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Direction de la Douane : Pourquoi Pape Ousmane Guèye a été remplacé, ses rapports avec le transitaire Ass Ndao et Cie


Rédigé par leral.net le Samedi 11 Novembre 2017 à 09:20 | | 0 commentaire(s)|

Une enquête de routine faite sur les opérations en question a permis de savoir que les dédouanements, celui des véhicules notamment, se sont toujours fait sur la base du système Argus. Avec ce système, la valeur du prix du dédouanement des véhicules en provenance d'Europe, est calculée sur la base d'un Livre référence. Pour les voitures qui arrivent des Etats-Unis, du Canada et d'Asie en revanche, le prix est à rechercher dans l'internet à partir d'un standard applicable au niveau de tous les pays de la zone Uemoa.

Si, avec le système Argus, les transitaires et des douaniers parvenaient à se sucrer sur le dos du Trésor, c'est que la taxation des valeurs de dédouanement n'était pas sujette à un contrôle strict des services préposés à cette fin, nous indiquent nos investigations. Par exemple, pour un dossier coté à un inspecteur des douanes pour un véhicule de type Ford Automatic 2010, le transitaire ou commissionnaire en douane peut demander 4130 000 frs Cfa pour le dédouanement.

Mais au lieu de verser la somme au fonctionnaire des douanes coté pour cette même opération, il est libre, sans aucune possibilité de vérification, de déclarer n'avoir reçu que 2500 000 francs. Encore que sur cette somme, il peut prélever à sa guise 500.000 francs pour ne déposer finalement sur la table de l'inspecteur que 2.000.000 francs. Pour couronner tout ce micmac, le douanier peut demander au transitaire de déclarer in fine et pour toutes taxes confondues, 1300 000 francs pour que le tour soit joué. Pour cette opération, ils se partagent les 700 000 francs en attendant la prochaine transaction.

Matière à enrichissement

Ce genre de pratiques, très courantes jusqu'à récemment, a permis à beaucoup de transitaires et de douaniers de s'enrichir. Certains sont même devenus riches comme Crésus. Transitaire de son état, Malick Ndiaye reconnaît que les nouvelles dispositions sur les opérations douanières, ne l'arrangent pas. Mais en «patriote» revendiqué, il avoue que ce n'est pas une mauvaise chose. «C'est simplement de l'argent de l'Etat qui rentrait dans les poches de gens qui n'y ont pas droit, qui est repris. Je n'y vois pas d'inconvénient», déclare-t-il.

Pour en venir à cette situation qui fâche transitaires et douaniers, le Directeur général des douanes, Ousmane Guèye, a demandé en juin dernier, une évaluation à mi-parcours des opérations douanières afin de mieux apprécier leur impact sur les recettes. En parcourant les documents mis à leur disposition, les évaluateurs se sont rendus compte que la quasi-totalité des véhicules importés via le port de Dakar, n'ont déboursé que 500 000 francs Cfa en contrepartie d'un bon de sortie dûment établi par les services compétents.

A l'époque, directeur des Opérations douanières, Mamadou Gadiaga à qui la faute est imputée, est relevé de ses fonctions puis muté au niveau du ministère de l'Economie, des Finances et du Plan. Son remplaçant est le colonel des Douanes, Abdou Khadre Dieylani Niang qui travaille de concert avec Lamine Sarr. En tant que superviseur des opérations, ce dernier tient le couteau qui permet à la hiérarchie de liquider les dossiers non conformes par amende et de sanctionner les douaniers fautifs. Le dédouanement recouvre toutes les mesures permettant une parfaite canalisation des marchandises importées vers le bureau ou poste des douanes compétent jusqu'au paiement des taxes dues. En douane, les formalités de conduite varient selon le mode de transport.

En septembre dernier, leral.net faisait état de la découverte d'un vaste réseau de fraudeurs constitués de multinationales, de pétroliers, d'importateurs, de banquiers, de concessionnaires, d'industriels et de commerçants. Ces trafiquants qui auraient occasionné un véritable manque à gagner à l'économie nationale, ont intrigué au plus haut niveau les soldats de l'économie. Car, la fraude aurait été bien organisée pour contourner les procédures légales, acceptées par l'administration douanière.

