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Fabienne Kabou à l’avocat général, Luc Frémiot : « J'aurais pu aussi congeler (mon) bébé du fait que c’était à la mode »

Le deuxième jour du procès devant la Cour d’assises du Pas-de-Calais pour infanticide de la jeune Sénégalaise, Fabienne Kabou, n’a pas été qu’un moment de quasi monologue pour l’accusée, qui est revenue sur la soirée où elle avait commis le geste qui a valu à sa fille de perdre la vie. L’accusée s’est permis de se poser des questions et de leur trouver ses propres réponses, en plein interrogatoire d’audience. Ce qui n’a pas manqué d’agacer l’avocat général et la présidente de la Cour qui n’a pas pu s’empêcher à son tour de l’apostropher quand elle a soutenu qu’elle aurait pu aussi « congeler (son) bébé du fait que « c’était à la mode ».


Rédigé par leral.net le Mercredi 22 Juin 2016 à 10:28 | | 0 commentaire(s)|

Hier, au deuxième jour de son procès devant de la Cour d’assises du Pas-de-Calais, Fabienne Kabou est revenue sur la soirée à Berck où elle a abandonné sa fille, âgé de 15 mois. « Quand je entre à Paris, j’ai l’attitude de quelqu’un qui est allé faire une course… », déclare-t-elle devant les juges.

Ce soir-là, elle raconte avoir pris le train à la gare du Nord, à Paris, avec Adelaïde, 15 mois. Arrivée « vers16 heures » à Berck-sur-Mer, Fabienne Kabou demande à des passants de lui indiquer un hôtel « proche de la plage », indique-t-elle aux juges. Et l’élégante femme de 39 ans aux traits fins d’enchaîner pour analyser, tout en se moquant d’elle-même : « Je trouve ça ridicule qu’un criminel s’adresse à autant de gens avant de commettre son acte. Quand on prémédite un crime, on ne souhaite pas qu’on remonte à l’assassin ». Toujours, lors de cette soirée, l’accusée soutient qu’après avoir « joué avec Ada (sa fille) », lui avoir « donné le sein », elle rejoint la plage quand la fillette s’est assoupie et la dépose sur le sable. Elle poursuit : « Elle ne bouge pas, elle est silencieuse, (alors) je m’enfuis, je rebrousse chemin en courant ». C’est après que j’ai compris que la mer était sur ma fille, ses bottes enfoncées dans l’eau.

Malgré tout, la mère infanticide ne quitte pas son domicile jusqu’à son arrestation dix jours plus tard par la police qui a remonté sa trace grâce « aux petits cailloux qu’elle a semés ». Évoquant « un voyage d’agrément » à Bereck et racontant qu’elle aurait pu aussi « congeler (son) bébé » du fait que « c’était à la mode », l’accusée se voit apostrophée par la présidente de la Cour, Claire Le Bonnois : « Vous répondez avec humour à des questions très graves. Vous mesurez l’impact de vos propos ? » C’est « une façon de me donner du courage », répond l’accusée. Comme pour narguer la Cour d’assises du Pas-de-Calais, Kabou poursuivra sous forme de questions qu’elle se pose et auxquelles elle répond elle-même : « Qu’est-ce qui aurait pu expliquer que je commette cet acte ? Je suis toujours à la recherche d’une explication rationnelle d’un geste qui ne l’est pas ».

N’ayant pas d’autre explication à l’acte qu’elle a posé, Fabienne Kabou se fait insistante quand elle soutient encore : « Je ne veux pas tuer cet enfant, mais c’est bien de mes mains qu’elle est morte. Je suis contrainte au moment où je le fais ». Des explications mystiques dont ne veut pas se contenter l’avocat général, Luc Frémiot. Agacé par ces réponses « non convaincante » de la jeune sénégalaise, M. Frémiot l’interpelle : « Comment osez-vous dire que vous n’avez pas voulu tuer cette gamine alors que, depuis le début, vous niez son existence ? » Puis, le représentant du Parquet général d’enchaîner : « Depuis le départ, vous mettez cette enfant en danger, en ne la déclarant pas, en la cachant à tout le monde, en accouchant seule, sans aucun suivi médical ».

Fabienne Kabou va répondre tout en sanglots : « Si je ne voulais pas de Ada, je ne l’aurais pas élevée 15 mois, je ne l’aurais pas aimée ». Elle ajoutera avoir été « émerveillée de la (sa fille) voir courir, de l’entendre dire « maman », de la voir montrer le chocolat noir parce qu’elle adore ça ». Avant de finir par affirmer : « Je ne comprends pas ce qui m’est arrivé, je ne me reconnais pas dans mon geste, stupide, grotesque… » Puis, devant une salle ébahie, l’accusée rajoute : « On ne pourrait même pas en rire, c’est terrible ».

Le Quotidien