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Entretien exclusif avec SEM Nicolas Normand

La guerre au Mali fait, aujourd’hui, l’actualité en Afrique et même dans le monde. Occasion pour intelligences magazine d’aller à la rencontre de son Excellence Mr Nicolas Normand, Ambassadeur de France à Dakar. Au moment où certains suspectent la France d’avoir des intérêts au Mali, l’illustre diplomate apporte la réponse officielle justifiant la présence de son pays dans cette guerre à laquelle François Hollande excluait toute intervention militaire de la France. L’ancien ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire à Bamako de la France revient sur les autres aspects de la présence des islamistes dans ce pays. Dans cet entretien, Nicolas Normand, au-delà, de la guerre au Mali, évoque beaucoup d’autres sujets. La coopération entre la France et le Sénégal, les relations de son pays et le continent noir, le procès Hissène Habré qui s’ouvre ce mois, sont autant de sujets abordés dans cet entretien. L’actualité liée au Sénégal marquée par la traque des biens mal acquis avec la plainte déposée par l’Etat du Sénégal en France n’a pas été occultée. La diplomatie dit tout. Entretien.


Rédigé par leral.net le Vendredi 22 Février 2013 à 14:42 | | 5 commentaire(s)|

Entretien exclusif avec SEM Nicolas Normand
Merci beaucoup excellence de nous accorder cet entretien. De manière générale, quel est votre point de vue sur la situation au Mali aujourd’hui ?
La situation au Mali est beaucoup plus rassurante qu’elle ne l’était avant l’intervention française du 11 janvier. Parce qu’aujourd’hui le Mali est en train de récupérer l’ensemble de son territoire. Ce qui est très important. D’autre part, les groupes terroristes, djihadistes et de trafiquants sont en train d’être éradiqués. Par conséquent, la situation qui s’était dégradée ces dernières années jusqu’à devenir une situation de crise en 2012, est en passe d’être résolue sur le fond.
Vous semblez être optimiste. Pensez-vous que ce soit une intervention de courte durée ?
Il y a des raisons d’être optimiste parce que, je vous l’ai dit, on était dans un cercle vicieux de dégradation de la situation au Mali et ce cercle a été brisé. Aujourd’hui, l’espoir renaît au Mali et l’intervention française a été accueillie sur place par la population et les autorités de la région, avec beaucoup d’enthousiasme. Elle fait donc consensus. Pour ce qui est de la durée, il faut dire qu’il a plusieurs phases. Il y a une phase militaire qui se poursuit puisque tout n’est pas encore fini. Même si les quatre principales villes sont revenues sous la coupe des autorités maliennes, il reste qu’un certain nombre de groupes terroristes sont réfugiés hors des villes où ils se sont dispersés. Donc, toute menace n’a pas complétement disparu. D’autre part, dans les villes elles-mêmes, il se peut que les terroristes reviennent pour perpétrer des attentats. Donc, il faudra contrôler la sécurité dans les villes. C’est le rôle des forces de sécurité du Mali mais aussi celles de la Misma (Mission internationale de soutien au Mali). Pour l’instant, la situation sécuritaire n’est pas complétement stabilisée. Le deuxième point, c’est qu’il faudra une phase politique pour restaurer le fonctionnement institutionnel du Mali.
Qu’est-ce qui explique selon vous, le changement d’avis du Président François Hollande qui, au début, semblait réticent à l’idée d’envoyer des soldats au Mali ?
Les choses sont très simples et très claires. Le 11 janvier, les groupes terroristes, les groupes rebelles armées du Nord, sont passés à l’offensive et ont submergé l’armée malienne à Mopti. Or, c’était le verrou qui protégeait le reste du Mali. C’était la zone qui séparait le nord occupé du sud. Si la France n’était pas intervenue, ces groupes terroristes allaient arriver sans difficulté sur Bamako. Et quelles auraient été les conséquences d’une non-intervention Française ? C’est cette question que s’est posée le Président Français. De toute évidence, les conséquences auraient été catastrophiques pour le Mali et ses populations ainsi que les 6000 ressortissants français y résidants et qu’il a fallu évacuer dans l’urgence. Une non-intervention française aurait été synonyme d’abandon du Mali à son sort. Il s’y ajoute que le Président du Mali a expressément sollicité une intervention militaire française au Président Hollande. Il y avait deux potions : refuser ou accepter. Mais refuser aurait été catastrophique.
