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“IDOLES”, “MBETEL”, “NAFI”, “WIRI WIRI”, ENTRE SÉRIES NOVELAS : Quand les hommes en deviennent accros !

Rédigé par leral.net le Jeudi 18 Avril 2019 à 15:50 | | 0 commentaire(s)|

“Marina”, “Le prix du pardon”, “Abismo de passion”, “Amour en Manhattan” ou Katalina (…) la liste peut être rallongée par les accros des séries novelas. Celles-ci, qui avaient comme principales cibles les femmes, surtout les ménagères qui ont beaucoup de temps libre, ont maintenant un nouveau public : les hommes. A coté de ces séries latinas, les séries sénégalaises ne sont pas en reste. De “Un café avec”, à la “Maitresse d’un homme marié”, en passant par “Idoles”, “Mbetel, “Nafi” sans oublier “Wiri Wiri”, les séries inondent nos écrans. Dans le cadre de ses reportages sociétaux, “SourceA” s’est intéressé à ce nouveau phénomène, afin de savoir ce qui attire les hommes vers ces séries. L’occasion de s’intéresser aux séries sénégalaises qui ont su se faire leur place en moins de 5 ans.


Assis sur son canapé, télécommande à la main, Sidy Touré est père de famille de quatre enfants. Dans son salon, on trouve sa femme Diarry, sa belle-sœur Penda et sa mère en train de regarder “Katalina”, une série télénovelas.

Interpellé sur la question, le père de famille, très souriant, cherche les mots. “J’ai toujours aimé les feuilletons, depuis “Rosa”. Malheureusement, il se trouve que je n’ai plus de temps pour les regarder, mais on est samedi, je ne vais pas au boulot, je peux me permettre de la regarder”.

Dans cette maison nichée aux Maristes, presque tout le monde regarde cette série, à part Assane, le jeune frère, un garçon âgé de 18 ans. Apparues dans les années 1950, les télénovelas sont des feuilletons télévisés produits essentiellement dans les pays d’Amérique latine. Ces feuilletons, qui s’articulent, généralement, autour de liaisons amoureuses complexes, sont diffusés, du lundi au vendredi, et destinées essentiellement aux femmes. Elles sont un mélange de drame et de romance pimentés par d’innombrables rebondissements.

Ainsi, il convient de signaler que, chaque année, plus de 500 télénovelas sont produits pour une audience de 2 milliards de personnes, selon les sondages de Canal. Elles sont tellement ancrées dans le quotidien de la plupart des Sénégalaises que certaines n’hésitent pas à zapper leur occupation habituelle. “Ma belle-fille est scotchée à la télévision, toute la journée, elle regarde toutes les séries et même leurs rediffusions, à cause d’elles, elle peut omettre la prière et préparer le diner, très tard”, lâche-t-elle.

Face à ce constat, on assiste à la naissance de nouvelles chaînes dédiées, exclusivement, à ces séries, grâce à la forte demande, qui ne cesse d’accroître. C’est l’exemple de Novelas Tv, une chaine commercialisée par le Groupe Canal+ et entièrement dédiée à ce ce genre filmique. Elle est le première à dépasser les 10% de parts d’audience sur l’univers panafricain, selon la dernière étude Africascope.

Ibrahima, 25 ans : “C’est le cas d’Ibrahima, 25 ans. “Personnellement, au début, je n’étais pas fan de ces séries, mais puisque ma femme n’en rate pas un épisode et à force de m’inciter à les regarder, en me racontant histoire par histoire, j’ai fini par m’y accrocher sans le vouloir”

On peut se demander ce qui est à l’origine de cet intérêt que le public masculin porte à Novelas Tv. Moussa, père de famille, nous donne son avis : “moi, j’avoue que je regarde les séries novelas et il n’est, nulle part, écrit que c’est fait que pour les femmes. Ces séries sont pour moi un passe -temps. Moi, je suis commerçant, j’ai souvent du temps libre, je les regarde, car les histoires racontées sont assez fascinantes”, nous dit-il, avec le sourire.

