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Habib Faye, une Super Etoile de Youssou Ndour s’est éteinte à jamais (Hommage Leral.net)


Rédigé par leral.net le Lundi 30 Avril 2018 à 11:13 | | 0 commentaire(s)|

Alla Seck est parti, Marc Sambou aussi, et Habib Faye les a rejoints dans ciel étoilé des stars et de ces talents-comètes qui n’apparaissent que par cinquante ou soixante-dix ans. L’émotion a été à son comble la semaine dernière.

 D’une part, Habib Faye était l’ami, le frère, le colocataire de Youssou Ndour, mais aussi, il était l’architecte de la musique de la deuxième génération du Super Etoile. Youssou Ndour n’a pas tenu. Il a craqué et a pleuré Live in direct et tout le monde l’a entendu. Pour une fois, la voix de Youssou Ndour a rendu triste tout le Sénégal, alors que Madjiguène depuis sa tendre enfance, ne fait que mettre du plaisir dans les oreilles les Sénégalais.

Mais, cette fois, il a pleuré comme pour dire: « Nga xam waywa loumouy wakh. So kharé bamou dé nakhar deuy geuneu tiss.. ». Youssou Ndour aura reçu le même choc qu’il avait reçu lors des décès du trompettiste, Marc Sambou ou encore Alla Seck sans oublier Eric Mbacké Ndoye.
 
Peter Gabriel, l’ancien membre de Genesis, ami de toujours de Youssou Ndour, a aussi eu le cœur lourd et a pleuré comme Youssou Ndour. L’enfant terrible de la musique anglaise était aussi l’ami musical d’Habib Faye. Peter Gabriel n’a pas aussi oublié des tubes featuring comme le célébrissime Shake in the tree…de la consécration internationale naissante de Youssou sous l’aile de Peter Gabriel

Les images souvenir restent encore là dans notre imaginaire comme des photos à jamais figées dans le temps.

On se rappelle Habib Faye et Youssou Ndour à Athènes en 1987 (voir photo illustration) jouer le morceau « Immigrés » dans l’allégresse des débuts de l’exportation de la musique root sénégalaise, qui s’était transformée au gré d’un métissage des sonorités en salsa mariée aux guitares rythmique et solo de Pape Oumar Ngom et de Jimmy Mbaye… agrémentée par la voix incroyable de Youssou Ndour. Sans oublier le tama insolent de Assane Thiam ou encore les percussions turbulentes et dansantes de Mbaye Dièye Faye.
 Habib Faye, une Super Etoile de Youssou Ndour s’est éteinte

Youssou Ndour sait que c’est Habib Faye qui l’a musicalement mis aux normes internationales avec une guitare basse, une  guitare acoustique comme dans le tube No More, des claviers avec Less waxul entre autres, pour finalement hisser le Super Etoile parmi les meilleures formations musicales africaines.
 
L’autre image collector du clip « Lii » avec Habib Faye avec sa contre-basse, symbolise encire cette implorante primordiale du bassiste et du claviste de génie.
 
Sa disparition a tout simplement scié la résilience et le sens du dépassement de Youssou Ndour, qui a craqué pour la première fois comme on ne l’a jamais vu auparavant.
 
« Nous sommes des croyants et nous acceptons la volonté divine. Habib  est parti à jamais, c’était lui l’arrangeur du Super Etoile, de tout ce que vous avez entendu. Tout ce que nous avons composé, c’est Habib qui avait le chantier, il écrivait, c’est mon frère, mon musicien qui est parti, mais un pan important du Super Etoile s’en est allé.

C’était un grand musicien qui nous a frayé le chemin car il comprenait tous les musiciens du Monde, j’ai eu Peter Gabriel avec qui nous avons parcouru  le Monde et il a pleuré, car il était son ami. Je l’ai eu vendredi dernier, il avait perdu la voix cassée. Il savait qu’il était malade, mais nitou soutoura lawone. C’est moi qui ait perdu 
», a pleuré Youssou Ndour.

Habib Faye était un homme discret et de discrétion qui a laissé un héritage humain considérable, comme l’a témoigné Aïssata Tall Sall, lors de la levée du corps. Oui, discrétion, même Vieux Mac Faye a été dérouté par son frère, puisqu’il n’a appris la maladie d’Habib Faye que trois jours avant sa mort. Poignant
 
Les voies du SEIGNEUR sont impénétrables. Pourtant, il y a cinq mois à Paris, Habib Faye se remémorait la disparition d’Alla Seck, l’ambianceur en chef et background vocal du Super Etoile qui, comme Bécaye Mbaye le disait à Paris lord du Bercy 2018, avait vraiment soutenu et encouragé le roi du Mbalax à persévérer, lors des débuts compliqués de Youssou Ndour qui avait trouvé des bands qui avaient pignon sur rue comme le Number One et la Star Band.
 
