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[ Dossier ] LE MAL VIVRE DES COUPLES : Pourquoi tant de divorces

Les divorces sont devenus très fréquents au Sénégal. La durée de vie de couple en général est de nos jours très courte à Dakar. Le sociologue, Fatou Bintou Dial le considère comme une étape d’une vie matrimoniale. Qu’est-ce qui explique leur fréquence ? Quelle est la part de responsabilité de l’époux ou de l’épouse dans la désunion ? Quelle est la période de la vie d’un couple survient la cassure ?quelles catégories de femmes sont promptes à rompre le mariage.


Rédigé par leral.net le Mardi 18 Août 2009 à 14:19 | | 3 commentaire(s)|

[ Dossier ] LE MAL VIVRE DES COUPLES : Pourquoi tant de divorces
En face du collège Notre Dame du Liban, une ruelle court jusqu’au coeur du marché Castors. Elle est animée en ce début de la matinée du lundi 13 juillet 2009. Les étales bordent les trottoirs. C’est une véritable galerie commerciale. Allah Fall, un commerçant, est sous un parasol, derrière son échoppe. Il n’est pas sans avis sur la fréquence des divorces. « La fréquence des divorces est la conséquence d’une mauvaise éducation que les filles reçoivent de nos jours. Auparavant, elles recevaient une éducation basée sur nos valeurs traditionnelles ; aujourd’hui ce n’est plus le cas. Elles sont ouvertes à toutes les influences. Raison pour laquelle, de nos jours la plupart des mariages ne durent pas », argumente le vendeur. Ce n’est pas son seul argument.

Allah Fall invoque aussi la quête du matériel qui fragilise les unions. Les mariages ne peuvent pas durer parce qu’ils sont fondés sur le matérialisme. « Je ne vais pas trop critiquer les femmes ou les filles. Mais il faut que l’on admette tant que les mariages seront fondés sur le matérialisme et non le sentimentalisme, il y aura des divorces. La tendance actuelle, ce sont des mariages d’intérêt », regrette le vendeur. Il parle avec passion de ce fait de société. Il agrémente son argument par une foultitude de proverbes wolof. Allah Fall égratigne les femmes démariées. « Je ne vais jamais accepter que ma femme ait comme copine une femme divorcée. La plupart des femmes divorcées induisent leurs copines en erreur. Les femmes divorcées sont à l’origine de plusieurs divorces que nous connaissons dans nos sociétés », soutient le vendeur.

Les femmes prendront leur défense et apporteront une cinglante réplique. Astou Tall, longiligne et claire, revient a fini de faire ses achats. Elle a son panier à la main. Elle coupe la poire de la responsabilité en deux avant de fustiger l’ingratitude des hommes, leur manque de loyauté pour ne pas parler de fidélité. « Je ne dis pas que les femmes ne sont pas responsables dans la survenue des divorces mais les hommes développent des comportements qui poussent les femmes à demander le divorce. Parfois, elles subissent toutes les formes d’humiliation. On voit souvent une femme qui se marie avec un homme qui n’a presque rien et qui se sacrifie pour ce dernier mais qu’il commence à avoir de l’argent il prenne une seconde épouse, cela n’encourage pas la première femme à rester.

« Si les hommes reprochent à certaines femmes d’être matérialistes, nous pouvons aussi parler de leur ingratitude », défend Astou Tall. L’assertion est en partie partagée par Ambroise Gomis, trouvé dans à la devanture de la maison sise sur allée menant au marché. Vêtu d’une chemise blanche, et d’un pantalon super cent, Ambroise Gomis, à la chevelure poivre et sel est né à Castors, il y a aujourd’hui plus de 59 ans. Son père est originaire du célèbre quartier de Kandialang de Ziguinchor, l’habitant de Castor associe la polygamie dans la fréquence des séparations des couples. « La polygamie joue beaucoup dans la séparation des couples. Il y a des hommes qui ne savent plus mettre les femmes sur le même pied d’égalité. Ce n’est pas comme avant où nos grand-pères savaient gérer une famille polygame sans problème. Aujourd’hui dans un couple polygame, il y a une favorisée et une frustrée. Cette dernière le plus souvent finit par claquer la porte », explique Ambroise Gomis.

Diouma Dieng, une fille d’une vingtaine d’années et portant un pantalon jean et un t-shirt d’une société de téléphonie prend le contrepied d’Ambroise Gomis. Pour cette fille célibataire, les hommes sont les seuls responsables de la fin de la vie des couples. « Lorsqu’un homme veut se séparer de sa femme, il trouve les moyens. Dans cette séparation, ce sont les femmes qui sont les grandes perdantes », fulmine la demoiselle.

Près du marché en reconstruction, une femme plus âgée tient dans la main son panier. Son visage perle de sueur. Elle est visiblement pressée. « Madame pourquoi les divorces sont –ils fréquents de nos jours ? », lui dis-je. La réponse tombe comme un couperet. « Il y a plusieurs facteurs favorisant les divorces. Mais ce sont les hommes qui sont à la base de tout. Les hommes lorsqu’ils ont de l’argent cherchent à prendre une deuxième femme et à abandonner la première. Il y a des femmes qui savent supporter. Par contre, d’autres ne tolèrent jamais cette condition d’humiliation. Elles préfèrent s’en aller », défend cette femme qui a requis l’anonymat. L’arrivée d’une nouvelle épouse, confirme la sociologue Fatou Bintou Dial, peut aussi être une cause de rupture du fait qu’elle augmente les charges du mari.

