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Irrecevabilité de certaines listes de l’opposition: Entre inexpérience et coups bas, le rôle crucial des autorités territoriales

La période de dépôt des listes de candidatures pour les élections départementales et municipales a pris fin, ce 4 novembre 2021. Dans certaines collectivités importantes, des listes d’opposants ont été déclarées irrecevables. En attendant des compléments de dossiers ou le dépôt de recours, focus sur quelques manquements de nouveaux opposants et la nécessité d’une application bienveillante de la loi pour apaiser les tensions.


Rédigé par leral.net le Lundi 8 Novembre 2021 à 09:31 | | 0 commentaire(s)|

Irrecevabilité de certaines listes de l’opposition: Entre inexpérience et coups bas, le rôle crucial des autorités territoriales
Après la période de contentieux des inscriptions sur les listes électorales, vient celle de dépôt des listes des candidats aux élections départementales et municipales du 23 janvier 2022.

Durant deux semaines, du 23 octobre au 4 novembre 2021, les partis politiques, coalitions et candidats indépendants ont confectionné, souvent avec beaucoup de tractations, leurs listes à déposer dans les départements et communes que compte le pays. Dorénavant, la balle est dans le camp des autorités territoriales chargées de traiter les dossiers reçus. Le moins que l’on puisse dire est que la tension monte déjà sur quelques points importants où des listes ont été rejetées.

La plus inattendue est arrivée dans la soirée d’hier, livrée par le site Dakaractu. La liste de la Coalition Gueum Sa Bopp, pour la Ville de Dakar, a été rejetée par les autorités chargées de la validation des dossiers. Jugée incomplète, le nombre de suppléants de la liste proportionnelle n’a pas été accepté. Un autre couac pour Bougane Gueye Dany sur la route vers les élections locales, après qu’il ait été rapporté que le mandataire de la coalition à Mbour, s’est évanoui dans la nature avec les listes.

Dans la même commune, une autre coalition de l’opposition a vécu la même mésaventure, avec un scénario différent. Yewwi Askan Wi n’a simplement pas déposé ses listes.

Dans un communiqué publié hier par Pastef-Mbour, « la coalition Yewwi Askan Wi de Mbour informe l'opinion des agissements peu orthodoxes du préfet du département de Mbour, à l'occasion des dépôts des listes en vue des élections locales de janvier 2022. En effet, le préfet dit, c'est le comble pour un représentant de l'Etat, à notre mandataire qu'il refuse de prendre notre liste sans lui notifier les raisons objectives ». Le document rapporte également que le parti est prêt à saisir « les juridictions compétentes et (à prendre) toutes nos responsabilités pour que le droit soit dit ».

Le préfet de Mbour : « Le mandataire a présenté un dossier largement incomplet »

D’ailleurs, le mis en cause n’a pas tardé à apporter la réplique à ses accusateurs. En effet, selon Mamadou Lamine Mané, préfet de Mbour, « le mandataire (de la coalition Yewwi Askan Wi) a présenté un dossier largement incomplet. Il a préféré désister et repartir sans déposer », non sans préciser qu’« aucun huissier ne s’est présenté à nous pour constater quoi que ce soit », comme l’a assuré l’autre camp.

A Saint-Louis, c’est dans le département que les listes des coalitions Gueum Sa Bopp et Yewwi Askan Wi ont été déclarées irrecevables. Pour la liste de la coalition du leader de D-média dont le mandataire est Ameth Fall, le rejet est motivé par une « liste incomplète et pas renseignée (26 sur 27 titulaires sur la liste du scrutin majoritaire)». Quant à Yewwi Askan Wi, la commission de réception des dossiers de déclaration de candidature lui reproche une liste incomplète (22 sur 27 Titulaires sur la liste du scrutin majoritaire). Le mandataire était Malick Diop.

Ces différends montrent principalement deux choses : la complexité de la nature des élections départementales et municipales, dans un contexte marqué par une grande reconfiguration des forces en présence dans l’opposition politique et le manque d’expérience des nouveaux arrivants ; et le rôle primordial que joue l’administration territoriale dans ces joutes de représentativités locales.

Le rôle crucial de l’administration territoriale

Il est aussi important de remarquer que les listes déclarées irrecevables, concernent principalement des formations de l’opposition. Le parti Pastef-Les Patriotes, membre fondateur et une des principales formations politiques de la coalition Yewwi Askan Wi, de même que Gueum Sa Bopp, structure phare de la coalition du même nom, sont des novices dans la participation à des élections territoriales. Si Ousmane Sonko et Bougane Gueye, les leaders respectifs de ces partis, ont déjà une expérience d’élections présidentielles, avec des fortunes diverses, leur entrée en politique survient après les dernières Locales organisées en 2014. D’où la pertinence de s’allier avec des partis et hommes politiques rompus aux pratiques politiciennes.

Force est de constater que cette stratégie ne marche pas dans quelques localités importantes. Pour la Ville de Dakar, l’on ne comprend pas comment le maire de Médina, mandataire de la coalition Gueum Sa Bopp, a pu passer à côté d’une liste de suppléants incomplets. Avec toute son expérience politique au sein du Parti socialiste, Bamba Fall n’est pas né de la dernière pluie. Toutefois, l’irrecevabilité ne concerne que la Ville de Dakar où Bougane Gueye est candidat.

Inexpérience des nouveaux opposants ?

Pourrait-on aller dans le même sens pour la coalition Yewwi Askan Wi ? A Matam, le mandataire a rejoint la coalition au pouvoir au dernier moment, avec la liste opposante. A Saint-Louis, l’on attend de voir sur quel terrain le différend va se poursuivre. A Mbour, une bataille est déjà enclenchée et promet de se poursuivre dans le cadre judiciaire.

C’est ainsi que le travail de l’administration territoriale va être primordial dans le déroulement des élections Locales, d’amont en aval. Après la clôture des dépôts de listes des candidatures, les préfets et sous-préfets disposent d’une dizaine de jours au maximum, pour afficher les listes des candidats retenus pour participer aux élections départementales et municipales du 23 janvier 2022. Leurs décisions devront être impartiales, face au climat de suspicion qui règne au sein de l’opposition.






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