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Hommage : Fayez Bourgi, la mort d’un grand mécène

Rédigé par leral.net le Dimanche 10 Février 2013 à 00:07 | | 8 commentaire(s)|

Dans le bruit des diverses célébrations religieuses et la fureur de la traque des biens mal acquis, une mort est injustement passée inaperçue. Il s’agit de celle de Loufti Fayez Bourgi, grand industriel et investisseur, patriarche de la famille éponyme, propriétaire immobilier, promoteur hôtelier et surtout, surtout, généreux mécène. L’homme est décédé il y a quelques semaines et a été entouré dans un relatif anonymat par une poignée de proches, quelques dizaines sans doute, alors que, si ses hauts faits étaient connus et, disons-le aussi, si le nom de son neveu Ibrahim Aboukhalil alias Bibo n’était pas mêlé à la traque des biens mal acquis, sans doute le cimetière de Yoff aurait refusé du monde ce jour-là. Au fond, la mort de Fayez Bourgi nous rappelle celle d’un défunt flamboyant homme d’affaires libanais, couru de son vivant, dont la maison et les bureaux ne désemplissaient pas d’amis et de courtisans et qui, lui aussi, était mort dans l’anonymat et le dénuement, après être passé par la case prison. Il s’agit du fameux Adel Korban qui fut un temps l’éphémère roi de l’agro-alimentaire dans notre pays, régnant notamment sur le commerce du beurre et du thé.


