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En conclave à Dakar: Les lanceurs d’alerte d’Afrique cherchent la bonne voie

«Il faut beaucoup d’indiscipline pour faire un peuple libre», avait écrit Georges Bernanos. Les lanceurs d’alerte sont peut-être aussi les nouveaux indisciplinés dont l’Afrique a besoin, pour proposer des angles de renforcement de lutter contre la corruption et le blanchiment, en favorisant une législation qui puisse suivre la «transnationalité» de la fraude.


Rédigé par leral.net le Jeudi 7 Octobre 2021 à 11:40 | | 0 commentaire(s)|

En conclave à Dakar: Les lanceurs d’alerte d’Afrique cherchent la bonne voie
Lors d’une conférence de presse, à la Maison de l’Alerte, Fadel Barro, coordonnateur pour l’Afrique de l’Ouest de la Plateforme de protection des lanceurs d’alerte en Afrique (Pplaaf), a souligné que le lancement d’alerte est mal connu en Afrique.

«Il manquait sur le continent africain un rendez-vous qui regroupe les acteurs autour de l’alerte : journalistes, avocats, lanceurs d’alerte, protecteurs des droits humains, activistes des mouvements citoyens.»

Or, selon lui, ces démocraties balbutiantes ont besoin de vulgariser et de protéger les lanceurs d’alerte, pour préserver l’intérêt général. «Plus la marge de la Société civile rétrécit, plus le lancement d’alerte devient primordial à la construction et à la sauvegarde de la démocratie», a expliqué Fadel Barro, le cofondateur du mouvement civique Y en a Marre.

En effet, la Pplaaf a proposé hier, la première édition de l’Université d’hivernage des lanceurs d’alerte (Uhla), qui compte devenir un événement annuel et permettra de faire le point sur les législations en matière de protection des lanceurs d’alerte, des activistes et des défenseurs des droits humains.

Elle pourra formuler également des recommandations aux institutions nationales et internationales, pour se mettre à jour sur les nouveaux procédés de la corruption et de la nuisance à l’intérêt général. Ces lanceurs d’alerte, «victimes de représailles » sans précédent et de menaces, M. Barro appelle les gouvernements à les protéger pour lutter contre la «corruption ».

«Les nuisances à l’intérêt général peuvent être économiques, écologiques, environnementales et sanitaires. Chaque citoyen peut être un lanceur d’alerte. Et aujourd’hui, on attend les lanceurs d’alerte du Sénégal sur les services de l’industrie alimentaire, qu’on nous vend à longueur de journées», explique-t-il.

En réalité, souligne Fadel Barro, l’Ofnac pourrait accueillir les lanceurs d’alerte mais malheureusement, il n’y a pas les outils juridiques nécessaires pour protéger et encourager ces hommes.

Et c’est la raison pour laquelle, selon lui, une institution comme la Plateforme de Pplaaf a été mise en place, pour soutenir moralement, juridiquement ces gens qui ont décidé de briser le silence, à un moment donné, pour l’intérêt général.

«Pplaaf porte le plaidoyer au niveau des Etats pour qu’au moins il y ait une protection juridique», a-t-il fait savoir. Pour rappel, depuis quelques années, Pplaaf est devenue «incontournable» dans l’accompagnement de lanceurs d’alerte en Afrique. Depuis sa création, elle a soutenu une trentaine de lanceurs d’alerte : «Chefs d’entreprise, banquiers, fonctionnaires, responsables commerciaux, comptables», précise un document remis à la presse. L’avocat des lanceurs d’alerte, président et fondateur de la Pplaaf, William Bourdon estime qu’il y a une différence entre un activiste et un lanceur d’alerte ou défenseur des droits de l’Homme.

«Le lanceur d’alerte révèle quelque chose de caché. Il ne descend pas forcément dans la rue. Il faut une certaine intensité dans le scandale qu’on révèle, bien évaluer les risques et faire un arbitrage de la façon la plus sécurisée pour soi. Il faut être certain que l’information que l’on révèle soit exacte. Il faut, en fonction de ses situations personnelles, familiales et professionnelles, bien ajuster sa stratégie et ne pas prendre de risque inutile. On peut accepter aussi que son nom ne soit pas communiqué par les journalistes pour rester aussi dans l’anonymat », a-t-il conclu.





Le Quotidien