Hann Marie Diop, elle, parle à visage découverte. Elle ne passe pas inaperçue à la rue HB 472 d’Hann Bel-Air. De taille moyenne, de teint noir, cette fille d’une beauté sublime attire les regards. Elle parle bien français. Elle a une belle diction. «Les hommes comme les femmes ont leur part de responsabilité dans la survenue des divorces. Pour répondre à la question de savoir si l’infidélité ne l’explique pas. Je ne saurais le dire. Mais je sais il y a des femmes infidèles comme des hommes infidèles », se défend Hann Marie Diop.

Désacralisation du mariage

Fatou Sagna, une habitante Hann village, sort de leur maison et se dirige vers l’artère qui passe devant la Sones. Elle prend son temps pour donner une réponse empreinte d’objectivisme. « Le problème de fond, les jeunes filles ne prennent pas le temps de connaître la vrai personnalité de leur futur époux. Elles se marient sans précaution. Elles se marient parce qu’elles veulent impérativement se marier. Après le mariage, elles commencent à découvrir les défauts de leurs conjoints. Le mariage n’est plus pris au sérieux de nos jours », analyse Fatou Sagna. Le
mot est lâché.

La désacralisation du mariage revient dans les arguments de la plupart des personnes interrogées. Le docteur Fatou Bintou Dial par ailleurs maître assistant à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar et qui a soutenu une thèse sur la question apporte une réponse scientifique. Elle a analysé le parcours matrimonial des femmes pour mieux comprendre le divorce et ses suites. L’enseignante chercheur a posé le problème suivant: « Nos toutes premières hypothèses étaient les suivantes : l’autonomie des femmes passe par deux étapes soit le mariage pour se libérer de la pression familiale et obtenir un statut social, puis le divorce pour s’émanciper en travaillant afin de se procurer une source de revenu et en opérant un choix actif du futur conjoint. Le divorce étant, selon nos hypothèses, le seul moyen qui permet aux femmes de se libérer de la contrainte maritale ou de se séparer d’un conjoint qu’elle n’aime pas ou plus ». De l’hypothèse de la sociologue ressortent deux autres causes des divorces, à savoir le besoin d’autonomie des femmes et le désamour qui se cristallise au fil du temps.

Le défaut d’entretien de la femme, une des causes

Plusieurs enquêtes (Thoré 1962, Diop 1985, Dial 2001) révèlent que le défaut d’entretien de la femme par l’homme peut pousser la conjointe à divorcer. De là, il réapparait le manque de disponibilité de ressources du mari. « La plupart des enquêtes ainsi que les résultats de notre travail convergent pour faire du défaut d’entretien de la femme par le mari la principale cause de divorce. Il peut être dû à l’absence ou l’insuffisance de ressources du mari à qui revient la charge de sa femme et de leurs enfants. Le défaut d’entretien peut aussi être lié à
l’alcoolisme du mari et aux conséquences économiques qui peuvent en découler », soutient-elle. Toutefois, elle relève les différentes visions sur le « défaut d’entretien ». « Il faut remarquer que le défaut d’entretien ne renvoie pas à une même réalité selon que l’on est dans les dans les couches les plus pauvres, où c’est une question de survie qui se pose, ou dans les couches les plus aisée, où c’est l’ostentation, la voiture, les bijoux, bref l’accessoire qui prévaut », précise la sociologue.

Idrissa Sané

LES PROBLÈMES DE COUPLE - Le désamour au fil du… temps

Les relations au sein d’un couple peuvent changer de nature au fil du temps. De la convergence de points de vue sur plusieurs questions, on passe à la divergence d’opinions ou de l’incompatibilité d’humeur pour reprendre une expression en vogue. Des deux côtés, il peut avoir un désir latent de séparation qui est catalysée à la moindre occasion. « Dans les causes liées aux problèmes de couple, il y a le manque d’amour ou le besoin de se débarrasser d’un conjoint que l’on n’a pas choisi, la mésentente dans le couple (les problèmes de tempérament et le travail des femmes perçus par certains hommes comme offrant trop de liberté) et aussi les problèmes que peuvent poser une
nouvelle épouse plus jeune ou une coépouse préférée », explique la sociologue, Fatou Binetou Dial. Au Sénégal, le couple « mariage et amour » écrit-elle est encore nouveau. Le consentement de la femme au mariage était jusqu’à tout récemment superflu. Aujourd’hui, le choix du conjoint est plus libre donnant ainsi une place à l’amour dans les couples mariés.

I. Sané

Alio Informatique


1.Posté par journaliste le 18/08/2009 21:39 | Alerter
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on écriy anne marie diop et non hanne marie diop. reportage nul

2.Posté par naomed le 19/08/2009 08:44 | Alerter
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"l’autonomie des femmes passe par deux étapes soit le mariage pour se libérer de la pression familiale et obtenir un statut social, puis le divorce pour s’émanciper en travaillant afin de se procurer une source de revenu et en opérant un choix actif du futur conjoint"

"Le consentement de la femme au mariage était jusqu’à tout récemment superflu. Aujourd’hui, le choix du conjoint est plus libre donnant ainsi une place à l’amour dans les couples mariés. "

Tout est dit...


3.Posté par Maa tey le 29/01/2010 16:41 | Alerter
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les hommes mentent trop quand ils courtisent et les femmes prennent le mariage pour un océan de miel. Moo takh.

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