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Diaspora, bilan et perspectives pour l'année 2015 - Par Souleymane Jules Diop


Rédigé par leral.net le Vendredi 2 Janvier 2015 à 14:15 | | 0 commentaire(s)|

Diaspora, bilan et perspectives pour l'année 2015 - Par Souleymane Jules Diop
A mes compatriotes, amis, frères, sœurs, notamment ceux qui vivent loin de la patrie ; aux familles de nos compatriotes qui nous ont quittés pendant cette année éprouvante, je présente mes vœux les meilleurs pour cette année nouvelle. J’ai décidé, malgré ma nomination en milieu d’année, l’étendue des difficultés liées à mon installation, qui n’est pas encore effective, partager avec l’opinion, le bilan de nos actions et les perspectives qui se dessinent pour l’année 2015. Ces objectifs sont pour l’essentiel contenus dans la matrice d’exécution des politiques prioritaires, que j’ai élaborée une semaine après ma nomination au poste de Secrétaire d’Etat aux Sénégalais de l’Extérieur, dans le cadre d’une mission de Protection, de Promotion et de Partenariat, conformément à la vision du Chef de l’Etat, celle d’une Diaspora épanouie au service du développement de notre pays.


ACTIONS ENTREPRISES PENDANT L’ANNEE 2014


La protection des Sénégalais de l’Extérieur
Nous avons, durant les six derniers mois écoulés, essayé de faire de notre mieux pour répondre aux sollicitations des Sénégalais de l’Extérieur, par de nombreuses mesures comme la création de Bureaux consulaires dans de certains pays, dans le cadre de la reconfiguration de notre carte diplomatique et consulaire, dans un souci d’équité et d’efficacité. C’est dans ce cadre que Monsieur le Président de la République a décidé d’ouvrir des Bureaux consulaires en Italie (Rome) et en Espagne (Barcelone), et de transformer certaines ambassades en centres de production de passeports et de cartes d’identité. Ce sont de vielles revendication qui viennent d’être satisfaites. Dans certains consulats, il est aujourd’hui possible d’obtenir son passeport en une journée.
Ces efforts seront poursuivis et en 2015. Dans ce cadre trois postes budgétaires ont été prévus dans le budget 2015, pour la permanence des agents du ministère de l’Intérieur qui seront affectés dans les consulats, qui nous permettra d’éviter les interruptions de service que nous connaissions auparavant. Concomitamment, nous avons envoyé des missions consulaires dans une trentaine de pays d’Asie, d’Amérique Latine, du Moyen-Orient, pour la confection de passeports et de pièces d’identité nationale.
Juste avant la célébration de la fête de la nativité, le Président de la République a accédé à la demande de nos compatriotes qui étaient soumis au régime du visa, en leur accordant une dispense, avec effet immédiat.

Promotion de la Diaspora

Nous voulons que dans deux ans, les tracasseries liées aux questions d’obtention des pièces d’Etat-civil soient derrière nous, pour concentrer tous nos efforts dans la « promotion » des sénégalais de l’extérieur. A ce titre, et en raison de l’impact de la crise économique dans de nombreux pays d’accueil, le Président de la République a consenti d’énormes efforts dans le cadre du financement de projets des sénégalais de l’Extérieur. Alors que jusqu’en 2011, 34 projets ont été financés, nous en sommes cette année à 1179 projets individuels et 252 projets collectifs financés au Sénégal au profit de la Diaspora, avec 125 groupements de femmes. Cela s’explique par l’augmentation substantielle du Fonds d’appui aux investissements des sénégalais de l’Extérieur, qui a été trouvé à 300 millions de francs et porté à plus de 3 milliards de francs cette année. Pendant les dernières semaines de cette année, des fonds supplémentaires ont été alloués avec 200 millions de francs supplémentaires consentis pour le Gabon et l’Espagne. La coopération avec certains pays partenaires a été revue et améliorée, ce qui nous a permis de mieux profiter des fonds alloués par l’Italie. Nous devons aussi corriger les errements liés à l’utilisation des fonds mis à notre disposition par l’Espagne, à travers la CEDEAO.
Dans le même temps, le fonds d’assistance, qui était à 50 millions de francs, a été porté à plus de 500 millions de francs, pour aider au rapatriement de nos compatriotes en détresse, mais aussi au rapatriement de corps de nos compatriotes. Cette année, nous avons fait des efforts que seules les grandes Nations peuvent consentir, en affrétant des vols spécieux à nos centaines de compatriotes qui vivaient en République centrafricaine, pour leur retour au pays. Cela a nécessité la mobilisation d’un milliard de francs qui n’étaient pas prévus sur le budget, grâce au soutien du Président de la République.

