'un député simple et celui d'un membre du bureau. Déjà que ces applaudisseurs professionnels, adeptes de l' assemblée buissonnière, dormeurs en diable et bagarreurs à souhait, nous coûtaient les yeux de la tête, ne voilà-t-il pas que le Président Sall veuille les engraisser davantage.

La 12e législature considérée par certains dépités comme « la plus nulle » de toute l'histoire parlementaire, aura englouti la bagatelle de 24 milliards de nos pauvres francs soit 16 milliards en salaires, 4 milliards pour l'achat de bolides, 4 milliards pour le carburant, 5OO millions pour le crédit téléphone,  etc.

Après de tels traitements princiers, comment des députés de surcroît choisis, et installés par le pouvoir, pourraient-ils ramer à contre-courant des désirs de leur bienfaiteur ? Avec leur majorité écrasante, ces députés du président, plutôt que du peuple, ne feront qu’écraser les intérêts des populations comme ils savent si bien le faire.

Pour dire que les législatures se suivent et se ressemblent car malgré les multiples scandales qui jalonnent les régimes, aucune commission parlementaire n'a été mise à jour pour les élucider. Et les députés de l'opposition qui se hasardent  à réclamer des comptes sont chahutés, vilipendés et invectivés au nom de la majorité mécanique.

LTout cela pour dire que jamais au Sénégal, le législatif est parvenu à couper le cordon ombilicaI qui l'arrime à l'Exécutif.  Et sauf révolution,  il en sera toujours ainsi. Jusqu'à quand ?
 
 
 
LA REDACTION LERAL.NET