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En considération de son objectif, l’Etat doit revoir la rédaction du communiqué du Conseil des ministres


Rédigé par leral.net le Dimanche 3 Juin 2018 à 13:57 | | 0 commentaire(s)|

La réunion hebdomadaire du Conseil des ministres est une réunion constitutionnelle autrement dit une réunion inscrite dans notre constitution qui est présidée par le Président de la République.

Ainsi, le compte-rendu de cette réunion de haut niveau, la plus élevée dans notre République, est rédigé et diffusé dans les médias sous forme de communiqué du Conseil des ministres.

Depuis un certain temps, le communiqué du conseil des ministres a profondément changé dans sa forme. En effet, il est marqué par une utilisation abusive du présent de l’indicatif rendant sa compréhension difficile et déroutante pour la majorité des Sénégalais.

En somme, il rend compte de la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres présidée par le Président de la république. Son importance n’est plus à démontrer. Son caractère républicain ne nécessite pas d’explication. Et sa valeur communicationnelle est une évidence.

Le dernier communiqué du conseil des ministres du 30 Mai 2018 diffusé dans les médias commence par cette phrase ci-après conjuguée au passé composé: « Le Président Macky SALL a réuni le Conseil des ministres, mercredi 30 mai à 11 h, au Palais de la République »

Cependant, ce qui est abracadabrant est du fait que dans le corps du texte, tous les verbes à l’exception du paragraphe 6 sont conjugués au présent de l’indicatif. Ce qui ajoute beaucoup plus à la confusion qu’à la clarté du message de l’auteur du communiqué du Conseil des ministres, dont l’objectif vise à informer les populations sur ce qui s’est passé à cette réunion et les décisions qui ont été prises.

Dans la forme, ce communiqué du Conseil des ministres n’a pas suivi dans sa construction l’ordre de jour classique axé autour généralement de trois points : les mesures générales, les projets de décrets et de lois et les communications. Dans le fond, l’utilisation tous azimuts du présent de l’indicatif, perturbe toutes nos notions de temps articulées autour du passé, du présent et du futur.

La volonté de changement de l’auteur du communiqué du Conseil des ministres est réelle mais il se trouve que la langue française a des règles que ses usagers sont obligés de respecter. Le présent de l’indicatif a des valeurs multiples dont il faut absolument tenir compte dans n’importe quel exercice d’écriture.

Ainsi, on distingue plusieurs valeurs du présent de l’indication selon le contexte et selon la raison pour laquelle il est employé parmi lesquelles, il faut distinguer :
Le présent d'énonciation (immédiat ou momentané) qui correspond au moment où l'on parle.
Le présent de narration qui s’emploie pour rapporter des actions passées en les rendant plus vivantes.
Le présent de vérité générale qui s'emploie pour parler des faits toujours vrais (proverbes, définitions, propriétés scientifiques).
Le présent d'habitude (itératif - répétition) qui s’emploie pour décrire les actions habituelles, qui se répètent.
Le présent duratif (étendu) qui s’emploie pour décrire une action qui dure, une action qui a commencé mais qui n'est pas limitée dans le temps.
Le présent de caractérisation (description) qui s’emploie pour décrire une caractérisation ou faire une description.

L’auteur du communiqué du conseil des ministres a beaucoup utilisé le présent de l’indicatif. Ce qui a impacté négativement sur la compréhension de son texte dont l’objectif principal est d’être compréhensible et accessible au grand public, sa cible (voir le communiqué du conseil des ministres du 30 Mai 2018).

L’auteur écrit : « Entamant sa communication autour du règlement de la crise universitaire, le Chef de l’Etat adresse ses chaleureuses félicitations aux membres de communauté estudiantine du Sénégal pour …. »

« Le chef de l’Etat adresse ses chaleureuses félicitations aux …. »

L’utilisation du présent dans ce paragraphe est en décalage avec le moment où le compte rendu est fait. Ce présent n’est ni un présent de narration qui est utilisé pour rapporter des actions passés en les rendant vivants, ni un présent de vérité générale.

Puis, il écrit : « Dès lors, appréciant ces moments d’échanges autour de l’avenir de l’enseignement supérieur, du renouveau d’un mouvement étudiant réconcilié avec lui-même et de la stabilité universitaire, le Président de la République décide d’engager... »
« ...le chef de l’Etat décide d’engager ... » La conjugaison au présent de ce verbe rime-t-elle à quelque chose ? Ce présent de l’indicatif n’a ni la valeur d’un présent de vérité générale ni la valeur d’un présent de narration ?

Ce qui est certain, il y a une unité de temps et de l’espace quant à la tenue du conseil des ministres qui s’est déroulé au palais de la République le 30 Mai 2018.
Pour amorcer la conclusion de son communiqué du Conseil des ministres, l’auteur a utilisé le passé composé. Il apporte une rupture dans le temps. Mais pourquoi ?
L’auteur écrit : « Le Chef de l’Etat a terminé sa communication sur le suivi de la coopération, des partenariats et son agenda diplomatique. »

« Le chef de l’Etat a terminé sa communication sur le suivi….. »

Précédemment, l’auteur a utilisé le présent de l’indicatif pour rapporter les propos du chef de l’Etat M. Macky Sall et du Premier Ministre. Alors qu’est-ce qui s’est passé entre-temps dans la tête l’auteur au point de changer de temps de récit ? Du présent, il passe au passé composé.

Enfin, il écrit « Le Premier ministre a adressé, au nom du Gouvernement, ses chaleureuses félicitations au Chef de l’Etat, pour son engagement pour l’éducation, un enseignement supérieur d’excellence et ses décisions de haute portée qui ont permis, un dénouement heureux de la crise estudiantine. Il a ensuite rendu compte de la coordination de l’activité gouvernementale. »

En résumé, l’auteur a utilisé systématiquement le passé composé pour rapporter toutes les communications faites par les ministres et les nominations du Conseil des ministres en Conseil des ministres du 30 Mai 2018.

Au total, le communiqué du Conseil des ministres est un outil d’information des populations sur ce qui y est dit et sur les décisions qui ont été prises au cours de la réunion hebdomadaire présidée par le Président de la république. Ce n’est pas un texte littéraire qui doit être sophistiqué mais plutôt, il s’agit d’un texte qui doit être simple, compréhensible, accessible et capable d’informer le grand public.
Vive le Sénégal !
Vive la république !


Par Baba Gallé DIALLO
Email : babadediana@gmail.com