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Historique : La Cour suprême du Kenya invalide la victoire du président Uhuru Kenyatta, au grand plaisir d'Amnesty

Rédigé par leral.net le Vendredi 1 Septembre 2017 à 16:19 | | 0 commentaire(s)|

Coup de tonnerre à Nairobi. La Cour suprême du Kenya a annoncé vendredi 1er septembre, l’invalidation de la victoire du président sortant Uhuru Kenyatta, réélu lors du scrutin du 8 août avec 54,27 % des voix contre son adversaire, l’opposant Raila Odinga, qui avait obtenu 44,74 % des suffrages. L’opposition a salué la « décision historique » de la Cour suprême.


Dans son jugement rendu le 1er septembre au matin, la Cour a déclaré que les élections étaient entachées d'irrégularités et n’avaient pas été conduites en accord avec la Constitution, et a donné 60 jours à la commission électorale, pour organiser un nouveau scrutin.

Le président de la Cour suprême, David Maraga, a déclaré que les élections n’avaient « pas été conduites en accord avec la Constitution ». « A la question de savoir si les illégalités et irrégularités ont affecté l’intégrité de l’élection, la Cour est d’avis que c’est le cas », a-t-il ajouté. Par conséquent, il a déclaré les résultats « invalides et nuls ».

Le juge a soutenu que la Commission électorale (IEBC) a « échoué, négligé ou refusé » de conduire les élections en accord avec la Constitution, évoquant des irrégularités dans la transmission des résultats. Un nouveau scrutin doit donc être organisé sous soixante jours. La décision n’a pas été consensuelle : celle-ci a été prise à la majorité et deux des sept juges de la Cour suprême, ont annoncé publiquement leur opposition au verdict.
 
L’opposition en fête
Selon Rfi, des milliers de partisans de Raila Odinga fêtent actuellement la victoire dans les rues, dans les quartiers acquis à l’opposition d’abord, dans les bidonvilles de Kibera, de Mathare, et de Kawangware.

« On klaxonne, on chante aux cris de Tibim, révolution, le mot d’ordre de l’opposition durant la campagne. Mais on brandit également des branches d’arbres, on court vers les grandes artères de la capitale. Beaucoup sont également rassemblés aux abords de la Cour suprême, où depuis quelques jours les partisans de Raila Odinga se rassemblaient pour prier.

De nombreux camions de police étaient visibles ce matin dans la capitale. C’est en tout cas l’incrédulité et la surprise qui règnent à Nairobi comme dans les différentes chancelleries, personne ne s’attendait à un tel verdict et tout le monde attend la suite, avec joie pour certains et anxiété pour d’autres
 ».
 
Raila Odinga en extase

« Pour la première fois, dans l'histoire de la démocratisation de l'Afrique, un jugement a été fait par une Cour pour dénoncer l'irrégularité de l'élection d'un président. C'est un jugement sur un président qui est en poste. Je veux profiter de cette opportunité pour remercier les juges de la Cour suprême pour avoir fait ça pour la postérité.

Deuxièmement, je voudrais remercier nos avocats, notre équipe d'avocats pour avoir travaillé tard la nuit, travaillé sans compter leurs efforts pour préparer notre dossier. Je voudrais remercier une autre équipe, de jeunes Kényans dévoués qui ont travaillé sans dormir pour réunir les preuves utilisées par nos avocats dans ce dossier. C'est un triomphe. Nous avions dit au début que notre voyage vers le pays de Canaan, notre terre promise, était impossible à arrêter
 », a-t-il déclaré.
 
Une décision historique, selon Amnesty
En réaction à la décision de la Cour suprême du Kenya d'annuler l'élection présidentielle du mois d'août et d'ordonner un nouveau scrutin, Justus Nyang'aya, directeur d'Amnesty International Kenya, a déclaré que « la décision historique rendue ce matin, témoigne de l'indépendance de la justice kenyane et montre l'exemple au reste du monde ». 

« Nous invitons toutes les parties à respecter ce jugement et demandons à la police de faire preuve de retenue pour maintenir l'ordre lors d'éventuelles célébrations ou contestations de ce jugement qui fera date ».