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Gambie: Adama Barrow s'attache au cocon de protection de la CEDEAO


Rédigé par leral.net le Mardi 2 Mai 2017 à 14:02 | | 0 commentaire(s)|

Adama Barrow semble apprécier les joies des voyages officiels et des honneurs militaires. Plus à l’aise dans ses nouveaux habits de chef de l’Etat de Gambie, le président gambien a entamé une tournée dans les pays africains anglophones tout de suite après son périple européen. Malgré l’éclaircie après l’orage de la crise post-électorale et le plébiscite des législatives, Adama Barrow semble gagner par la psychose au point de demander la protection des troupes de la CEDEAO qui ont contraint Yahya Jammeh à l’exil.

Il enchaîne les visites d'Etat et ne se donne plus aucun répit. A la recherche de soutiens aussi bien financiers que stratégiques, Adama Barrow parcourt le monde. Si sa tournée européenne était destinée à renflouer les caisses supposées vides de l'Etat, le nouvel homme fort de la Gambie vient de boucler une tournée africaine très stratégique.

Sous la protection de la CEDEAO...

En une semaine, le président gambien aura rendu visite au Sierra-léonais Ernest Baï Koroma, à la Libérienne Ellen Johnson Sirleaf et au Ghanéen Nana Akufo-Addo. Officiellement, le nouveau président gambien veut renforcer les liens bilatéraux avec ces trois pays anglophones mais aussi les remercier de leur soutien lors de la crise post-électorale née de la présidentielle de décembre 2016.

En réalité, Adama Barrow est à la recherche de soutiens diplomatiques pour tenter d'obtenir la prolongation du mandat des troupes de la CEDEAO. Ces dernières s'étaient installées le 19 janvier dernier à Banjul, la capitale, qu'elles sécurisent. Leur mandat, expiré en février a été prolongé de trois mois.

A l'approche de la nouvelle expiration, Adama Barrow souhaite une nouvelle prolongation, garante selon lui de la supervision du processus de reconstruction de la nouvelle Gambie. Le président gambien a même soufflé l'idée de cette prolongation à son homologue ghanéen et à la présidente libérienne Ellen Johnson Sirleaf qui est l'actuelle présidente en exercice de l'organisation sous-régionale.

... Barrow dissipe la hantise d'un coup d'Etat ou d'une révolte de Palais

Sur le terrain en Gambie, les voyants sont encore à l'orange. Malgré une investiture faste à la mi-février, le Président gambien n'a pas encore rejoint la State House, le palais présidentiel qu'on dit truffé de mines pour les rationnels, de sortilèges mystiques, pour les superstitieux. Dans tous les cas, jouant la carte de la prudence, Adama Barrow vit au Taf Brufut, son palais présidentiel de substitution.

Sa sécurité est en partie assurée par les troupes de la Cedeao qui ont maintenu la pression qui poussa son prédécesseur à l'exil forcé. Si les troupes plient bagages, elles laisseraient une brèche dans la sécurité présidentielle d'autant plus que les réseaux Jammeh dans l'armée et les services de sécurité, n'ont pas totalement été démantelés.

D'un autre côté, un départ précipité des troupes de la CEDEAO pourrait déclencher une offensive dans les poches de résistance de « rebelles » encore fidèles à l'ex-Président Yahya Jammeh. A Kanilaï, le fief de l'autocrate désormais exilé en Guinée-Equatoriale, des échanges de tirs entre des partisans du régime de l'ex-président et des soldats venus exhumer son « puits des cadavres », avaient fait craindre le départ d'une insurrection armée. Pour éviter une escalade de la violence, les soldats avaient dû rebrousser chemin.

L'enjeu de la tournée Barrow est donc plus sécuritaire que diplomatique. La psychose d'un coup d'Etat qui avait porté un certain Yahya Jammeh au pouvoir en 1994 ou d'une révolte de Palais, doivent être les cauchemars qui hantent les nuits présidentielles. Il n'est pas exclu que dans les rangs de l'armée, certains songent à « entrer dans l'histoire » par la porte du State House. Mais, dans le cocon de la Cedeao, les craintes d'Adama Barrow se dissipent. Pour combien de temps encore ?

Par Ibrahima Bayo Jr.  (Tribuneafrique)