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Faites attention Monsieur le Président, ce n'est pas notre guerre

Rédigé par leral.net le Mardi 21 Avril 2015 à 15:20 | | 5 commentaire(s)|

La guerre civile qui ravage le Yemen ne laisse pas indifférent, le chef de l'Etat Macky Sall, qui a promis un soutien total du Sénégal à l'Arabie Saoudite.


Faites attention Monsieur le Président, ce n'est pas notre guerre


Le journal Le Témoin dans ses colonnes du jeudi 16 Avril 2015 révèle que le président Macky Sall compte apporter son soutien à l’appel de détresse de l’Arabie Saoudite dans sa lutte contre les rebelles chiites « houties » au Yémen dans le cadre de « l’opération tempête décisive ». Selon le journal, entre 1500 et 2000 soldats sénégalais sont prêts à être envoyés. Et un groupement des bataillons des Paras, des Commandos et des Blindés à Thiès, est imminent."

Monsieur le Président si cette information est avérée nous vous conseillons -à travers notre voix qui ne pèse pas beaucoup certes- de revoir votre calcul.

Loin de nous l'idée selon laquelle nous devons rester insensibles aux civils tués quotidiennement au Yémen.
Loin de nous l'idée de nous barricader dans des considérations de neutralité idéologiques ou d'un absence de prises de positions entre le chiisme et le sunnisme.

Cependant quand la Géopolitique et la Géostratégie parlent, la prudence s'impose ipso facto.

La problématique Chiites/Sunnites dans ce conflit n'est que la partie visible de l'iceberg, le vrai problème c'est la rivalité irano-saoudienne pour le contrôle du leadership et l'élargissement de leur influence dans la région. Avec les négociations sur le nucléaire iranien qui sont proches à l'aboutissement d'un succès, les centaines d'entreprises occidentales actuellement en visite de prospection économique en Iran, le régime pro Iranien de Bachar Al Assad, les milices Hezbollah libanais et Houtie yéménite l'Iran fait tout simplement peur. Et sa capacité de nuisance tant sur le plan technologique, militaire et diplomatique force l'admiration même chez ses plus grands ennemis. Ainsi le royaume wahhabite se sent naturellement menacé et est en train de réagir.

Monsieur le Président, les pays qui ont décidé de soutenir l'Arabie Saoudite tels que l'Egypte et le Pakistan ne sont pas le Sénégal. Concernant l'Egypte elle est une puissance militaire confirmée avec un armement de dernière génération comme le prouve la récente acquisition d'avions de chasse MiG-29M/M2, de systèmes de défense antiaérienne de différents types, d'hélicoptères Mi-35 , aussi a-t-il des comptes à solder avec le régime des Ayatollah à qui il n'a pas pardonné sa proximité avec les Frères musulmans de Mohamed Morsi sans oublier qu'elle est un pays tapon avec la région vue le Sinaï donc elle est directement concernée. Pour le Pakistan, il a une longue tradition de la guerre avec ses Moudjahidins, ses Talibans et le dossier du Cachemire et maîtrise parfaitement cette région montagneuse similaire à la sienne.

Monsieur le Président, pensez aux répercussions qu'il peut y avoir sur le sol sénégalais à long terme car nous n'avons point les moyens de notre politique stratégico-militaire que nous voulons mettre en place. Il faut noter que le contexte de la guerre "tempête du désert" du 17 janvier au 28 février 1991 est diamétralement opposée à celle que nous assistons qui est une guerre asymétrique pouvant nous réserver les plus atroces surprises. Ne nous érigeons pas en cible et en proie facile devant l'activisme d'un mouvement politique séparatiste moyen oriental. Nous ne sommes pas géo-politiquement concernés. En guise d'illustration au Mali l'écrasante majorité des Sénégalais y compris l'Opposition avait approuvé votre posture face aux "fous de Dieu" d'alors. Maintenant c'est différent.

Monsieur le Président, vue la crédibilité dont vous bénéficier auprès des puissances occidentales il serait préférable de vous inscrire dans une logique de renforcement de notre diplomatie allant dans le sens de motiver et d'encourager au plus haut niveau la résolution pacifique de ce conflit à travers une grande Conférence sur le Yémen. Le règlement de ce conflit ne peut être que politique car après tout, le pouvoir sunnite qui était en place pendant des années ne peut pas être exempt de reproches il a toujours marginalisé les chiites.


Amadou Moctar Ann
Etudiant au Département des Sciences politiques de Dakar
email: amadouma1@gmail
Tel: 77 296 14 87