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Journée du sommeil: pourquoi vous ne devriez pas prendre à la légère le sommeil que vous avez à rattraper

Rédigé par leral.net le Vendredi 17 Mars 2017 à 20:20 | | 0 commentaire(s)|

Enfant, adolescent ou adulte, court dormeur ou long dormeur, du matin ou du soir, nous n'avons pas tous le même besoin de sommeil.


Pour tous, la somnolence diurne n'est pas anodine. Elle est associée à un risque accidentel accru: accidents de la route, bien sûr, mais également accidents du travail ou accidents domestiques. A long terme, la "dette de sommeil" qui s'accumule de nuit en nuit, et qui s'observe dans tous les pays industrialisés, a un réel impact sur la santé.

Elle favorise l'hypertension artérielle et les maladies cardiovasculaires, les maladies inflammatoires, l'obésité et le diabète de type 2. Elle affaiblit les défenses immunitaires et aggrave les conséquences des maladies chroniques comme les maladies respiratoires. Enfin, elle favorise de développement des troubles de l'humeur.
 

Que faire pour éviter la dette de sommeil et préserver ainsi sa santé? Tout d'abord savoir quel est son besoin de sommeil, caractéristique individuelle et génétiquement déterminée. Le sommeil dont on a besoin est celui par lequel on se sent dans la meilleure forme possible pendant la journée, en dehors de circonstances particulières comme la maladie par exemple. On peut considérer que c'est le sommeil qu'on s'alloue chacun le week-end ou en dehors de toute contrainte horaire. Alors, pour venir à bout de son manque chronique de sommeil, il faudrait dormir plus pendant la semaine, en se fixant comme objectif son temps de sommeil les nuits de week-end...

 

Comment procéder? C'est autour de cette question de santé publique que l'Institut National du Sommeil et de la Vigilance se positionne chaque année pour examiner les habitudes des Français vis-à-vis de leur sommeil. Et les aider, à partir du thème de l'année, à trouver les meilleures conditions pour le déroulement d'un bon sommeil.

Dormir seul ou pas? L'impact du "co-sleeping" sur le sommeil est multifactoriel. Pour les 50% de Français qui dorment avec un autre adulte, il est perçu comme positif car rassurant, source de confort et de plaisir, mais aussi comme gênant du fait des mouvements du co-dormeur (on effectue, tout en dormant, 40 à 60 mouvements par nuit) ou du bruit de sa respiration voire de ses ronflements (35% des Français ronflent). S'il y a gêne, la perturbation entraîne une insuffisance de sommeil, en qualité et/ou en durée, qui aura un effet délétère sur la santé. Il est donc recommandé d'en parler ensemble et de trouver une solution qui préserve à la fois le sommeil et la bonne relation du couple.


Dormir avec son enfant. Un quart des parents le font, mais occasionnellement. Il s'agit surtout d'enfants de 2 à 5 ans, voire au-delà, parce qu'ils le demandent ou qu'ils pleurent, parfois aussi pour des raisons médicales. Le mieux est de faire en sorte que l'enfant s'endorme et se ré-endorme dans son lit et non pas dans celui de ses parents, afin qu'il puisse acquérir une autonomie de sommeil. Quant au bébé, dans la chambre parentale ou dans la sienne, il doit avoir son propre lit. En effet, faire dormir le bébé dans le même lit qu'un adulte est associé à un risque accru de mort subite du nourrisson.

Enfin, parmi la moitié des Français qui ont un animal domestique à la maison, 25% dorment avec lui. Ou plutôt lui donnent libre accès à la chambre. L'animal va et vient selon son propre rythme éveil/sommeil, différent de celui des humains. Il peut donc alléger ou perturber le sommeil.

Enfant, adolescent ou adulte, court dormeur ou long dormeur, du matin ou du soir, nous n'avons pas tous le même besoin de sommeil. Ne pas respecter ce besoin nous expose, à la longue, à des risques pour la santé qui sont avérés. Et notre environnement sociétal nous y incite de multiples façons, notamment par l'envahissement des écrans dans notre univers, jour et nuit!

C'est pourquoi il faut une prise de conscience, tant individuelle que collective, de ce véritable enjeu de santé publique qu'est le sommeil afin de pouvoir mettre en place des solutions adaptées pour chacun.

Joëlle Adrien, Neurobiologiste, directeur de Recherche à l'Inserm, Présidente de l'Institut National du Sommeil et de la Vigilance