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Hommage à feu Doudou Ndiaye Rose : Un homme de foi et de progrès au service de son prochain - Par Amadou Abass Diouf

Rédigé par leral.net le Vendredi 27 Mai 2016 à 13:10 | | 0 commentaire(s)|

Hommage à feu Doudou Ndiaye Rose : Un homme de foi et de progrès au service de son prochain - Par Amadou Abass Diouf
Le samedi 21 mai 2016, le conseil municipal de la commune de médina et son maire Monsieur Bamba Fall, ont organisé une grande cérémonie en baptisant et en inaugurant l’ancienne place SFAX faisant face au siège de la RTS, au nom du célèbre et inégalé tambour major Feu Doudou Ndiaye Rose, en présence d’une foule nombreuse, du maire de la ville de Dakar Monsieur Khalifa Ababacar Sall, du Sous-préfet de Dakar et d’éminentes personnalités du monde de la politique, de la diplomatie, de l’art, du sport, de la coutume et de la religion, sans compter les amis et parents de l’artiste.

Je profite de l’occasion pour faire une présentation succincte de l’homme qui a marqué par son itinéraire et son œuvre plusieurs générations du Sénégal et du monde.

En guise d’introduction, je me permets d’éclairer l’opinion, sur une déclaration que Feu Doudou Ndiaye Coumba Rose avait faite à travers les médias, quelques jours avant son décès le 19 Aout 2015, diversement interprétée. Il avait en effet dit : « Mort, j’interdis à quiconque de me rendre Hommage ; à la place je sollicite des prières (3 lihlass)».
Ayant vécu avec lui plus de deux décennies sans discontinuer, lui étant très proche en tant que son conseiller en communication et ami de premier rang, je discutais souvent avec lui sur beaucoup de sujets le concernant, sur la politique, la religion, l’art, la culture et le sport.
Je suis donc très bien placé et tenu de lever pour de bon tout équivoque ou fausse interprétation concernant sa déclaration.
Feu Doudou Ndiaye Coumba Rose pensait qu’un musulman avait plutôt besoin de prières, les hommages posthumes ne lui serviront à rien à l’au-delà. Par contre poser un acte pour perpétuer son souvenir, afin que les générations présentes et futures se rappellent de lui, est non seulement crédible à tout point de vue, mais parfaitement louable car ALLAH le Seigneur de l’Univers, le Miséricordieux, et le très Miséricordieux est le premier à aimer et souhaiter à ce qu’on se souvienne à tout instant et à tout moment de Lui.
Il n y’a pas de hasard car le hasard n’est rien d’autre que la logique de Dieu. Le choix de cette place, loin d’être fortuite incarne parfaitement son homonyme. Jugez-en : en effet cette place est délimitée et entourée par le siège de la RTS, la Grande Mosquée de Dakar, l’Avenue Malick Sy, la Rue 1 et les allées du centenaire -Boulevard Général De Gaulle.
Feu Doudou Ndiaye Rose était avant tout un fervent musulman, un talibé Cheikh, talibé d’El hadj Malick Sy et de son fils Seydi Aboubacar SY. Il avait habité la rue 1, sa maison paternelle ayant été phagocytée par les locaux de la RTS. Il avait eu le grand privilège de rythmer et de battre le temps de la musique accompagnant le grand défilé de la célébration marquant le bicentenaire de la révolution française de 1789 à Paris sur la plus belle avenue de France, certains mêmes disent du monde, les champs Elysées. Et enfin, il a travaillé pendant longtemps avec son maitre en percussion ElHadj Mada SECK comme producteurs extérieurs à la RTS. D’autre part aussi sa maison de la rue 1 a été le siège de l’asc SFAX et il faisait partie des membres fondateurs les plus influents. Certains de ses enfants avaient porté le maillot de l’équipe.