Mais, depuis le jour où Youssou Ndour est venu le chercher au Lycée Blaise Diagne pour l’insérer dans le disque dur du Super Etoile, le groupe s’est élancé comme un guépard avec un tigre dans le moteur et conquis le Monde avec le cross-over de la musique africaine : Myriam Makeba, dans les années 60 ; Manu Dibango au cours de la décennie suivante ; Mory Kanté dans les années 80 ; et Youssou Ndour à la fin du siècle dernier. Habib Faye y a participé. De l’album Immigrés en 1985, THE LION en 1988 avec Virgin avec de belles lignes basses dans le morceau éponyme Gaindé, sans oublier SET en 1989 toujours avec Virgin qui avait montré une nouvelle musique exportable et de Youssou Ndour, pas si mbalax que ça.
 
 Il ne faut oublier EYES OPEN en 1991 avec Sony qui avait signalé une certaine maîtrise musicale au niveau des arrangements. Quoi de plus naturel qu’avec les arrangements  et la vision musicale de Habib Faye ainsi que différentes collaborations, que Youssou Ndour voit la consécration avec l’album The Guide (Wommat) avec des titres comme Mame Bamba, Generations (Diamono) ou Seven Seconds qui a été disque d’or et de platine.
 
Sorti au Sénégal en 1995, Wommat est un album de 10 titres dont le méga tube au beat pop, « 7 seconds », en duo avec la Suédoise Neneh Cherry a valu à Youssou Ndour le disque d’or puisque vendu à plus de 3.000.000 d’exemplaires…avant d’être nommé Meilleure chanson mondiale aux European MTV Awards 1995.

Habib Faye aura aussi marqué des morceaux de l’album Youssou N'Dour ‎– Joko (From Village To Town) sous le label Columbia avec des titres comme Don't Walk Away, Yama, She Doesn't Need To Fallu qui ont aussi consacré le talent de bassiste et d’arrangeur du petit frère de Lemzo Diamono.

Si on regarde dans le rétroviseur sonore, on peut encore lire la ligne basse sérieuse dans des morceaux comme BEKOR ou encore l’exclamation de Youssou NDOUR « Kinak moy Habib Faye » dans un show mémorable à Sorano, où le virtuose avait conquis les puristes par son solo impressionnant, pleine de maîtrise et de virtuosité.
 
Mais, Toute âme goûtera à la mort et DIEU, le Contraignant avait décidé qu’Habib Faye, après les retrouvailles de Bercy 2017, casserait sa guitare basse et son clavier et s’éteindrait à Paris, laissant derrière lui, tout un peuple éploré. Macky Sall, le président de la République a parlé de perte d’"un illustre digne fils, vitrine internationale de la musique sénégalais".

Aujourd’hui, plus que jamais, Youssou Ndour et le Super Etoile ont été sciés dans leur coeur pour une blessure qui ne guérira jamais…après celles cicatrisés d’Alla Seck et de Marc Sambou.

Habib Faye, torse nu, bon vivant comme le décrit Aïssata Tall Sall, dansant aux côtés de Youssou Ndour, portant des sandales plastiques et Mbaye Dièye dans le clip « Less Waxul », ou encore Habib Faye avec sa guitare basse déguisée en mode traditionnel dans le clip, Alboury, resteront aussi le symbole visuel d’une amitié fraternelle et musicale qui sera à jamais gravée dans les mémoires.
 
Les témoignages sur le plan humain ont fait ressortir un homme plein de talent et d’humour, qui a su rester dans une tradition musicale familiale avec ses aînés et prédécesseurs comme ses frères, Lamine Faye Lemzo Diamono, ancien transfuge du Super Diamono de Omar Pène, et Boubacar alias Vieux Mac Faye.
 
Ce dernier a déclaré d’ailleurs que Habib Faye « continuait à mener ses projets tout en souffrant en silence. Il avait encore tellement de choses à dire d’un point de vue culturel et musical. Il s’attachait à faire valoir une nouvelle forme de jazz, un jazz ethnique ».
 
En effet, puriste maitrisant le solfège et féru de Jazz, Habib Faye, avec El Hadj Malick Kevin et Ibrahima Cissé aux claviers, Abdoulaye Lô, avait sorti en 2004 son premier album jazz "Live in Central Park" de huit titres enregistrés live au Central Park de Dakar en hommage à Jaco Pastorius, le célèbre bassiste de Weather Report qu’il considérait comme son « père » spirituel » de la basse.
 
Dernièrement, après une première collaboration lors de la tournée Sénégalaise Kola Note Café en 2015, Habib Faye et Abdoulaye Cissoko s’étaient retrouvés dans leur premier album et première co-production. Reconnus chacun comme des références de la basse et de la Kora, Habib Faye et Abdoulaye Cissoko avaient mis leur maîtrise technique et leur maestria au service de mélodies puissantes et d’arrangements d’une rare finesse, entre jazz et musique du monde.
 
C’était certainement avec le Zénith de Viviane Chidid, ses dernières notes de musique et de vie terrestres. Puisse DIEU le Très Haut, Créateur de la mort et de la vie, le ressusciter dans le Firdaws éternel. Une Super étoile de Youssou Ndour s’est éteinte à jamais…




Massène DIOP Leral.net