Hommage :  Fayez Bourgi, la mort d’un grand mécène
Mais Fayez Bourgi qui, Dieu merci, n’est pas mort dans le dénuement, était d’une tout autre dimension, d’un calibre supérieur. D’abord parce qu’il est un Bourgi, l’une des familles libanaises les plus illustres du Sénégal. Et l’une des plus vieilles et fortunées aussi. Car les Bourgi, c’est un empire industriel, hôtelier (Pacha, Al Afifa), immobilier dont le fameux et immense immeuble IBM sis sur l’avenue Léopold Sédar Senghor où l’Etat logea tant de hauts fonctionnaires, ou encore celui,somptueux, qui a été édifié sur l’avenue de la République, à l’emplacement de l’ancien Ranch Filfili, et qui abrite aujourd’hui le siège de grandes entreprises ou organismes dont le Groupe Mimran, la Banque Islamique de Développement etc.. Et Fayez, c’est le patriarche qui régna à la tête de l’empire à la suite du décès de son frère aîné Ramez dont justement une rue de Dakar porte le nom. Une autre artère a été baptisée au nom de leur défunt père, El Hadj Abdou Karim. Fayez géra les affaires de la famille avec rigueur, certes, avec un sens des affaires inné aussi mais surtout avec beaucoup de bonhommie. Ce qui l’a caractérisé, et que tous ceux qui l’ont connu retiendront de lui, c’est sa grande sociabilité ainsi que sa générosité légendaire. L’homme était une œuvre de bienfaisance ambulante qui donnait sans se lasser. Tous les jours, une longue queue s’allongeait devant ses bureaux de la société Bourgi Transit, l’un des plus grands établissements de l’époque. Si la gestion effective était menée par son frère Samir, un homme très dur en affaires, Fayez, lui, s’occupait du social, des relations publiques, des contacts avec les autorités. Il lui arrivait souvent de venir avec un carnet de 200 chèques, de les signer un à un pour le compte de solliciteurs qui venaient demander de quoi régler une ordonnance, de quoi payer un loyer, de quoi acheter la ration mensuelle etc… et de repartir après avoir achevé le carnet en poussant un joyeux « à demain, les gars ! »
Les gens pour qui il a acheté des voitures et des maisons ne se comptent pas à Dakar mais il le faisait dans la plus grande discrétion. En Casamance, il a construit plusieurs mosquées en tôles ondulées dans des villages, édifié des écoles de fortune et, surtout, convoyé plusieurs camions remplis de vivres. On lui prêtait même des ambitions politiques dans cette région. Finalement, des pressions avaient été exercées auprès du président Abdou Diouf afin qu’il s’abstienne de venir dans cette verte contrée continuer ses actions sociales et humanitaires. Néanmoins, il avait fait savoir à plusieurs reprises aux autorités de l’époque qu’il était prêt à s’investir pour une résolution du conflit casamançais. Il aurait sans doute pu obtenir des résultats dans cette médiation, tellement il comptait d’amis dans ces villages du Sud du pays.
Mais surtout, Fayez, c’était un grand sapeur-pompier. Combien de conflits sociaux ont été résolus, combien de grèves scolaires et universitaires ont été éteintes grâce à son implication discrète. Car souvent, c’est lui qui sortait son chéquier pour régler les revendications des élèves et des étudiants. L’une des grèves scolaires les plus dures a été dénouée par lui. Et cela, sans le crier sur les toits. Votre serviteur a été témoin de certaines négociations tenues dans son bureau. Mais c’est peut-être parce qu’il était un militaire dans l’âme qu’il détestait le désordre et la chienlit. En effet, Fayez était un officier de réserve et a gravi les échelons de l’Armée jusqu’au grade de lieutenant-colonel. De tous ses titres, celui qui lui plaisait le plus c’était celui de « mon colonel ». Donnez-le lui et il était aux anges. Ce mécène avait été le premier à offrir une somme de 1.500.000 francs (une fortune à l’époque) aux « Lions » au lendemain de leur qualification face au Zimbabwe pour la campagne « Caire 86 ». Mieux, il avait convoyé par ses propres moyens, dix personnes, tous frais payés, dans la capitale égyptienne pour supporter les « Lions ». Il a aussi beaucoup soutenu le lutteur Moustapha Guèye pour qui il a eu à acheter beaucoup d’équipements.
Il s’était essayé à la politique, avait dépensé beaucoup d’argent pour se constituer une base à la Médina mais n’avait jamais vraiment réussi à s’implanter. Mais qu’importe, il croyait à l’action politique et à l’engagement citoyen. Fayez Bourgi fut un des premiers abonnés du « Témoin » et l’un de ses premiers annonceurs aussi. Il nous a beaucoup soutenus à nos débuts, à un moment où les Libanais avaient encore peur de prendre de la publicité dans les journaux privés assimilés à des organes d’opposition.Je me rappelle que nos coursiers étaient toujours pressés de lui apporter ses journaux, car ils revenaient souvent de chez lui avec de grosses enveloppes. Quant à moi, il m’a beaucoup appris sur l’histoire des familles libanaises au Sénégal, leurs rivalités, leurs mesquineries. Je n’oublierai jamais ce patron libanais très craint à l’époque avec qui j’avais eu une altercation. Lorsque j’ai informé Fayez, il m’a demandé de passer le voir à son bureau. Et là, à ma grande surprise, il a convoqué le patron en question et l’a obligé à me présenter ses excuses. Le type s’était mis à genoux pour me demander pardon ! C’est de ce jour que j’ai mesuré l’étendue de la puissance de Fayez. Un autre jour, il recevait à déjeuner une équipe de RFI et a tenu à ce que je sois présent. Ensuite, il m’a présenté en des termes très chaleureux à ses invités.
Lorsque je faisais sa connaissance, Bibo Bourgi était encore très jeune et était un modeste employé de la société de transit en compagnie de son frère Karim et Samir les formait à la dure loi des affaires… C’est là-bas aussi que j’ai connu Jamal Joher, qui devint plus tard le fameux patron du « Régal » et qui, à l’époque, n’était qu’un petit employé.
Dans les années 90, les Libanais régnaient sans partage sur l ‘économie nationale et parmi eux, les Bourgi occupaient le haut du pavé. Dans ses diverses activités, la famille employait des centaines de travailleurs sénégalais.
Quant à Fayez, ces dernières années, et depuis son mariage intervenu sur le tard, il s’était complètement retiré de la vie publique.

