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Dossier d’Habré chez le juge d’application des peines : La réaction immédiate de l’Association des victimes

Son état de santé jugé préoccupant, la défense de l’ancien président tchadien, Hissène Habré, a saisi le juge d’application des peines. Mes Ibrahima Diawara et François Serres ont motivé leur requête par l’état de santé de l’ex-homme fort de Ndjamena, qui serait "préoccupant", avait annoncé leral.net ce matin. Ce qui a aussitôt déclenché la réaction de l’Association des Victimes des Crimes du régime de Hissène Habré (AVCRHH).


Rédigé par leral.net le Mercredi 7 Avril 2021 à 20:25 | | 0 commentaire(s)|

Dossier d’Habré chez le juge d’application des peines : La réaction immédiate de l’Association des victimes
« Non à la sortie de prison de Hissène Habré, condamné pour crimes contre l’humanité ! », entame le communiqué reçu.

Selon AVCRHH, « depuis la condamnation de Hissène Habré en 2016 par les Chambres africaines extraordinaires pour torture et crimes contre l’humanité, incluant notamment l'esclavage sexuel, ses soutiens n’ont eu de cesse de tenter de faire libérer l’ancien dictateur du Tchad, de manière anticipée, pour des motifs fallacieux, comme de fausses rumeurs de maladie ».

« Nous venons d’apprendre que les avocats de Habré ont déposé une demande de permission de six mois auprès du juge d’application des peines, motivée une fois de plus par son état de santé

Notre association, qui représente des milliers de ses victimes, rejetons cette demande et exigeons que, conformément au verdict historique prononcé par les Chambres Africaines Extraordinaires (CAE) et aux obligations internationales du Sénégal, M. Hissène Habré purge la peine de la réclusion à vie à laquelle il a été condamné
», avise l’association .

Ce jugement exemplaire, qui fait l’honneur du Sénégal et de l’Afrique, a établi la participation d’Hissène Habré dans la commission de crimes horribles et dont les survivants portent encore les stigmates.

« Il faut aussi rappeler que le Comité contre la torture des Nations Unies a déjà écrit au Sénégal en décembre 2019, pour réaffirmer que « la libération prématurée des auteurs des crimes internationaux les plus graves n'est pas conforme aux obligations » de la Convention de l’ONU contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, dont l’obligation de réprimer les actes de torture par des peines prenant en compte la gravité de leur nature. Selon le rapporteur du Comité, il ne faut pas qu’il y ait « de recours à une mesure déguisée d’amnistie, et que si d’aventure l’état de santé de Hissène Habré ne permettait pas le maintien en détention de celui-ci, il fallait que ce soit avéré ».

Clément Abaifouta, président de l’Association des Victimes des Crimes du régime de Hissène Habré (AVCRHH), ajoute : « Nous attirons aussi l’attention sur le fait que les Chambres ont ordonné à Habré de payer 82 milliards de francs Cfa aux 7 396 victimes désignées. A ce jour, il n’a toujours pas versé un seul centime aux victimes. Hissène Habré a caché, et cache toujours, l’argent qu’il a volé au peuple tchadien. Le Comité contre la torture, dans sa lettre du 23 décembre 2019, s’est également « déclaré à nouveau préoccupée par le fait que, jusqu'à présent, les victimes des crimes d'Hissène Habré n'ont pas été indemnisées ».

Pour eux, si M. Habré est malade, il doit bien évidemment recevoir un traitement médical. Ce traitement pourrait lui être prodigué en prison. Il ne peut cependant pas être libéré sans violer les obligations du Sénégal et les principes fondamentaux de la justice internationale.