Aide sociale et secours

Pour la première fois dans l’histoire de notre pays, des fonds ont été alloués à nos ambassades, entre cinq et dix millions de francs, pour prendre en charge les besoins urgents de nos compatriotes. Il s’agit donc incontestablement d’une ère nouvelle pour les Sénégalais de l’Extérieur, par la volonté du Président de la République. L’impact et le succès de ces financements sont déjà ressentis avec des taux de remboursement atteignant les 70% dans certains pays. Les sommes ainsi collectées serviront à financer d’autres projets. Nos femmes ont fait preuve d’un patriotisme et d’un dynamisme que je salue particulièrement, en faisant preuve d’un comportement exemplaire dans la gestion de la tranche d’1,5 milliard qui leur a été allouée.
Il nous faut cependant faire plus d’efforts dans l’assistance de nos compatriotes, notamment ceux qui ont parfois des problèmes avec la Justice. Nous avons, cette année, multiplié les missions de contact et de sensibilisation. Dans bien des cas, nos compatriotes ont un comportement exemplaire, ce qui nous ai souvent rapporté par autorités des pays d’accueil. Certains pêchent par ignorance des lois de ces pays et nous devons faire plus d’effort dans la sensibilisation. Il y a quelques jours, notre ambassadeur à Rome a fait d’énormes efforts qui méritent d’être salués, concernant nos compatriotes du Sud de l’Italie. D’autres consuls et ambassadeurs font les mêmes efforts. Nous devons renforcer ces actions, y compris pour ceux qui sont dans les prisons. Nous leur devons assistance et soutien.

Gestion préventive

Dans un souci de gestion préventive de ces problèmes, nous avons mis en place une grille d’analyse des pays selon les risques encourus, pour pouvoir anticiper certaines situations et donner des conseils utiles à nos compatriotes. Notre ambition à moyen terme est de créer un Bureau d’analyse et de prospective (BAP) pour faire un vrai travail d’évaluation et d’anticipation des situations à venir. Je fais noter à ce titre que la situation deviendra tendue dans la plupart des pays qui vivent de la rente pétrolière et qui ont été obligé de geler leurs programmes d’infrastructures du fait de la baisse drastique du prix du pétrole. D’autres difficultés pourraient naître de l’organisation d’élections nationale dans certains pays africains.

PROJETS POUR 2015

La nouvelle carte consulaire
Cette année 2015 sera celle de la mise en œuvre de nos grands projets en direction des Sénégalais de l’Extérieur. Ainsi que nous l’avions annoncé, pour servir les Sénégalais de l’Extérieur, il nous faut des statistiques fiables sur leur nombre et leur répartition géographique. C’est ainsi que va se reconfigurer la nouvelle carte diplomatique et consulaire. Nous avons décidé, pour les raisons évoquées ci-avant et pour des préoccupations liées à la sécurité, de créer une nouvelle carte consulaire biométrique. Les propositions ont été faites, les textes sont déjà dans le circuit et nous avons, dans ce cadre, sollicité nos partenaires au développement pour que cette immatriculation se réalise dans le premier trimestre de l’année 2015. Il sera en même temps procédé, dans le cadre de la réingénierie des processus administratifs, à l’automatisation et la numérisation des données d’Etat-civil concernant les Sénégalais de l’Extérieur, pour une gestion plus efficace. Ces efforts connaissent déjà un succès dans certains pays comme l’Italie, l’Espagne, grâce au soutien de notre expertise expatriée.

