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Habré : Entre ange et démon

Le procès de l'ancien président de la République du Tchad continue d'attirer l'attention de plus d'un. A la barre, hier, Hussein Habré a été peint sous des traits contradictoires. Au moment où l’experte en psychologie, Yakhara Gassama Diop, le considère comme « un ange », l’ancien ministre tchadien, Faustin Facho Ballam, prend son contre-pied.


Rédigé par leral.net le Vendredi 11 Septembre 2015 à 11:38 | | 1 commentaire(s)|

Dans sa livraison du jour, Le Populaire est revenu sur les moments forts de cette audience. A en croire l’experte en psychologie, Habré n’est pas aussi tyrannique que certaines personnes le pensent. À la salle 4 du Palais de justice de Dakar, Yakhara Gassama Diop a présenté son rapport, même si son travail n’a pas convaincu ni le parquet ni les avocats commis d’office pour défendre Habré ou les conseils des présumées victimes. Pour ces derniers, on ne peut pas tracer la vie socio-familiale de Habré sans se rendre au Tchad. Un état de fait que n’a pas nié Mme Diop. « Ce rapport provient de sources extrêmement restreintes. L’enquête de personnalité s’est seulement limitée au Sénégal et Habré et sa famille n’ont pas voulu collaborer », s'est-elle défendue.

D’ailleurs, dès l’entame de la présentation de son rapport, la psychologue-conseillère a tenu à préciser que la tâche n’a pas été aisée pour elle. « Il fallait faire face à une communauté tchadienne très réservée et très fermée, de peur de représailles au niveau du Sénégal », a-t-elle encore dit. Face à cette situation, l’experte a dit avoir rencontré quelques Tchadiens qui lui ont confirmé que l’ex-Président « est un homme ambitieux, calme, qui ne recule devant rien, mais qui assume toujours ses responsabilités ».

En outre, Yakhara Gassama Diop a confié que ses sources lui ont révélé que « la loyauté en amitié est fondamentale pour Habré. Il est très généreux à l’endroit de ses compatriotes, et même de ses voisins sénégalais à Ouakam ». Et, selon le directeur de la prison du Cap manuel, cité par Mme Diop, « Hussein Habré aime se promener, lire. Il a toujours son chapelet et un exemplaire du Coran par-devers lui. Il est quelqu’un de très poli correct, qui parle toujours doucement ». Cependant, l’experte a fait une révélation qui a attiré l’attention de tous. Contrairement à ce que soutient ses avocats, « Habré ne souffre d’aucune maladie même s'il ne pratique aucune activité sportive en prison ».

Autre témoin autre portrait. Ancien ministre du Plan et des Infrastructures, sous le régime de l’ex-homme fort de N’Djamena, Faustin Facho Ballam n’a pas été tendre avec Habré. « Hussein Habré se considère comme un petit dieu », a déclaré le témoin devant la barre avant d'ajouter : « On vivait sous la terreur. C’était un véritable règne de violence, de terreur et de répression. On était sous la dictature, Habré décidait de tout. Nous étions là juste pour exécuter ses décisions ». Interpellé sur la question des Zghawas et des Adjérai, l’ancien ministre a révélé : « Les Adjérai ont subi des tortures et des tueries. Et durant la période appelée septembre noir, Habré a procédé au nettoyage ethnique sudiste. C’était une situation de terre brûlée et le monde devait disparaître. D’ailleurs, 500 personnes ont été portées disparues durant cette période ».

Réagissant aux conclusions de ces témoignages, les avocats commis d’office pour la défense de Habré ont indiqué que « ce rapport n’est ni important ni utile pour la Cour, du fait qu’il n'a été réalisé qu’au Sénégal ». Sur le témoignage de l’ancien ministre sous Habré, les avocat commis d’office ont émis des réserves soulignant que le témoin reproche à leur client des tortures et crimes contre certains membres de sa famille.