Le conseil municipal de la commune de médina et son maire Monsieur Bamba Fall ont donc bien compris le sens de la déclaration de leur collègue et conseiller culturel. De même que son excellence Monsieur Macky Sall Président de la République de tous les sénégalais étant le premier à baptiser aussi le magnifique et majestueux Grand Théâtre de Dakar au nom de son ambassadeur culturel à travers le monde.
Parler de Doudou Ndiaye Rose prendrait des heures sinon des jours, l’homme étant dans sa quintessence multidimensionnelle. Nous allons donc nous en tenir à parler de quelques unes des facettes les plus saillantes de sa vie et de sa très riche carrière professionnelle. Doudou Ndiaye était avant et après tout un musulman pétri de foi et de piété. Il disait que depuis qu’il a appris et compris « Qu’ALLAH le Tout Puissant qui Seul mérite d’être adoré et évoqué, fait descendre pour chaque personne qui naisse trois décrets divins qui sont : celui de sa mort, celui de sa naissance et celui de ses biens terrestres quelque soit son comportement dans sa vie future. Doudou a fait de cette réalité divine son bréviaire et son viatique de tous les jours.
Il expliquait que depuis qu’il a compris que le décret de la naissance peut descendre en même temps que celui de la mort, il en a déduit que l’homme devait s’attendre à mourir chaque jour que Dieu fait. Ceci doit le pousser donc à adorer profondément et constamment Dieu. L’Unique, le Propriétaire et Seigneur de l’Univers. Ceci doit aussi l’aider à faire le bien et à bannir le mal. A entretenir des relations franches de fraternité, de solidarité, d’humilité, d’humanité avec son prochain. Quant à l’acquisition des biens terrestres qu’on soit pressé ou pas, honnête ou malhonnête, pour chaque être, Dieu a tout inscrit dans son grand livre divin.
Lors de sa prière mortuaire à la grande mosquée d’HLM 1 pleine à craquer, un des chefs religieux présents a attiré mon attention sur un fait inédit. Il m’a dit textuellement : « Aujourd’hui Allah a témoigné, en obligeant les Oulémas à poser la dépouille mortelle sur le minbar et faire de telle sorte que l’imam désigné pour diriger la prière n’a pas laissé les parents, amis, proches et autorités faire leurs témoignages sur le disparu. Alors j’ai compris qu’Allah voulait tout simplement montrer la dimension spirituelle de Doudou Ndiaye que cachait sa popularité d’artiste percussionniste. J’avais en effet compris par ses faits et gestes qu’il posait quotidiennement qu’il était un saint j’en suis convaincu maintenant».
Quelques jours après son enterrement Serigne Ibrahima Sokhna de la Sicap Liberté 2 a confirmé l’affirmation du marabout.
Feu Doudou Ndiaye Rose avait façonné sa vie et sa carrière dans la dignité, la fidélité et l’amour, l’humilité vis-à-vis de tous ceux qui gravitaient dans son environnement proche ou lointain. Il avait horreur du mensonge et de la médisance. N’étant pas infaillible son seul défaut était d’accorder dans un premier temps un préjugé favorable à la personne même reconnue tordue avec qui il avait affaire. Son optimisme avait pour racines sa foi, sa persévérance et son mythe du travail bien fait.