L’élection des députés des Sénégalais de l’Extérieur

Nous allons, dans les six mois qui vont suivre, réunir des experts pour proposer le réaménagement de notre arsenal législatif en matière électorale, dans le cadre de l’élection des députés des sénégalais de l’Extérieur. La volonté du Président de la République est que pour la première fois dans notre histoire, et conformément à l’esprit de l’Acte III de la Décentralisation, les Sénégalais de l’Extérieur élisent leurs représentants dans les différents départements du monde. Le Président Sall veut ainsi renforcer la présence et la participation des sénégalais de l’Extérieur à toutes les instances délibératives du pays, au-delà de leur simple présence sur les listes des partis politiques en compétition au plan national. Il s’agit aussi pour lui de faire le constat des différentes expériences malheureuses qui ont suivi la mise en place d’un Haut Conseil des sénégalais de l’Extérieur, dans lequel notre Diaspora ne s’est jamais retrouvée.

Convention Cadre avec les promoteurs immobiliers

Nous avons voulu, conformément aux instructions du Président de la République, sécuriser et accompagner les besoins de nos compatriotes, qui ont souffert des erreurs de nos politiques passées en matière d’habitat ou ont été les victimes d’entrepreneurs véreux. C’est à ce titre que nous avons initié la signature de nouvelles conventions qui renforcent l’encadrement juridique des nouveaux projets et tiennent compte des exigences de nos compatriotes en matière de cadre de vie. Le Président de la République nous a instruit de demander à tous les promoteurs, que 20 à 30% des programmes soient réservés aux sénégalais de l’Extérieur. C’est dans ce cadre que la cité de la Diaspora a été conçue dans le nouveau site de Diamniadio. Dans les deux prochaines années, 15 000 logements y seront construits, 40 000 dans les dix prochaines années. Nous veillerons à ce que les instructions du Chef de l’Etat soient respectées et que les intérêts des Sénégalais de l’Extérieur soient préservés dans ce cadre.

Partenariat avec les Sénégalais de l’Extérieur

Nous voulons faire des Sénégalais de l’Extérieur de véritables partenaires au développement. En 2013, nos compatriotes ont fait entrer dans notre pays, dans les circuits officiels, 800 milliards de francs (données BCEAO), compte non tenu des 12% payés en frais d’envoi. Il s’agit d’une masse monétaire importante. Mais elle sert, dans une large mesure, au fonctionnement de nos foyers, pour l’achat des denrées primaires comme le riz, l’huile, le sucre. Il ne faut pas négliger ces efforts, qui aident à maintenir la stabilité sociale de notre pays. Dans certaines localités, ce sont nos compatriotes qui construisent les dispensaires, les écoles, paient le personnel mis à leur disposition. Il est aussi vrai qu’une partie des frais d’envoi va dans les caisses de l’Etat, et qu’environ 20 à 25% entrent dans les caisses du Trésor au titre de la TVA et autres taxes.
Mais nous voulons orienter une partie de ces ressources vers des investissements créateurs de richesses. Nous avons, dans ce cadre, proposé plusieurs formules comme la titrisation de certains actifs ou alors la création de fonds d’investissement dans le cadre de programmes de retraite comme il en existe au Canada.
Les Sénégalais de l’Extérieur ont, dans une certaine mesure, financé l’AIBD, grâce à la redevance aéroportuaire. Aujourd’hui, l’Etat peut valablement les prendre en compte dans le cadre de la recapitalisation de la compagnie Senegal Airline ou la nouvelle société de gestion de l’aéroport AIBD dans laquelle l’Etat est actionnaire à travers le FONSIS. J’ai, à cet effet, proposé que soit introduit, dans le cadre d’une convention entre l’Etat et la prochaine compagnie (l’Etat en est devenu de fait le principal actionnaire), le rapatriement des corps de nos compatriotes, au moins dans les pays desservis par la compagnie. Ce serait une expérience unique de gestion de nos compatriotes à l’extérieur, en dehors de celle de la Tunisie avec Tunis Air.