L'astuce consiste, d'après la source de leral.net, à impliquer des agents de cette même corporation pour trouver des facilitateurs de l'opération de fraude.Les pertes, estime la source de Leral, se chiffre à plusieurs dizaines de milliards de FCfa. Pis, il a été révélé dans cette dynamique de fraude, que le Sénégal perd chaque année, plus de 500 milliards de Fcfa avec les exonérations fiscales, soit 30% du budget. Alors que les entreprises bénéficiaires n'investissent pas et ne créent pas non plus d'emplois au Sénégal. Plus cocasse, ces entreprises exonérées rapatrient tous leurs bénéfices vers l'extérieur sans même payer d'impôts à l'Etat du Sénégal.Ce genre de pratiques, très courantes jusqu'à récemment, a permis à beaucoup de transitaires et de douaniers de s'enrichir. Des transitaires reconnaissent que les nouvelles dispositions sur les opérations douanières ne les arrangent pas. Mais en « patriotes » ils reconnaissent que ce n'est pas une mauvaise chose.

La Douane sénégalaise est aussi sur une autre enquête concernant la fraude sur l'huile. Cette fois-ci, c'est des commerçants sénégalais qui distribuent sur le marché, de l'huile contrefaite. Ils usent de subterfuges pour mettre des étiquettes sur des bouteilles, destinées à ravitailler le marché national.Cette huile importée, serait présente sur le marché et dans beaucoup de boutiques.

Autant de dossiers qui auraient fait couler ce haut gradé, qui avait également choqué plus d'un Sénégal à propos de l'affaire Diadji Ba. Dans l'émission Grand jury de la RFM, il avait déclaré qu'il n'a pas été choqué par la découverte au domicile d'un de ses collègues, Diadji Bâ, de la somme de 150 millions de francs CFA. Car, un douanier qui a fait 30 ans de carrière et jouissant des avantages attachés aux différentes fonctions qu'il peut être amenées à occuper, peut bien se prévaloir d'une certaine fortune.
Toutes ces pratiques devraient amener le cercle présidentiel, à éviter les cadeaux empoisonnés des agents de douane qui traitent directement avec eux, sans passer par leur hiérarchie, l'objectif étant de se couvrir derrière eux en cas de problème.

Au premier rang desquels des passe-droits dont ont bénéficié deux hommes d’affaires sulfureux parrainés par un gros ponte de la République. Le premier figure connue a bénéficié indûment d’autorisation d’importations de sucre estimés à 3000 tonnes et n’en aurait déclaré que 300.

Il est aussi reproché à Pape Ousmane Guèye de ne pas avoir été assez vigilant contre d’autres pratiques de ce genre, cette fois-ci dans le domaine de l’huile orchestré par des commerçants originaires du Saloum. Au bas mot, ces privilégiés, ont fait perdre 4 milliards de recettes à la douane. Ces agissements frauduleux ont fini par mettre le Président Macky Sall dans une colère noire.

Ainsi, après la gestion ahurissante de Cheikh Kanté au port, autre mamelle de notre économie, c’est au tour de la douane d’être secouée par une affaire qui est loin de connaître son épilogue.

En tout cas, l’importation du sucre comme certains autres produits a toujours été la vache laitière de plusieurs hommes d’affaires sénégalais. On se rappelle le célèbre homme d’affaires sénégalais, Cheikh Tall Dioum, qui avait été placé sous mandat de dépôt le 29 novembre 2001 et embastillé à la prison de Rebeuss. Il était accusé de fraude douanière portant sur 678 millions de francs CFA. Ce sucre, exonéré de taxes, était destiné à l’approvisionnement des Nouvelles Brasseries Africaines (NBA), la fabrique de boissons sucrées «Lisa» que Cheikh Tall Dioum avait créée et lancée en novembre 1994. Le sucre destiné aux NBA aurait été détourné et écoulé sur le marché à d’autres fins.

Le 7 septembre 2004, Moustapha Tall, importateur de sucre et de riz, se retrouve au centre d’une affaire de fraude dans la filière sucrière s’élevant à quelque 600 millions de F CFA avant d’être incarcéré.
En mars 2014, ledit commerçant, placé sous mandat de dépôt pour fraude sur 300 tonnes, a recouvré la liberté après avoir payé un montant de 67 millions de franc CFA en sus de payer des pénalités par moratoires.




La rédaction de leral.net

Ndèye Fatou Kébé