Pensez-vous que la poussée de ce réseau islamiste en Afrique de l’Ouest devrait pousser certains régimes à reconsidérer la présence des bases militaires françaises sur leurs territoires respectifs ?
D’abord, ce n’est pas seulement une poussée islamiste. Je pense qu’il ne faudrait pas avoir une lecture spécifiquement religieuse de ce qui s’est passé au Mali. Il y a eu la conjonction de trois phénomènes qui ont occasionné la perte du Nord par Bamako : ce sont les conséquences de la guerre en Libye avec l’afflux d’armes et de combattants dont les motivations n’étaient pas d’ordre idéologique ou religieux. Il y avait effectivement l’existence d’un groupe d’intégristes islamistes d’origine algérienne, AQMI (Al Qaïda au Maghreb Islamique). Et puis il y a eu la rébellion touarègue qui, elle aussi, n’était pas d’inspiration idéologique, mais plutôt indépendantiste, portée par quelques personnes qui ne veulent pas dépendre de l’autorité étatique. On ne peut donc réduire ce qui s’est passé au Mali à une poussée islamiste, même s’il s’agit, en partie, d’extrémistes qui se voilent de considérations religieuses. Pour ce qui relève des bases militaires françaises, ce qu’il faut dire, c’est qu’il n’y en pratiquement plus en Afrique, à l’exception de la Côte d’Ivoire où ce sont les autorités ivoiriennes qui ont demandé à la France de rétablir celle qui se trouve à Abidjan alors que la France n’avait pas l’intention d’y laisser un dispositif militaire. Il y a aussi des forces qui se sont déployées au Tchad et au Burkina Faso, sans vraiment qu’on puisse véritablement, parler de bases militaires françaises. Il y en avait eu jusqu’en 2011 à Dakar. Elle a été fermée en tant que base militaire. Les militaires français qui sont à Dakar ne sont pas aptes aux combats. Il n’y a ici, ni le matériel, ni les troupes pour réagir de façon militaire à ce qui s’est passé au Mali. D’ailleurs les soldats français ne sont pas venus du Sénégal. Ils sont venus du Burkina où ils étaient pré-positionnés, et du Tchad. Aujourd’hui, du matériel venu de France a transité par le port de Dakar et une partie est directement arrivée, par avion, au Mali. Je pense que le pré-positionnement militaire d’éléments français dans la région a facilité une réaction très rapide. Et qu’il n’y a pas de raison de remettre en cause l’équilibre qui avait été convenu avec les chefs d’Etats africains après la crise malienne. Ce sont des dispositifs légers qui sont sur place, qui peuvent intervenir dans des situations extrêmes comme ce qui s’est produit au Mali ou pour défendre des ressortissants français qui peuvent être menacés par des groupes terroristes. C’est la raison d’être de ces pré-positionnements.
Peut-on réellement parler de guerre avec l’intervention française au Mali ?
Il faut parler de guerre. Ce n’est pas la peine de se cacher derrière son petit doigt. Du moment où il y a des combats qui impliquent des militaires, on peut parler de guerre même s’il n’y a pas le formalisme avec une déclaration de guerre.
Ne pensez-vous pas que la France soit seule dans cette guerre…, qu’elle devrait bénéficier du soutien de ses amis européens ?