A la famille de ce grand homme, de cet illustre Sénégalais d’origine libanaise, de ce généreux mécène, à Samir, à Mounir, à Bibo… Le Témoin présente ses condoléances attristées. Puisse la terre de Yoff lui être légère.

Mamadou Oumar NDIAYE
« Le Témoin » N° 1113 –Hebdomadaire Sénégalais ( FEVRIER 2013)




1.Posté par abib le 10/02/2013 01:11 | Alerter
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que la terre de yoff lui soit legere...........j'ai ete son employe pendant 10 ans...je preente mes sinceres condoleances a toute sa famille et ses ex employes surtout de bourgi f .transit

2.Posté par ctn le 10/02/2013 07:04 | Alerter
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bravo monsieur ndiaye pour cet hommage. Et félicitations à mon site favori d'avoir publié ce texte. Il doit en être ainsi dans ce pays, I faut parler des grands senegalais, des modeles, des heros. il nous faut du coeur pour avancer, il faut arrêter cette atmosphère de méchanceté et de règlement de comptes qui se sont installés dans le pays. Car le senegalais a une tendance naturelle vers la mechanceté, lui ouvrir la boite de pandore c'est prendre des risques enormes sur le devenir de ce pays. A chaque fois que je regarde les sites sénégalais, je constate que la situation empire : pauvreté galopante, economie exsangue, justice omnipresente, education à la traine, santé à la ramasse, islamisme galopant, bref, on recule à 150 à l'heure. On ne parle même plus d'emergence. Que c'est triste !

3.Posté par Le sage le 10/02/2013 08:58 | Alerter
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Cet homme a bien rempli sa mission sur terre. Il n'a eu comme objectif que d'être bon et serviable.
"La bonté est la plus noble faculté de l'âme humaine et la plus grande des vertus." Citation de Francis Bacon

4.Posté par Citoyen reconnaissant le 10/02/2013 09:01 | Alerter
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Merci Bourgi, pour l'exemplaire donne a notre société sénégalaise grâce a ta bonté: "seule la bonté peut transformer un désespoir en bonheur". Que Dieu le clément et le miséricordieux, l'accueille a son plus haut paradis. Amine

5.Posté par zing le 10/02/2013 14:34 | Alerter
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UN GRAND hOMME EST PARTI, A SON EPOUSE UNE GRANDE DAME GENEREUSE AUSSI A TOUTE SA FAMILLE JE PRESENTE MES CONDOLEANCES. QUE LA TERRE LUI SOIT LEGERE ET QUE LE TOUT PUISSANT L'ACCUEILLE DANS SON PARADIS. AMEN
ET A VOUS MONSIEUR NDIAYE MERCI MERCI DE VOTRE FIDELITE ET INTEGRITE
UNE AMIE

6.Posté par toukhi le 10/02/2013 17:22 | Alerter
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Et si on faisait ce genre d'illustration a tous les hommes de Dieu qui passent de ce monde !!!!
En toute sincerite, je vois fort un interet, derriere cet hommage, de Mamadou Oumar Ndiaye.
Combien t'a-donne cette famille en quelques sortes?
Je deteste les lecheurs de cue !!!
Au defunt et sa famille, qu'ALLAH lui accorde le plus grand des Paradis! Anmine!
Alfatiha!!!

7.Posté par cherif le 10/02/2013 19:17 | Alerter
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merci mr ndiaye pour ta fidelite.un grand coeur est parti.A sa famille eploree je presente mes sinceres condoleances.;Que dieu l accueille dans le meilleur des paradis.Fayez etait un grand homme qui aimait le senegal et les senegalais.

8.Posté par KHOSALOUMAN le 30/07/2014 06:39 | Alerter
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PAYAIT IL SES IMPÔTS MONSIEUR ?

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