Apport et expertise de la Diaspora

C’est la Diaspora sénégalaise qui, dès les premières heures de notre indépendance, est rentrée au pays pour participer à sa construction avec l’ébauche de nos premiers plans de développement économique et social. La première vague était constituée des Senghor, Lamine Guèye, Abdoulaye Ly, Cheikh Anta Diop, qui ont réussi une bonne symbiose avec des cadres instituteurs de première génération comme les Amadou Moctar Mbow et Mamadou Dia.
Il est heureux de constater que les Sénégalais de la Diaspora ont aussi été les premiers à répondre à l’appel du Président de la République pour le lancement de ce qui est devenu le Plan Sénégal Emergent. Il s’agit de nos cadres réunis au sein du Groupe Disso. Il faut, là aussi, saluer la parfaite collaboration de notre expertise nationale, qui a été d’un apport décisif.
J’ai déjà engagé des discussions avec des partenaires comme le PNUD, pour le financement d’une convention Etat-Diaspora, qui permettra à nos experts de séjourner au pays pendant des mois et participer ainsi à l’encadrement de nos populations, qui en ont tant besoin. Ces actions peuvent être entreprises en collaboration avec les ministres en charge de l’Artisanat, de l’Agriculture et de l’Emploi.

Organisation en réseaux d’experts

Mais pour cela, il faudrait que la Diaspora s’organise en réseaux dans le monde. Nous pouvons ainsi non seulement disposer d’un fichier unique de notre expertise expatriée, mais aussi créer une forme de solidarité horizontale entre sénégalais de la Diaspora. Nous avons de brillants avocats, de brillants ingénieurs et gestionnaires dans le monde, mais nos étudiants souffrent parfois pour trouver des stages, nos compatriotes rencontrent des problèmes juridiques qu’ils n’arrivent pas à résoudre, nos femmes ont du mal à trouver des experts pour leur rédiger des projets dans le cadre de nos financements. J’ai, dans ce cadre, demandé à nos consuls d’encourager l’organisation de nos cadres, experts et intellectuels en différents réseaux. Nous pourrons par exemple assurer des permanences de quelques heures dans nos consulats, aider nos compatriotes qui ont des problèmes avec la Justice et qui ont du mal à se faire représenter. Cette collaboration pourra aller jusqu’à l’organisation d’ateliers de formation dans certains domaines ou la préparation à des certifications. C’est possible et c’est faisable.


Le Programme Retour aux sources

Nous avons senti que dans bien des cas, il manque un liant affectif entre les Sénégalais de la Diaspora de seconde et dernière génération et leur mère patrie. Dans le domaine du football par exemple, nous découvrons des sénégalais talentueux, voulons faire appel à leur talent, leur faire chanter l’hymne nationale, alors qu’ils n’ont aucun lien avec le pays, sinon un lien distant. C’est aussi le cas dans le domaine de la recherche scientifique et de l’ingénierie, si précieux pour nos jeunes Etats en construction. Nous avons des experts à la Nasa, à la Banque mondiale, dans de grands cabinets, dans des institutions, qui n’ont aucun lien entre eux et avec leur pays parce qu’ils ne le connaissent pas ou alors ne le connaissent qu’au travers du prisme des médias occidentaux.
Lors de notre dernier voyage en Espagne, le Président de la République a été interpellé, sur un ton émouvant, par une jeune fille, qui lui faisait part de son souhait de venir en vacances au Sénégal, séjour que ses parents ne pouvaient pas lui payer. C’est ainsi qu’est né le programme Retour aux sources. Nous voulons, chaque année, réunir en colonies de vacances, les 100 meilleurs élèves sénégalais de la Diaspora et les 100 meilleurs élèves au pays (10% seront réservés à des cas sociaux, soit pour des enfants malades, handicapés ou autres. Pendant deux semaines, ces enfants vont se rencontrer, se connaître, à travers des programmes d’imprégnation d’éducation en langues nationales, en histoire, la visite de sites historiques, prendre connaissance avec nos institutions et les personnes qui les incarnent. Il s’agit non seulement de promouvoir l’excellence, mais aussi de faire connaître notre pays, promouvoir le civisme et l’esprit patriotique. Le projet a été rédigé et les différents partenaires identifiés.


Ce sont là quelques lignes de nos actions prioritaires que nous avons voulu partager avec l’opinion et avec nos compatriotes de la Diaspora. Il ne s’agit pas d’un travail exhaustif, mais il permet de susciter un débat autour de nos objectifs prioritaires et des moyens de les atteindre.

Bien à vous.
Que Dieu bénisse le Sénégal.

Souleymane Jules Diop
Secrétaire d’Etat aux Sénégalais de l’Extérieur