Je n’ai pas ce sentiment. La France n’est pas isolée. Le 11 janvier, il y a eu une demande exprimée dans l’urgence par le Président du Mali au Président Français. Il fallait donc intervenir immédiatement. Entre la décision du Président Hollande et l’arrivée des militaires sur le terrain, il y a eu cinq heures d’attente. Cinq heures pendant lesquelles les troupes françaises ont été transportées sur place. Il est évident que, celui qui est prêt qui doit arriver tout de suite. Il se trouve que pour des raisons évoquées tout à l’heure, c’est-à-dire, le pré-positionnement militaire français dans la région, nous étions les plus impliqués et les proches du terrain, pour trouver une solution avec les autorités maliennes. C’était la première phase qui était une phase d’urgence. Il y a ensuite une deuxième phase qui est l’arrivée d’autres contingents africains constituant la MISMA comme prévu par une résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies. Et là aussi, cela s’est passé le plus rapidement, car dès la mi-janvier, nombre de forces de la CEDEAO, plus celles du Tchad, sont arrivées sur place tel que prévu. Aujourd’hui, l’armée française est en pointe sur le front mais les villes libérées ne se sont pas particulièrement contrôlées par elle, mais par l’armée malienne avec l’aide d’autres armées de la CEDEAO et du Tchad. Concernant les pays européens, leur rôle avait été défini : c’était un rôle de formation et d’appui à l’armée malienne et cela est en train de se mettre en place.
Etes-vous satisfait du soutien de la CEDEAO dans cette guerre ?

Les choses se sont bien passées. Simplement, on s’est aperçu à cette occasion que le principe d’une force en attente de la CEDEAO et d’autres organisations régionales qu’on essaie de préparer depuis des années, n’est pas clairement opérationnel puisque les discussions ont été assez longues au sein de la CEDEAO pour mettre en œuvre cette opération. Ensuite, la mobilisation des forces de la CEDEAO a également été assez longue. La leçon à tirer est qu’il n’existe pas une force de la CEDEAO capable d’intervenir immédiatement. D’où le caractère incontournable d’avoir fait appel à la France. Mais à terme, dans les années à venir, il serait nettement préférable que les pays africains aient la capacité de gérer leurs affaires sans faire appel à des puissances extérieures à l’Afrique. Et c’est le but recherché par tout le monde.
A ce stade de la résolution de la crise, peut-on considérer que les ennemis sont complétement affaiblis où continuent-ils de constituer une menace pour la région ?
La bonne nouvelle c’est qu’à l’occasion de cette opération, les groupes terroristes, les trafiquants, les djihadistes et les rebelles touarègues ont été très fortement affaiblis. Début janvier 2013, ces différents groupes terroristes étaient à leur apogée parce qu’ils avaient encaissé les rançons des otages. Plusieurs dizaines de millions d’euros ont été déversées. D’autre part, ils alimentaient dans cette zone de non-droit, tout un trafic de drogue, d’armes, de cigarettes etc. ils avaient récupéré une partie de l’arsenal de l’armée libyenne et, tout récemment, de celui de l’armée malienne. Jamais ces groupes terroristes n’ont donc été aussi puissants que début janvier 2013. C’est d’ailleurs, la raison pour laquelle ils ont eu l’audace de lancer une offensive vers le Sud-Mali. On peut imaginer que ce qu’ils voulaient, c’est ka transformation du Mali en Somalie : une situation anarchique, des terroristes qui occupent le terrain et se battent entre eux.
La menace serait-elle donc écartée pour le Sénégal ?
Le Sénégal était très menacé s’il n’y avait pas eu l’intervention de la France. Dans cette hypothèse, le pays voisin du Sénégal se serait transformé en plate-forme de combats et d’agressions. Et il est évident que ces groupes n’auraient pas limité leurs actions à l’intérieur du Mali, pour des raisons idéologiques, en partie. Notamment, parce que les groupes islamistes les plus radicaux auraient voulu en découdre avec l’Islam modéré, confrérique du Sénégal. Donc, on pouvait craindre des affrontements et l’exportation de leur conflit à l’extérieur du Mali.
Est-ce que l’analyse de la situation actuelle devrait conduire à reconsidérer les relations entre l’ex-puissance coloniale et ses anciennes colonies, le Mali en l’occurrence ?
