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Forum de Paris sur la Paix / Nouveau partenariat économique mondial: Le Président Macky Sall propose cinq leviers


Rédigé par leral.net le Vendredi 12 Novembre 2021 à 16:48 | | 0 commentaire(s)|

Quel soutien financier aux économies des pays en développement ? Telle est la base de l’équation posée par le président de la République, avant de donner des propositions fortes pour définir la nouvelle dynamique de partenariat entre l’Afrique et le reste du monde, rapporte "Le temps de l'action".

« Ce soutien doit d’abord procéder d’un changement d’état d’esprit, où l’on doit plus créer les conditions de partenariats, de prêts productifs que de perpétuation de l’aide. Après plus de 60 ans de pratique, si je prends comme repère les indépendances africaines dans les années 1960, nous devons faire le constat que le système économique et financier mondial n’est pas fondamentalement propice au financement de nos économies, en volume et en qualité. Nos économies sont sous-financées et mal financées (faible volume, perception exagérée du risque, conditionnalités excessives, formalités, procédures et bureaucratie excessives, aussi bien côté partenaires que côté bénéficiaires) etc.

Sur le plan structurel, le moment est venu de changer de méthode et de système, en rendant la gouvernance économique et financière mondiale plus propice à l’accès au crédit pour le financement des pays en développement. C’est le meilleur soutien qu’on pourrait nous apporter, bien sûr en plus de nos propres efforts ; puisque notre développement relève d’abord de notre responsabilité principale. Il faut changer les paradigmes et le logiciel de la gouvernance économique et financière mondiale, ou alors mettre à jour ce logiciel sur au moins cinq aspects.

1. Assouplir les règles de l’OCDE pour les prêts crédits export, en baissant les primes de risque et en allongeant les maturités. Cela permettra de mobiliser des ressources plus conséquentes en complément des fonds concessionnels, pour financer des secteurs clefs du développement : infrastructures, agriculture, eau, assainissement, santé, éducation, etc ;

2. Promouvoir davantage les financements mixtes, en associant par exemple des fonds concessionnels des Institutions de financement du développement et des financements commerciaux ;

3. Réformer les procédures d’instruction des dossiers de financement et de décaissements. Dans un contexte de besoins urgents, il faut plus de diligence si nous voulons changer les conditions de vie de nos populations dans des délais raisonnables, dans le respect des règles de transparence ; d’autant plus qu’en démocratie, nous sommes astreints à des rendez-vous avec les citoyens qui ne s’accommodent pas de certaines lenteurs. Il n’y a pas d’incompatibilité entre la diligence et la transparence. Des deux côtés (partenaires et bénéficiaires), il y a des efforts à faire.

4. Lutter plus fermement contre les flux financiers illicites, y compris l’évasion fiscale. Selon la CNUCED, ces flux coûtent à l’Afrique au moins 89 milliards de dollars US par an, soit la moitié de nos besoins annuels en investissements.

5. Améliorer les règles du système fiscal international, dans le cadre du projet de lutte contre l’Erosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfice, (BEPS) piloté par l’OCDE sous l’égide du G20. (Le Cadre inclusif sur l’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfices réunit plus de 135 pays et autres entités, dont 23 pays d’Afrique). Il faut faire payer l’impôt là où se crée la richesse, c’est-à-dire dans le pays où une société mène ses activités et tire ses profits.

« Je pense que l’adoption de la proposition américaine pour l'instauration d'un taux minimal d'imposition sur l’ensemble des entreprises à l’échelle mondiale, va dans le bon sens ».

Ndèye Fatou Kébé