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En attaquant Diamacoune, Sidy Lamine Niasse fait tomber son masque : réponse aux confusions d’un média intello religieux. (par Dr Ahmed Apakena Diémé)


Rédigé par leral.net le Lundi 13 Juin 2016 à 09:57 | | 0 commentaire(s)|

En attaquant Diamacoune, Sidy Lamine Niasse fait tomber son masque : réponse aux confusions d’un média intello religieux. (par Dr Ahmed Apakena Diémé)
Avec chaque régime qui passe au Sénégal, Monsieur Sidy Lamine Niasse a souvent affiché plusieurs attitudes répondant plutôt à des calculs pécuniaires : accointances avec certains favorables à l’influence arabo musulmane au Sénégal, adversité avec d’autres francophiles, rancunes avec d’autres encore qui prêchent la bonne gouvernance et la fin du favoritisme fiscal. Il en est du régime actuel. Des soucis fiscaux expliquent entre autres ses récentes relations houleuses avec l’actuel régime. Mais il y a plus souterrain que ce qui derrière le masque que vous portez.
Ceci l’amène à prendre des positions politiques qui le trahissent, faisant tomber petit à petit le masque. Ce, dans le contexte actuel de la propagation de l’islam politique à connotation plutôt salafiste, dans la région du Sahel.
Ses récentes positions peuvent se résumer en la critique de la laïcité, de l’Etat qui serait devenu, à ses yeux chrétien, par son manque de supposée équité confessionnelle. Au point de considérer l’Etat sénégalais comme un Etat chrétien, alors même que la majorité de « la population est musulmane », ce sont ses mots.
Aujourd’hui dans un compte rendu que j’ai découvert sur le site Leral.net, il nous livre une piètre confusion au sujet du Mfdc et de l’Abbé Diamacoun, son défunt Secrétaire Général : je cite ses propos : « je ne vais pas chercher à importer Daesh depuis le Moyen Orient, après avoir trouvé ici au Sénégal l’Abbé Diamacoune Senghor » ;
Si Moustapha Diakhate est fan ou fidèle de l’Abbé qui a tué tant et tant de sénégalais et sénégalaises et contribué à mettre à genoux l’économie de la florissante Casamance, c’est son droit absolu, quant à moi je resterai un combattant au service de la justice »
Monsieur Niasse est un habitué dans la confessionnalisation du débat politique. Certes il a toujours, à ce sujet, revendiqué son statut de religieux. Mais, tout comme bien des tenants de l’islam politique qu’on trouve de plus en plus chez les descendants des familles maraboutiques, pas de leurs pères, il confessionnalise les questions du vivre-ensemble. Dans son argumentaire, il est aisé de percevoir le schéma suivant : majorité musulmane et minorité chrétienne. Dans bien des opinions d’Afrique à dominante musulamane la majorité démographique implique la majorité démocratique et politique. Alors, on ne voit plus la majorité à l’aune de la citoyenneté et de l’humanité dépouillée du référentiel religieux, mais à l’aune de la religion.
La Nation s’appréhende donc à l’aune de l’appartenance religieuse. De même que la démocratie (dont la faiblesse intrinsèque consiste justement en son côté arithmétique) est perçue à l’aune du référentiel et du narratif religieux. Tout le contraire de la Casamance que le Mfdc veut bâtir. Une Casamance dont le socle socio politique et idéologique, seront la citoyenneté déconfessionnalisée, la sécularisation systématique des valeurs et règles de droits. Nous mettrons en pratique ce que Michel Foucault appelle, « le langage à l’infini » au lieu du « langage de l’infini » Voir les mots et les choses, pour ceux qui aiment les livres austères.
Il efface ainsi de l’esprit, la citoyenneté déconfessionnalisée. Sur la base du siècle des Lumières, des valeurs sécularisées des sociétés africaines ante islamiques et ante chrétiennes, on peut trouver les ressorts idéologiques pour renforcer les citoyennetés africaines (sénégalaise, casamançaise, etc.)