Pourtant, le cas de Moussa est assez commun, plusieurs chefs de familles regardent ces séries. Certains, pour justifier le fait qu’ils soient accros à ces séries, invoquent l’argument, selon lequel, on les a forcés à s’habituer aux Télénovelas. C’est le cas d’Ibrahima, 35 ans. “Personnellement, au début, je n’étais pas fan de ces séries, mais comme ma femme n’en rate pas un épisode et à force de m’inciter à les regarder, en me racontant histoire par histoire, j’ai fini par m’y accrocher sans le vouloir. Et même si, elles se ressemblent toutes et que l’on connaît à l’avance comment va se terminer la série, ce qui est intéressant, c’est que ni les personnages ni les histoires n'ont pas exactement les mêmes messages. Et ces messages nous interpellent tous”, précise-t-il.

Publicitaires et annonceurs ont vu a travers ces séries un impact incontestable pour vendre leurs produits

Les producteurs sénégalais ont voulu mettre la main à la pâte, en proposant aux Sénégalais des séries made in Sénégal. En ce sens, on voit l’apparition de “Un café avec” en 2016, qui a ouvert la porte à plus d’une vingtaine d’autres.

Ainsi, s’appuyant sur l’intérêt pour les séries, les maisons de production se multiplient, de jour en jour . Soleil levant, Marodi Tv, Pikini production, Ok Africa, entre autres. Face à ce constat, les publicitaires et annonceurs ont parfaitement cerné l’impact incontestable de ces séries, et ils ont bien mesuré l’opportunité à saisir. C’est la raison pour laquelle, ils n’hésitent pas à utiliser les séries comme vitrines pour faire vendre leurs produits.

Ayant comme principale cible les femmes, des publicités de produits cosmétiques, d’habillements et de denrées alimentaires sont les plus exposés. "Cependant, à force de vouloir vendre leurs produits, la publicité se fait n’importe comment", nous dit Khady Diop. “Je suis persuadée que la publicité à son importance. Mais, tout abus est nuisible ; la publicité se fait avant, pendant et après. Par exemple, dans la série “Pod et Marichou”, on peut voir plus de 20 publicités ; trop, c’en est trop.” Mais cela va au-delà. D’abord, le marché attire, de plus en plus d’hommes.

Ensuite, il y a une multitude de séries au Sénégal. Enfin, la course pour avoir des vues sur Youtube fait que la concurrence est assez rude. Ainsi, certains producteurs, dans l’objectif de se distinguer les uns des autres, ont tendance à se détacher de la réalité sénégalaise, selon Fatima Ndiaye, femme âgée de 45 ans.”Ce que l’on voit dans certaines séries est tout sauf notre culture, les scènes sont choquantes et les acteurs impudiques”, dit-elle.

Son avis est partagé par l’Ong “Jamra” qui a eu un différend avec la série “Maîtresse d’un homme marié”. En effet, après avoir visualisé les images, le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra) a constaté qu’il y a des propos, comportements et images jugés choquants, indécents, obscènes ou injurieux, ainsi que des scènes de grande violence, susceptibles de nuire à la préservation des identités culturelles.

Ainsi, le Cnra, pour mener à bien sa mission de veille au respect des dispositions de la loi n 2006-04 du 04 janvier 2006 et de celles du cahier des charges applicables aux télévisions privées, a permis la diffusion du téléfilm à condition d’apporter les mesures correctives.

Les séries se bousculent, mais, au fil des années, certaines ne parviennent même pas à faire plus de deux saisons. Parfois, par absence de qualité et non adhésion sociale. Mais pour les plus chanceux, la série est achetée par Canal, c’est l’exemple de “Que Mosy”, “Dinama nekh”.

Toutefois, qu’on soit homme ou femme, les séries sont de véritables moyens de divertissement et d’évasion dans un pays où les nerfs sont souvent tendus.






(Avec SourceA)