Socialiste de première heure et membre fondateur du BDS (Bloc Démocratique Sénégalais) devenu UPS (Union Progressiste Sénégalais) le 04 Avril 1958 ensuite PS (Parti Socialiste) il a été toujours de tous les combats constamment fidèle et irréductible malgré toutes les propositions mirobolantes de toutes sortes. A l’ère des transhumants, n’est ce pas une leçon et un exemple à méditer pour toutes les formes et techniques de transhumance. Doudou Ndiaye Rose fut un précurseur, un éclaireur, un militant du dialogue islamo chrétien en compagnie de Feu Julien JOUGA avec qui, il a parcouru le monde accompagnant sa chorale chrétienne. Le Poète Président Léopold Sédar Senghor faisait figure auprés de ces deux grandes personnalités culturelles, de grand frère, de conseiller, de guide, de bienfaiteur et de partenaire. Doudou Ndiaye Rose, Julien JOUGA, le Président Poète Léopold Sédar SENGHOR ont été incontestablement des visionnaires en faisant du dialogue des cultures et des religions un sacerdoce. L’actualité que nous vivons leurs donnent sans conteste raison
Grand sportif pendant sa jeunesse (football, lutte), il a été un supporter intraitable du foyer France-Sénégal ensuite du Jaaraf à coté de son ami et frère Lamine Diack ancien maire de Dakar et ancien Président du CIO. Griot de naissance communicateur traditionnel, il n’a jamais cessé de déclarer chaque fois que l’occasion se présentait : « qu’il était certes griot mais pas quémandeur».
La célébrité de Feu Doudou NDIAYE Rose a été incontestablement bâtie autour de sa très riche carrière artistique, en tant que grand Tambour major du SABAR, instrument de percussion typiquement sénégalais. En effet, il a sorti le sabar de l’ombre à la lumière du soleil pour le faire découvrir au monde. Il a démontré que les sonorités de cet instrument de musique produit du génie de nos ancêtres, pouvait s’accorder harmonieusement avec toutes les musiques du monde. Il l’a démontré en accompagnant la plupart des grands artistes de la musique Classique, du Jazz, du Pop, du Reggae, du Folk et du Mbalakh etc. Il a fait fondre comme boules de neige tous les tabous qui enveloppaient l’orchestre du Sabar. De 7 batteurs institués avant lui par tous les grands tambours major de ce pays, il a en effet joué avec des orchestres de 20, 50, 100, 200 batteurs dans une mélodie et harmonie parfaites. Mieux, il a révolutionné la percussion en créant de toute pièce le Gorong Mbabass, qui par sa taille et la variété de ses sonorités, a pris la place de ces lourds instruments qui existaient avant.
C’est cette expertise acquise au fil du temps et qui fit de lui un chercheur et un homme de progrès qui lui a permis de vaincre le signe indien qui interdisait aux filles et aux femmes de jouer du Tam-tam ou du Tambour. C’est ainsi qu’il créa le célèbre orchestre des filles et femmes batteuses les ROSETTES. Il enchaina en mettant sur pied avec Mme Germaine Akogni les majorettes du lycée John Fidjerald KENNEDY de Dakar, à partir des suggestions du Président SENGHOR. Il forma dans la même foulée les femmes du Rwanda sur la demande de leur Président de la République à jouer le Tam-tam et le Tambour.
Ce serait un crime de lèse majesté de ne pas parler des relations privilégiées que Feu Doudou NDIAYE Rose entretenait avec le peuple japonais qui l’a sacré Dieu du Tambour. Doudou Ndiaye Rose avait contribué à la formation de nombreux percussionnistes sénégalais. Ses enfants de l’orchestre Khalam de Dakar avec les Cheikh Tidiane Tall, Henry Guillabert, Souleymane Faye en sont une preuve concrète. C’est sa notoriété en tant que percussionniste et artiste hors norme au Sénégal et dans le monde qui l’a introduit à accompagner Peter Gabriel, Mick Jagger, Bernard Lavilliers, France Galle, Didier Lecour, Coumba Gawlo Seck, Didier Awadi entre autres.
En 2015, quelques semaines avant son décès l’ambassade du Japon, l’ambassade des USA, l’Afrique du Sud, et la Mairie de Dakar ont successivement et volontairement célébré son anniversaire pour démontrer la dimension universelle de l’artiste et de l’homme.
Pour conclure Feu Doudou Ndiaye était un vrai patriote ; c’est pourquoi il a laissé deux grands projets en gestation qu’il voulait démarrer en 2016 il s’agit précisément de son institut international de rythmes, de danses et de modes d’Afrique qu’il voulait implanter à joal fief de ses amis Lépold Senghor et Julien Jouga, avec l’accord du conseil municipal et du maire de la commune Joal Fadiouth.
Son second projet qu’il a avait intitulé « un batteur, un arbre » le tenait beaucoup à cœur. Il voulait en effet en tant que citoyen participer à la politique de reboisement et de la protection de l’environnement de l’Etat avec une approche culturelle. Il pensait que planter un arbre sans assurer le suivi n’a jamais donné de bons résultats. Par contre impliqués les batteurs de Tam-tam, les bicherons, les marchands de bois, les élèves des écoles élémentaires, secondaires et les étudiants des universités en les convainquant de baptiser chaque arbre planté au nom d’un parent ou d’un être qui leur est cher ou au nom de leur classe ou leur promotion était beaucoup plus efficace. Pour lui, tous seraient obligés de les entretenir au risque de déshonorer l’homonyme sélectionné et choisi librement. En tout cas pour ce qui concerne les établissements d’enseignement public et privé, leurs directeurs, leurs professeurs, élèves et personnels administratifs ne laisseraient jamais les arbres plantés mourir de leur belle mort. Un pari est donc lancé à sa famille, ses collaborateurs, ses amis, relations personnes physiques et morales, aux autorités pour finaliser ses deux souhaits dans l’intérêt du Sénégal.

Amadou Abass Diouf
Email: amadou.abass.diouf@gmail.com