Il n’est pas question pour la France de profiter de cette situation pour avoir un rôle important au Mali, à l’avenir. Ce n’est pas son ambition. Nous sommes intervenus pour éviter la situation que j’ai déjà décrite. Nous intervenons dans la phase d’urgence, mais le président François Hollande et le ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, l’ont annoncé déjà plusieurs fois : notre présence st temporaire et nous avons l’intention de nous retirer le plus rapidement possible et de laisser la communauté internationale, l’ONU en particulier, la CEDEAO et les autorités maliennes jouer leur rôle. Donc, nous sommes là à titre de secours immédiat et d’intervention militaire ponctuelle mais cela ne change rien à la politique française à l’égard de l’Afrique. Je pense que cette action militaire fera la démonstration que notre relation est une relation d’amitié et d’appui à l’égard du Mali. Aucun pays n’a intérêt à ce que le Mali s’effondre. Mais c’est vrai que cela aurait pu causer des problèmes, en particulier à la communauté française vivant là-bas, communauté étrangère la plus importante. Mais l’idée c’est de préserver le Mali.
Quelle sera la prochaine étape décisive dès que l’intervention militaire aura atteint ses objectifs ?
Tout cela n’est pas encore connu et doit être discuté avec les autorités maliennes. Donc, nous sommes simplement à imaginer et à émettre des hypothèses. La France va chercher à se retirer le plus tôt possible, de sorte que les autorités maliennes, tout de même appuyées par la communauté internationale, restaurent un Mali normal, démocratique et viable. La France aura sa part là-dedans, c’est-à-dire qu’elle ne va pas abandonner brusquement et totalement le Mali, mais elle sera qu’un des acteurs de la communauté internationale. Pas nécessairement un acteur plus important que les autres. Ça c’est sur le plan politique. Ensuite, c’est aux Maliens d’organiser la phase de reconstruction politique, puisque nous sommes dans un Mali qui a des institutions de transition. Donc, le principal défi après la phase actuelle de sécurisation, sera l’organisation d’une élection présidentielle libre, impartiale et crédible.
A ce moment-là, de nouvelles autorités seront désignées, des élections législatives interviendront probablement dans la foulée et il appartiendra aux nouvelles autorités de redéfinir un pacte social pour l’ensemble du Mali. Parce que les rébellions touarègues y sont récurrentes, même si elles sont le fait d’une minorité dans certaines régions du Nord Mali. Il faudra trouver une entente avec eux, mais pas forcément dans le sens de ce qu’ils demandent, mais en tenant compte du fait que les régions du Nord-Mali sont particulièrement pauvres et déshéritées. L’éducation et tous les projets de développement y sont plus difficiles à réaliser. Donc, il va falloir faire un effort pour que ces régions se sentent bien intégrées au Mali, pour qu’il n’y ait pas tel ou tel élément de la population qui exploite des difficultés économiques pour créer le désordre.
L’influence de l’Algérie dans la guerre contre le terrorisme au Sahel n’est plus à démontrer, soutient-elle l’opération Serval ?
Il n’y a pas eu du tout de déclarations publiques des autorités algériennes critiquant l’intervention militaire française. C’est important. On a même appris qu’ils avaient autorisé le survol de leur territoire par des avions militaires. Donc, comment appuyer plus l’intervention ? D’autre part, ils ont annoncé qu’ils avaient fermé leurs frontières aux groupes terroristes de sorte qu’ils ne puissent pas se réfugier en Algérie. Donc, on peut considérer que sans intervenir directement dans le conflit, l’Algérie approuve les opérations militaires en faveur du Mali.