Nous autres africains avons été tellement assimilés par l’arabe et le blanc que nous oublions de revisiter nos Grands récits, nos mythologies et légendes fondateurs, nos narratifs politiques, tels que celui des Dogon que Marcel Griaule a merveilleusement décrits, comme si l’histoire l’histoire n’a commencé qu’avec le narratif monothéiste abrahamique. Lequel, justement présente le danger de décréter chacun dans sa partition, la fin de l’histoire.
La particularité des siècles des Lumières, consiste en la révolution kantienne, résidant dans l’énoncé philosophique, selon lequel la raison n’a d’autres instances suprêmes qu’elle-même. Là, furent inaugurés les crépuscules du droit d’inspiration divine, de l’inféodation aux aristocraties alliées des ordres cléricaux de l’Occident.
Pour ce qui est des valeurs sécularisées africaines issues des systèmes religieux ante monothéistes, à part les monarchies et théocraties des sociétés verticales, les sociétés horizontales moins acculturées par l’ordre monothéiste abrahamique, ont développé un système démocratique immanent basé sur l’égalité originel et absolu des hommes et la noblesse universelle. Sur un ordre immanent bâti par les hommes sur terre et qui se nourrit du langage enveloppée dans une praxis communicationnelle égalitaire et circulaire. La quelle praxis atteint son summum par la prise de décision démocratique engageant l’ensemble de la société.
Monsieur le baron des médias et marabout de sa confrérie ne peut pas être sensible aux schémas de pensée sécularisés africaines ou occidentales. Si bien qu’il se livre à une confusion entre Diamacoune et Daesh. Diamacoune n’a jamais eu, dans son combat pour la liberté et la justice, la paix dans la vérité et dans la justice, une approche confessionnelle.
Au contraire, et là-dessus, même ses coreligionnaires ne l’ont jamais compris, Diamacoune s’inscrivait, dans tout son combat, sous la banière de l’Eglise de la Libération pas de l’Eglise conservatrice et molle de Monseigneur Mamba et d’autres religieux poltrons casamançais. Avec comme arrière fond spirituel et idéologique la pratique de résistance et de spiritualité de la classes des prêtres et prêtresses Jamat. Laquelle classe a brillé par ce que Christian Roche appelle la résistance chronique diola ; d’où s’éclot, au fil des âges, le nationalisme irréductible casamançais.
En milieu Jamat, les Aléondisso Bassène, les Alinsitoe, les Djignabo Bassène, les Sibessondo Diatta, sont plus prêtres de la religion jamat que rois, contrairement à ce que disent certains, y compris des intellectuels casamançais prisonniers de l’historiographie hegelienne. Ce n’est pas un hasard, si dans son sacerdoce,Diamacoune a pour mission de « prêcher, de faire régner la vérité et la justice sur terre ».
Diamacoune, contrairement à certains de ses coreligionnaires, y compris celui qui est devenu le valet des autorités sénégalaises en Casamance, a mis l’Eglise au service de son peuple, son sacerdoce au service d’une cause juste, noble et légitime.Dans la vie, tout être humain qui n’a pas de cause, est simplement un pauvre type.
L’actuel Eglise sans Diamacoune dessert l’Eglise de la Casamance dans son rôle moral, éthique, socio politique de défendre les faibles, les victimes, les réprimés : elle est de plus en plus supplantée, à cause de sa mollesse et de sa rigidité, de son manque de style, dans ses rites immuables et ennuyeux, pendant que les nouvelles Eglises fleurissent et travaillent plus à l’équilibre socio confessionnel, gage de tolérance, de rempart contre les fondamentalismes agressifs et totalitaires.
Tels les prêtes et prêtresses jamat dont la pureté et la sainteté sont conditionnée par le dire vrai, le sens de la justice, le courage moral et éthique dans les luttes pour défendre leur peuple, et l’attachement au « Keloumak », c’’est à dire le lieu de l’élaborationjamat de la démocratie parlementaire, Diamacoune nous a tracé à sa façon la ligne de fuite en direction de la liberté.
En Casamance, Diamacoune s’impose, même défunt, comme une figure transversale respectée par les Casamançais du Mfdc, les « Casamanquais », les Casamançais virtuels qui surgira de 34 ans de lutte pour l’indépendance.