L’Algérie a été critiquée dans sa gestion individuelle de la prise d’otages d’In Amenas, qui a conduit à la mort de plusieurs personnes…
Je crois que cette prise d’otages leur a rappelé le danger et l’audace de ces différents groupes terroristes. C’est vrai qu’en Algérie auparavant il y avait un certain nombre de voix qui insistaient sur l’action politique, et notamment la volonté de négocier avec le groupe Ansar-dine qui est précisément l’auteur des attaques au Mali. Ce groupe a quelque peu trompé ou trahi la confiance que certains en Algérie pouvaient mettre en lui. Donc, je pense que les autorités algériennes en ont tiré les conséquences. Me même, le président du Mali a dit lui aussi que le groupe Ansar-dine n’est plus un partenaire pour une discussion politique.

A présent M. l’Ambassadeur, parlons si vous le voulez bien du Sénégal. Vous entamez votre troisième année de mission, quelles sont vos impressions sur le pays ?
Vous savez, j’ai été en poste au Mali de 2002 à 2006, puis au Congo. Le Sénégal m’a fait découvrir un pays qui fonctionnait beaucoup mieux sur le plan des structures de l’Etat et de l’administration que les pays que j’avais vus, en particulier, le Mali. Ce qui m’a frappé au Sénégal, c’est de constater que c’est un Etat qui fonctionne dans l’ensemble avec une administration qui est bien organisée. De façon générale, c’est une vraie Nation en ce sens que les dirigeants, les fonctionnaires et les populations ont le sentiment d’être à l’aise au Sénégal, dans ses frontières et de partager un destin commun, parce qu’il n’y a pas de tension fortes au sein du Sénégal entre les différentes parties de la population sénégalaise. Et cela m’a beaucoup frappé, car il y a des pays qui sont plus artificiels en Afrique centrale en particulier, où les frontières sont un peu problématiques… et assurer son rôle ; c’était le cas du Mali. Ici, il n’y a pas ces difficultés-là. Le Sénégal donne une image très positive avec des institutions qui fonctionnent, une population motivée, une démocratie vivante et une société civile vraiment active. Il faut faire un deuxième constat pour dire que les pays qui entourent le Sénégal sont en revanche des pays en difficulté, parfois même en crise. Ce n’est pas seulement le cas du Mali. Raison de plus pour appuyer le Sénégal et je crois que, pour la France, le Sénégal est un partenaire important parce que c’est un îlot de stabilité et de tolérance entre les différentes populations de la Nation. C’est un pays qui a vocation à bien fonctionner.
A votre avis Excellence, quel rôle doit jouer le Sénégal dans ce contexte d’instabilité dans la sous-région ?
Le Sénégal est déjà présent dans l’ensemble des crises africaines, grâce, particulièrement, à son armée qui fournit des contingents dans les opérations de maintien de la paix. Comme c’est le cas en Côte d’Ivoire, en Guinée-Bissau, au Soudan, enfin un peu sur tout le continent africain. C’est un aspect plus opérationnel que diplomatique, puisque c’est plutôt le Secrétariat des Nations-Unies qui pilote les aspects politiques, le Sénégal fournissant des contingents qui sont nécessaires à la stabilisation des crises dans les autres pays africains. Maintenant, le Sénégal doit aussi sans doute avoir un rôle diplomatique dans toutes les crises de la région, et c’est le cas. Les différents présidents du Sénégal, et actuellement le président Macky Sall s’impliquent bien évidemment dans les pays voisins pour les aider à résoudre les difficultés. C’est le cas en Guinée-Bissau, où il y a une influence forte du Sénégal et aussi en Gambie. Il a des relations spéciales avec la Gambie pour éviter tout risque d’alimentation du conflit en Casamance. Donc, il est vital que le Sénégal ait des relations fortes avec ces deux voisins que sont la Gambie et la Guinée-Bissau, mais aussi avec la Guinée, la Mauritanie et le Mali.
Quelles sont les perspectives de la coopération bilatérale entre la France et le Sénégal pour 2013 ?