Non, cher marabout Niassène, Diamcoune n’a pas tué et n’a jamais appelé à tuer, mais à résister à la domination à se défendre. Car,Attika et les militants que furent nos pères ont été réprimés, par arrogance et condescendance sénégalais endo-coloniale, par une force de répression aveugle, nourrie d’aucune intelligence politique.
Laquelle force obéit aux politiques jacobins, qui n’ont pas compris (système et culture politique françaises oblige) que la revendication d’un droit à l’indépendance, lors de la marche de 1982, est un acte politique, l’expression civile et pacifique d’une conscience politique que toute démocratie doit respecter : face aux Katalan, aux Québécois, aux basques, au Corses, aux Irlandais, aux Ecossais, aux Kosovar, y a-t-il eu déferlement sauvage de violence ? Non.
Pourquoi, votre démocratie qui se targue d’être mature, n’est toujours pas capable de se hisser au haut rang, à la lumière, susceptibles de l’éveiller, quant à la sortie pacifique de conflit en Casamance ?
Au contraire, les amateurs des nouvelles Nations africaines qui ont confondu majorité ethno politique et « nation building », se sont acharnés, au nom de conception quasi religieuse de la Nation, sur les casamançais, qui furent pourtant en droit de questionner le vivre- ensemble, à travers cet acte historique de la marche mémorable de Décembre 1982.
Non, Monsieur le journaliste Diamacoune n’est pas Daesh, car il a toujours conçu la Casamance dans sa diversité ethnique et religieuse : à la question qui est casamançais selon vous, mon père ; il a répondu non pas un Joola ou un mandingue ou un Balant ou un Peulh ou un Makagne ou un Mandiak ou un Bainounk-Jamat, ou un Musulman ou un Chrétien, ou un Animiste ou un Athée,mais : «… est casamançais, celui qui porte la Casamance dans son cœur…. ».
Daesh c’est vous, ne serait-ce que par votre intolérance et vos rejets scandaleux de la simple construction d’une mosquée à Tivavoune à Touba à Léona Niassène, etc. C’est toujours vous qui ne voulez pas que votre système confrérique ou votre courant islamique soit souillé par les « Kafir », parmi lesquels vous mettez les chrétiens, ceux que vous appelez les paganistes tenant des religions ante abrahamiques africaines.
Daesh, c’est vous. Parce que vous avez un projet caché dans vos kaftan et turban de théocraties dans l’Afrique à dominante musulmane. De même, comme descendants des familles maraboutiques, vous êtes en décalage avec vos pères. Et c’est normal.
Si eux étaient pour un islam cool et confrérique rural et reproduisant les structures anthropologiques wolof de nobles et de basses classes, vous, vous êtes techno mondialisés, plus sensibles aux souffrances des palestiniens qu’à celles du petit Tutsi ou Centrafricain du Darfouri, du petit Congolais, ou encore du Casamançais réprimé. Vous êtes toujours prêts dans vos mégalomanies diplomatico intellectuelles à vous indigner face aux massacres,(condamnables des arabes) qu’aux folies meurtrières de BokoHaram contre les chrétiens autochtones de Borno State, à vos portes
Vous êtes plus dans la théorie complotiste digne de You tube entraînant les gens vers le paradigme ou l’équation suivante : les judéo chrétiens contre les musulmans, l’endiguement désespéré de l’islam triomphant, la proclamation par la Dawa de la vérité Absolue que seul l’Islam religion, abrahamique parmi les trois actuellement en concurrence dans la conquête politique du monde, détiendrait, etc.
En Casamance, que l’opinion internationale et les chancelleries occidentales en soient averties, un brin de Daesh, de BokoHaram ou d’Ansaredin ou du Mujao ou encore d’El Bourabitoun, ne pourra jamais conquérir une minuscule parcelle de terrain. Car nous avons une armée qui veille. Si nous casamançais perdons cette armée, nous sommes foutus à jamais.
Nous sommes en droit, vu vos méthodes actuellement mises en application par vos généraux comme le contre-amiral Sarr et son Comorien d’intello-consultant, de soupçonner le montage de milices casamançaises ouvrant un couloir aux cellules Djihadistes en Casamance. Djifagoutoli Moungap…. Veuillez chercher un traducteur en Jamat.
Or, vous autres élites sénégalaises, y compris vos services d’intelligence, travaillez actuellement à faire croire le contraire, juste pour discréditer le Mfdc. Les conditions socio politiques, religieuses et culturelles de l’importation deDaesh se trouvent chez vous :
Vos féodalités confrériques, vos gourous de marabouts alliés aux élites gouvernantes, vos pratiques d’associationnisme « Shirk » dans vos familles confrériques), votre conservatisme politique entravant l’émergence d’idées révolutionnaires pour une libération totale de l’l’Afrique, votre système structurant d’asphyxie fiscale de votre Etat par la prégnance mercantiliste des confréries sur le système économique de votre pays, etc.
C’est chez nous en Casamance que la guerre a lieu et donc c’est chez nous que la répression se produit depuis 33 ans. Voici une liste des bourreaux et assassins des Casamance, y compris ceux qui ont été séquestrés pendant 20 ans comme Diamacoune, mort en résidence surveillée :
le Président Abdou Diouf , ses généraux comme le Général Dieng et ses escadrons de la mort qui ont assassiné de façon ciblée et sous mes yeux (alors que j’étais jeune garçon à Bignona, vulnérable et pathétique spectateur de la torture des Vieux militants du Mfdc attachés sur les arbres nus ou encore qui ont vu leur barbes brulées) ; le président Wade et le Général Fall l’escadron de la mort qui a tué Sarany Manga Badiane, du temps de Diouf et tous les lieutenants de Diamacoune dans les rues de Ziguinchor, le Président Macky Sall dont l’armée a tué des jeunes dans le Kassa, nie qu’il existe un mandat d’arrêt international contre Nkrumah Sané, qui demande aux chancelleries occidentales d’extrader Ousmane Tamba, Dr Ahmed Apakena Dieme, etc.
Connaissez-vous les massacres de kaguit, de Djibelor, les massacres de Mandina Kaguil ou Mandina Mankagne ? Connaissez-vous les massacres et les exécutions extra judiciaires de Kartiack, de Thion kessyl, de Badem, et de dizaines d’autres villages.
Savez-vous que la Casamance a plus de 27 mille ressortissants, réfugiés en Gambie et en Guinée Bissau ? Si vous voulez et surtout si vous avez le courage de demander justice pour les victimes casamançaises de vos politiciens sénégalais, je serais heureux de vous envoyer une liste détaillée des victimes de vos exactions.
Entre Diamacoune et vos leaders politiques et militaires, qui est bourreau de qui ? Surtout si vous nous avez trouvés chez nous et y avez installé la guerre d’usure qui ne finit pas ? C’est l’envahisseur qui amène la guerre chez l’autochtone, pas l’inverse. Si nous avions posé des bombes à Dakar, on aurait vu que les bourreaux seraient des deux côtés.
Vous savez enfin que le vœu de Diamacoune, jusqu’à son rappel à Dieu à l’hôpital Val de Grace, fut la paix en Casamance, mais « la paix dans la justice et dans la vérité » Bâtir la paix dans la justice et dans la vérité signifie ouvrir un vrai processus de négociations politiques sur la question de la Casamance.
Lutter contre Deash ou les groupes salafistes et Djihadistes du Sahel si vous avez de la hauteur stratégique, suppose certainement la stabilité de la sous-région allant de la Gambie à la Guinée Bissau. Une lutte à laquelle le Mfdc et Attika son aile armée, sont fatalement parties prenantes. A moins que vous soyez un Daesh idéologique, pas armé !!!! Ce qui, au demeurant, reviendrait au même.
Laissons Diamacoune tranquille dans sa Tombe, sur laquelle, je le dis au passage, nous avons le droit de nous recueillir !!


Bonn le 11/06/2016
Dr. Ahmed Apakena Diémé, consultant, membre du CIU Mfdc.