On est en train de discuter avec les autorités sénégalaises d’un nouveau document qui s’appelle Document cadre de partenariat, qui doit être partagé et signé entre le Sénégal et le France et qui définit les grands axes de la coopération française au Sénégal. D’ores et déjà, nous avons retenu un certain nombre de secteurs prioritaires que sont l’éducation et la formation professionnelle, le développement durable et notamment l’agriculture, les infrastructures et enfin la santé. Et puis, il y a d’autres activités qui ne sont pas prioritaires, mais qui sont importantes telles que la culture, la gouvernance. C’est-à-dire nous avons un appui sous forme d’experts auprès des différents ministères, y compris le ministère de l’économie et des finances, celui de la justice, de l’intérieur, de la défense, donc sur des postes de gouvernance. Nous appuyons aussi la Cour des comptes et la magistrature.
La France a aussi apporté un soutien important aux victimes des inondations de l’année dernière…
En plus des aides d’urgence qui peuvent être déclenchées en fonction des catastrophes qui peuvent se produire au Sénégal, on n’est pas indifférent aux demandes d’aide lorsqu’il y a une situation d’urgence. C’est ce qui s’est passé pour les inondations. Mais d’une façon générale on intervient beaucoup sur les infrastructures y compris les questions d’assainissement de Dakar et d’adduction d’eau potable de Dakar et des grandes villes du Sénégal. Donc, la question des inondations fait partie quand même de cette préoccupation d’agir en faveur des infrastructures au Sénégal. Parmi les infrastructures, nous avons apporté un fort appui à la rénovation des centrales électriques.
Le discours de François Hollande à Dakar, a laissé penser à une volonté de rupture, va-t-on vers un nouveau départ dans les relations entre la France et l’Afrique ?
Aujourd’hui, il y a une volonté de partenariat d’égal à égal, de plus grand respect des pays africains et d’être beaucoup plus à leur écoute. La France n’a pas d’agenda caché en Afrique, même si beaucoup d’experts prétendent le contraire. Nous ne poursuivrons pas des objectifs particuliers d’exploitation économique ou autres. Nous sommes simplement sensibles au fait que le continent africain est proche de l’Europe. Deuxième point, nous avons des relations historiques et affectives avec les pays africains, parce qu’en particulier les deux populations sont assez liées. Il y a une forte communauté sénégalaise mais aussi d’autres pays africains en France. Donc, ce sont des réalités géographiques et humaines. Il y a aussi le fait que les pays africains, notamment ceux du Sahel, sont des pays en développement qui connaissent d’importantes difficultés, qui ont d’importants besoins de développement économique. Ce sont ces raisons objectives qui font que nous essayons de concentrer l’aide française sur ces pays.
Nous estimons que sur le plan commercial, les sociétés françaises n’ont pas à avoir de privilèges particuliers au Sénégal ou ailleurs. Il n’y a pas de zone réservée. Je prends le cas du Sénégal qui est ouvert à l’ensemble de ses partenaires qui se sont diversifiés. Avec la mondialisation, l’on constate m’émergence de nouveaux acteurs qui, avant, ne s’intéressaient pas à l’Afrique. Nous célébrons un partenariat fiable avec l’Afrique parmi d’autres. La multiplication des partenaires est bénéfique à l’Afrique et au Sénégal. Cela étant, au Sénégal nous restons le principal partenaire.
Après la visite de François Hollande au Sénégal, des sénégalais pensent qu’il est aujourd’hui moins difficile d’obtenir un visa, qu’en est-il ?
Le Président François Hollande a mentionné deux difficultés particulières qui étaient la question des artistes et la question des étudiants.
Sur la question des artistes, il a été décidé en 2013 de lancer un programme entre les municipalités de Dakar et de Paris, le « Tandem Dakar-Paris » : un certain nombre d’artistes français comme sénégalais vont être invités dans les deux capitales. Donc les flux vont être augmentés. D’une manière générale, il y a eu par le passé des difficultés spécifiques concernant les artistes qui ont été traitées au cas par cas. Mais nous avons toujours essayé d’avoir une ouverture complète vis-à-vis des artistes et il n’y a aucune discrimination à leur égard. Simplement le consulat doit jouer son rôle traditionnel, c’est-à-dire qu’il regarde si la réglementation est remplie, si l’artiste a un partenaire en France, s’il y a des moyens suffisants et s’il a l’intention de revenir au Sénégal. A cet égard, nous avons fait, ces derniers mois un effort d’information auprès des milieux artistiques car trop de demandes sont incomplètes ou tardives. Au-delà, nous avons réfléchi aux moyens de renforcer l’accueil des artistes en France : par exemple comme nous le faisons déjà pour les étudiants avec campus France, en créant un système qui accompagne spécialement les artistes pour les orienter en France et leur faciliter aussi l’obtention du visa. Nous ne l’avons pas décidé, parce que ce serait un système qui aurait un coût financier et qu’en outre les artistes ont déjà leurs contacts en France.
Pour les visas étudiants, les demandes sont de plus en plus nombreuses. Il y a aujourd’hui plus de 2000 étudiants du Sénégal qui partent chaque année en France et qui rejoignent les 10000 étudiants qui y sont déjà et qui étudient généralement gratuitement. C’est un système que nous avons cherché à développer. Naturellement, nous n’acceptons pas 100% des demandes, comme pour les artistes d’ailleurs, il y a quelques cas de refus qui polarisent toute l’attention, mais en pratique ces refus sont dus au fait que certains élèves ou étudiants n’ont pas le niveau académique suffisant pour avoir de bonnes chances de réussir leurs études en France, ou, plus rarement, n’ont pas les ressources suffisantes pour vivre en France. Donc, nous sommes obligés de vérifier cela et nous vérifions aussi que leur projet d’études en France correspond à leur formation initiale.
Quel est votre point de vue sur la question de la réciprocité des visas que l’Etat du Sénégal souhaite appliquer ?
Nous n’avons pas de difficultés particulières à l’égard de la réciprocité des visas, puisque c’est une mesure souveraine du Sénégal. C’est au Sénégal de voir quel est l’intérêt pour lui d’appliquer cette réciprocité. Qu’est-ce que l’imposition de visa peut apporter au Sénégal ? C’est au Sénégal de répondre. En général, le coût des visas, puisqu’ils ne sont pas gratuits, correspond au coût de traitement des dossiers. Donc, cela ne devrait pas mettre des montants élevés, mais qui, à ce moment-là, seraient une barrière pour les touristes et les visiteurs du Sénégal. Maintenant, la deuxième possibilité c’est de mieux contrôler l’immigration.
Est-ce que le Sénégal va filtrer les visiteurs ?
C’est au Sénégal de le dire. Il y a une troisième justification qui est de dire que nous avons besoin des visas pour aller dans certains pays, donc nous allons instituer des visas par mesure de réciprocité et de symétrie. C’est une décision d’ordre symbolique que nous respectons.
On parle d’une plainte déposée en France contre certaines personnalités suspectées détenir des biens mal acquis en France, qu’en est-il ? Est ce qu’il y a un engagement de la France à aider dans le rapatriement de ces biens ?
Il y a un engagement de la France à coopérer avec la justice sénégalaise. Un engagement qui est sans ambiguïté. En pratique, il y a des enquêtes en cours en France sur les biens d’un certain nombre de personnalités sénégalaises que le Sénégal nous a désignées. Il y a donc des enquêtes de police sous contrôle judiciaire qui sont en cours en France et qui vont consister à inventorier et répertorier les biens sans savoir s’ils sont mal acquis ou non. Il s’agit seulement des biens avec des personnes qui sont suspectées d’avoir des biens mal acquis. Nous allons faire une liste de ces biens et également de la manière dont ils ont pu être acquis en France ; c’est-à-dire sous quelle forme ils ont été payés, à quel moment ils ont été obtenus ? C’est aux policiers et aux enquêtes d’établir ces faits. Cela étant, il ne s’agit que de personnalités sénégalaises qui étaient de passage en France où elles ont des biens. La source de leur enrichissement n’est pas en France mais au Sénégal. La justice française n’aura pas tous les éléments permettant de savoir si les biens sont mal acquis ou pas. Elle constatera qu’ils ont été acquis par des personnalités sénégalaises, mais la France n’aura pas les moyens de savoir si ces personnalités se sont enrichies de façon légale ou non. Il reviendra au Sénégal de déterminer cela. Que deviendront ces biens mal acquis en France, seront-ils saisi par le juge, c’est trop tôt pour le dire. Il faut que la justice sénégalaise établisse clairement qu’ils ont été mal acquis, ensuite c’est probablement la justice sénégalaise qui décidera de l’avenir de ces biens en relation avec la justice française.
Est-ce que le dossier avance ?
Oui il avance. C’est une étude qui avance. En tant qu’ambassadeur je ne suis pas tenu d’être informé par la police ou la justice de ce qu’elles découvrent par ce que c’est une collaboration directe qui se fait avec le ministère sénégalais de la justice. Donc les dossiers seront transmis directement aux autorités sénégalaises.
Le procès de Hissène Habré va s’ouvrir ce mois. Est-ce que la France accompagnera le Sénégal dans cette affaire ?
La France a prévu de contribuer à heuteur de 300 milles euros (environ 197 millions de FCFA) pour favoriser l’organisation de ce procès. Il était important que Hissène Habré, comme l’a demandé l’Union africaine, soit jugé dans un pays africain. Le Sénégal assume cette responsabilité. Il faut aussi, comme prévu, que le procès soit équitable avec une justice impartiale, internationale et sereine. Cela suppose une organisation particulière qui a été décidée c’est-à-dire qu’elle n’est pas entièrement sénégalaise. Il y a aussi les juges non sénégalais qui vont venir participer au jugement de Hissène Habré. Il faut payer ces juges mais aussi payer le déplacement de tous les témoins qui viennent souvent du Tchad pour qu’ils puissent apporter leurs témoignages sur tout ce qui s’est passé, rétablir les faits et juger Habré pour ce dont il est suspecté. La France n’est qu’un des partenaires du Sénégal dans ce procès puisque c’est une coopération internationale. L’Union européenne a apporté environ 1 million d’euros. Pas mal de pays apportent leur soutien au Sénégal pour l’organisation de ce jugement y compris le Tchad.

Intelligences magazine



1.Posté par moussa ABY le 25/02/2013 05:58 | Alerter
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Nadjasse=impurete=amibiase,
Quand l'etre s'est reconnu etre un Albatros,
Alors comment se plaindrait-il au millieu de la tourmente?.
Il poursuit son envol sans etre affecte par les tourmentes de la tempete avec cette chanson dans son coeur,
-ALLAHOU TAALA AZAWADJAL.,ne me laisse pas a la merci de mon ame egoiste(nafs) un seul instant.Considere chacun de mes etats,de maniere a ce qu'ils soient a tout instant,dirige vers ton plaisir,jusqu'a ce que tu m'enleves de ce monde avec la foi(iman)

2.Posté par net le 25/02/2013 08:09 | Alerter
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3.Posté par eva le 04/04/2013 20:13 | Alerter
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4.Posté par papa le 04/04/2013 22:54 | Alerter
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5.Posté par gueye le 05/04/2013 07:53 | Alerter
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je lance un appel à tous les sénégalais de tuer Seydi gassama de amnesty internationnal c'est une pourriture pour la jeunesse sénégalaise à la solde de ces PD de maudits blancs.

C'est bien yaya jammeh. En Afrique on a nos valeurs léguées par nos ancétres, dont on a l'obligation de préserver. Il nous faut des gardes fous comme yaya dans tous les pays d'Afrique subsaharienne .

Les maudits blancs, et les alliés de satan ne doivent pas venir chez nous pour nous imposer une quelconque de leurs sales pratiques . Ils n'acceptent pas chez eux la polygamie or se marier jusqu'à 4 femme est un acte noble légué par notre prophéte PSL.

Continues comme ça jammeh nous prions qu'allah te maintien comme président dans ce pays la gambie OU aujourd'hui les citoyens sont polis et éduqués grace à toi jammeh.

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